Livres recommandés par Rebecca Manzoni
Patronyme Vanessa Springora
Attendue sur le plateau de La Grande Librairie pour parler de son livre, Le Consentement, l’autrice est appelée par la police pour venir reconnaître le corps sans vie de son père, qu’elle n’a pas revu depuis dix ans. Dans l’appartement de banlieue parisienne où il vivait, et qui fut jadis celui de ses grands-parents, elle est confrontée à la matérialisation de la folie de cet homme toxique, mythomane et misanthrope, devenu pour elle un étranger. Tandis qu’elle s’interroge, tout en vidant les lieux, sur sa personnalité énigmatique, elle tombe avec effroi sur deux photos de jeunesse de son grand-père paternel, portant les insignes nazis. La version familiale d’un citoyen tchèque enrôlé de force dans l’armée allemