Prix littéraire Le Monde
Prix littéraire Le Monde 2024
L'agrafe Maryline Desbiolles
Emma Fulconis : on ne voit qu’elle à L’Escarène, dans cet arrière-pays niçois où elle est née. Prompte, virevoltante, rebelle à tout, sauf au vent, elle a toujours galopé dans les collines. Enfant déjà, on la surnommait « l’athlète ». Se moquant bien des compétitions, Emma « ne court pas relativement, mais absolument ». Mais un jour, sa vie bascule : son ami Stéphane Goiran, avec qui parfois elle écoute un peu de musique lors d’une halte, l’invite chez lui. Là, à peine la porte franchie, un chien énorme se jette sur elle, et lui lacère la jambe, ou plus exactement le péroné, également appelé « l’agrafe ». S’ensuivent des mois d’hôpital et de rééducation, à l’issue desquels il est clair qu’Emma ne détalera plus jamais à toute allure. Mais l’accident ne l’arrête pas dans son élan. Hantée par la phrase du père Goiran expliquant pourquoi il n’a pas retenu son molosse – « Mon chien n’aime pas les Arabes –, elle tente de comprendre ce qu’elle sait déjà, mais dont on ne parle pas. Tenace, elle va surtout trouver en elle la ressource d’un nouveau mouvement, un tremblement d’abord, une oscillation, presque une danse immobile.Il fallait le talent de Maryline Desbiolles, convoquant la parole des villageois comme un chœur antique, pour nous mener, au rythme même de la course empêchée d’Emma, sur le chemin d’une aveuglante réalité : celle d’un pays où les blessures de la guerre d’Algérie sont tapies dans les mémoires. Pour autant, même boiteuse, exhibant crânement sa cicatrice, jamais Emma Fulconis ne cessera d’aller de l’avant, exerçant sur nous, de son invraisemblable grâce, un charme puissant.
Prix littéraire Le Monde 2024Prix littéraire Le Monde 2023
Triste tigre Neige Sinno
« Il disait qu’il m’aimait. Il disait que c’est pour pouvoir exprimer cet amour qu’il me faisait ce qu’il me faisait, il disait que son souhait le plus cher était que je l’aime en retour. Il disait que s’il avait commencé à s’approcher de moi de cette manière, à me toucher, me caresser c’est parce qu’il avait besoin d’un contact plus étroit avec moi, parce que je refusais de me montrer douce, parce que je ne lui disais pas que je l’aimais. Ensuite, il me punissait de mon indifférence à son égard par des actes sexuels. »N.S.Entre 7 et 14 ans, la petite Neige est violée régulièrement par son beau-père. La famille recomposée vit dans les Alpes, dans les années 90, et mène une vie de bohème un peu marginale. En 2000, Neige et sa mère portent plainte et l’homme est condamné, au terme d’un procès, à neuf ans de réclusion. Des années plus tard, Neige Sinno livre un récit déchirant sur ce qui lui est arrivé. Sans pathos, sans plainte. Elle tente de dégoupiller littéralement ce qu’elle appelle sa « petite bombe ». Il ne s’agit pas seulement de l’histoire glaçante que le texte raconte, son histoire, une enfant soumise à des viols systématiques par un adulte qui aurait dû la protéger. Il s’agit aussi de la manière dont fonctionne ce texte, qui nous entraîne dans une réflexion sensible, intelligente, et d’une sincérité tranchante. Ce livre est un récit confession qui porte autant sur les faits et leur impossible explication que sur la possibilité de les dire, de les entendre. C’est une exploration autant sur le pouvoir que sur l’impuissance de la littérature. Pour se raconter, la narratrice doit interroger d’autres textes, d’autres histoires. Elle nous entraîne dans une relecture radicale de Lolita de Nabokov, ou de Virginia Woolf, et de nombreux autres textes sur l’inceste et le viol (Toni Morrison, Christine Angot, Virginie Despentes). Comment raconter le « monstre », « ce qui se passe dans la tête du bourreau », ne pas se contenter du point de vue de la victime ? Jusqu’à reprendre la question que le poète William Blake adressait au Tigre : « Comment Celui qui créa l’Agneau a-t-il pu te créer ? » (The Tyger). Le récit de Neige Sinno nous fait alors entrer dans la communauté de celles et ceux qui ont connu « l’autre lieu », celui de la nuit et du mal, qui ont pu s’en extraire mais qui en sont à jamais marqués, et se tiennent ainsi à la frontière des ténèbres et du jour. Nulle résilience. Aucun oubli ni pardon. Juste tenter de tenir debout, écrire son récit comme une « petite bombe artisanale qu’on fait exploser tout seul chez soi, dans l’intimité de la lecture. Elle a l’intensité et la fragilité des choses conçues dans la solitude et la colère. Elle en a aussi la folle et ridicule ambition, qui est de faire voler ce monde en éclats. »
Prix Goncourt des lycéens 2023Prix Femina 2023Prix littéraire Le Monde 2023Prix littéraire Le Monde 2022
Attaquer la terre et le soleil Mathieu Belezi
Un roman magistral qui incarne la folie et l'enfer de la colonisation de l'Algérie au 19e siècle.Attaquer la terre et le soleil narre, à travers les voix d'une femme et d'un soldat, le destin de colons pris dans l'enfer oublié de la colonisation algérienne du XIXe siècle. En un bref roman, c'est toute l'expérience d'un écrivain qui subitement se cristallise et bouleverse, une voix hantée par Faulkner qui se donne. Depuis plus de vingt ans, Mathieu Belezi construit une œuvre romanesque d'une cohérence étonnante, à la phrase ciselée. La musicalité qui frappe dès le début du roman fait écho au Petit Roi, son premier roman (Phébus, 1998). Quant à son thème, il renvoie à sa grande trilogie algérienne : C'était notre terre (Albin Michel, 2008) Les vieux Fous et Un faux pas dans la vie d'Emma Picard (Flammarion, 2011 et 2015), dont le Tripode entreprend actuellement la réédition intégrale. Mathieu Belezi est un écrivain obsédé par l'Algérie, sa colonisation, sa guerre, l'absurdité de son système colonial. Est-ce la constance de ce parcours qui explique la fulgurance de ce roman ? Attaquer la terre et le soleil dit en tout cas avec une beauté tragique, la folie, l'enfer que fut cette colonisation.
Prix du livre Inter 2023Prix littéraire Le Monde 2022Prix littéraire Le Monde 2021
Jacqueline Jacqueline Jean-Claude Grumberg
C’est durant la réception internationale de La Plus Précieuse des marchandises que Jean-Claude Grumberg perd Jacqueline, son épouse. Depuis, jour et nuit, il tente de lui dire tout ce qu’il n’a pas pu ou pas osé lui dire. Sans se protéger, ni rejeter ce qu’il ne peut ni ne veut comprendre, il dialogue avec la disparue. Incrédulité, révolte, colère se succèdent. Grumberg refuse de se raisonner, de brider son deuil. Les jeux de mots, l’humour, l’ironie, l’autodérision n’y change t rien. Jean-Claude Grumberg fait son livre «pour et avec» Jacqueline, exaltant l’amour et l’intimité de la vie d’un couple uni pendant soixante ans.
Prix littéraire Le Monde 2021Prix littéraire Le Monde 2020
Elle a menti pour les ailes Francesca Serra
Année scolaire 2015-2016, une station balnéaire dans le sud-est de la France. Un concours de mannequins annonce une étape de sa tournée régionale dans cette ville qui ne s'anime d'ordinaire qu'à l'arrivée des touristes en été. Au lycée, Garance Sollogoub, la fille de la professeure de danse, est d'ores et déjà donnée favorite. Son étonnante beauté attire l'attention d'un cercle d'élèves plus âgés, les plus populaires - que Garance, adolescente sans histoire, a toujours vénérés sur les réseaux sociaux. Pour être des leurs, elle va devoir consentir à quelques sacrifices. En échange, ils vont l'initier aux secrets et à la férocité de la meute. Quelques mois plus tard, Garance disparaît.
Prix littéraire Le Monde 2020Prix littéraire Le Monde 2019
Une bête au Paradis Cécile Coulon
La vie d'Émilienne, c'est le Paradis. Cette ferme isolée, au bout d'un chemin sinueux. C'est là qu'elle élève seule, avec pour uniques ressources son courage et sa terre, ses deux petits-enfants, Blanche et Gabriel. Les saisons se suivent, ils grandissent. Jusqu'à ce que l'adolescence arrive et, avec elle, le premier amour de Blanche, celui qui dévaste tout sur son passage. Il s'appelle Alexandre. Leur couple se forge. Mais la passion que Blanche voue au Paradis la domine tout entière, quand Alexandre, dévoré par son ambition, veut partir en ville, réussir. Alors leurs mondes se déchirent. Et vient la vengeance. Une bête au Paradis est l’histoire d'une lignée de femmes possédées par leur terre. Un huis clos fiévreux hanté par la folie, le désir et la liberté. Un roman âpre et combattant. On en sort rompu et nourri d’une indiscutable et mystérieuse énergie.
Prix littéraire Le Monde 2019Prix littéraire Le Monde 2018
À son image Jérôme Ferrari
Par une soirée d’août, Antonia, flânant sur le port de Calvi après un samedi passé à immortaliser les festivités d’un mariage sous l’objectif de son appareil photo, croise un groupe de légionnaires parmi lesquels elle reconnaît Dragan, jadis rencontré pendant la guerre en ex-Yougoslavie. Après des heures d’ardente conversation, la jeune femme, bien qu’épuisée, décide de rejoindre le sud de l’île, où elle réside. Une embardée précipite sa voiture dans un ravin : elle est tuée sur le coup. L’office funèbre de la défunte sera célébré par un prêtre qui n’est autre que son oncle et parrain, lequel, pour faire rempart à son infinie tristesse, s’est promis de s’en tenir strictement aux règles édictées par la liturgie. Mais, dans la fournaise de la petite église, les images déferlent de toutes les mémoires, reconstituant la trajectoire de l’adolescente qui s’est rêvée en photographe, de la jeune fille qui, au milieu des années 1980, s’est jetée dans les bras d’un trop séduisant militant nationaliste avant de se résoudre à travailler pour un quotidien local où le “reportage photographique” ne semblait obéir à d’autres fins que celles de perpétuer une collectivité insulaire mise à mal par les luttes sanglantes entre clans nationalistes. C’est lasse de cette vie qu’Antonia, succombant à la tentation de s’inventer une vocation, décide, en 1991, de partir pour l’ex-Yougoslavie, attirée, comme tant d’autres avant elle, dans le champ magnétique de la guerre, cet irreprésentable. De l’échec de l’individu à l’examen douloureux des apories de toute représentation, Jérôme Ferrari explore, avec ce roman bouleversant d’humanité, les liens ambigus qu’entretiennent l’image, la photographie, le réel et la mort.
Prix littéraire Le Monde 2018Prix littéraire Le Monde 2017
L'art de perdre Alice Zeniter
L'Algérie dont est originaire sa famille n'a longtemps été pour Naïma qu'une toile de fond sans grand intérêt. Pourtant, dans une société française traversée par les questions identitaires, tout semble vouloir la renvoyer à ses origines. Mais quel lien pourrait-elle avoir avec une histoire familiale qui jamais ne lui a été racontée ? Son grand-père Ali, un montagnard kabyle, est mort avant qu'elle ait pu lui demander pourquoi l'Histoire avait fait de lui un "harki". Yema, sa grand-mère, pourrait peut-être répondre mais pas dans une langue que Naïma comprenne. Quant à Hamid, son père, arrivé en France à l'été 1962 dans les camps de transit hâtivement mis en place, il ne parle plus de l'Algérie de son enfance. Comment faire ressurgir un pays du silence ?
Prix littéraire Le Monde 2017Ce livre est recommandé par : Mehdi Berrada
Ce livre est mentionné dans :
Prix littéraire Le Monde 2016
Laëtitia Ou la fin des hommes Ivan Jablonka
Laëtitia Perrais avait 18 ans et la vie devant elle. Dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011, elle a été enlevée. Puis tuée. Par la vague d’émotion sans précédent qu’il a soulevée, ce fait divers est devenu une affaire d’État. À travers cette enquête de vie, Ivan Jablonka rend Laëtitia à elle-même. À sa liberté et à sa dignité. Ivan Jablonka est historien et écrivain. Il a publié au Seuil, dans « La Librairie du XXIe siècle », Histoire des grands-parents que je n’ai pas eus (2012) et L’histoire est une littérature contemporaine (2014).
Prix littéraire Le Monde 2016Prix Médicis 2016Prix littéraire Le Monde 2015
Ce cœur changeant Agnès Desarthe
Rose a vingt ans quand elle débarque à Paris. Sans le sou, des idéaux romanesques plein la tête, elle cherche sa place dans le monde. D’aventures en mésaventures, la jeune fille connaît la misère et l’opulence, la guerre et la vie de bohème, l’amour et la chute. Vivant à contre-courant, sans vraiment savoir ce qu’elle veut ni où elle va, Rose suit les mouvements de son cœur. Au risque de tomber. Agnès Desarthe est née en 1966 à Paris. Romancière largement primée, elle a notamment reçu le prix du Livre Inter 1996 pour Un secret sans importance et le prix Renaudot des lycéens 2010 pour Dans la nuit brune.
Prix littéraire Le Monde 2015Prix littéraire Le Monde 2014
Le Royaume Emmanuel Carrère
"A un moment de ma vie, j'ai été chrétien. Cela a duré trois ans. C'est passé. Affaire classée, alors ? Il faut qu'elle ne le soit pas tout à fait pour que, vingt ans plus tard, j'aie éprouvé le besoin d'y revenir. Ces chemins du Nouveau Testament que j'ai autrefois parcourus en croyant, je les parcours aujourd'hui - en romancier ? en historien ? Disons en enquêteur".
Prix littéraire Le Monde 2014Prix littéraire Le Monde 2013
Heureux les heureux Yasmina Reza
"J'ai commencé à éprouver un sentiment, je veux dire un vrai, à ce moment-là. En sortant de la voiture, à Wandermines, sous la pluie. On ne parle pas assez de l'influence des lieux sur l'affect. Certaines nostalgies remontent à la surface sans prévenir. Les êtres changent de nature, comme dans les contes. Au milieu de cette confrérie en habits du dimanche, se pressant vers la mairie pour échapper aux gouttes, tenant le bras d'Odile pour l'aider sur le parvis glissant, j'ai éprouvé la catastrophe du sentiment". Glissant de la mélancolie à l'humour, Yasmina Reza dessine avec Heureux les heureux une constellation moderne de personnages confrontés à l'impasse sentimentale.
Prix littéraire Le Monde 2013Prix littéraires par année
Prix littéraires 2025Prix littéraires 2024Prix littéraires 2023Prix littéraires 2022Prix littéraires 2021Prix littéraires 2020Prix littéraires 2019Prix littéraires 2018Prix littéraires 2017Prix littéraires 2016Prix littéraires 2015Prix littéraires 2014Prix littéraires 2013Prix littéraires
Prix GoncourtPrix Goncourt des lycéensGoncourt du premier romanGoncourt de la nouvellePrix RenaudotPrix Renaudot des lycéensPrix FeminaPrix DécembrePrix première plumePrix MédicisPrix de FlorePrix InteralliéPrix de l'Académie françaiseGrand prix des lectrices de Elle - Non fictionGrand prix des lectrices de Elle - PolicierGrand prix des lectrices de Elle - FictionPrix du livre InterPrix Maison de la pressePrix des librairesPrix des libraires - EtrangerPrix RTL - LirePrix Essai France TélévisionsPrix littéraire du Nouvel ObsPrix littéraire Le MondePrix Jean GionoPrix du roman des étudiants France Culture - TéléramaPrix du roman FNACPrix Wepler - Fondation La PostePrix du premier roman françaisPrix du premier roman étrangerS'abonner à la newsletter
Inscrivez-vous pour recevoir les derniers livres ajoutés sur le site une fois par semaine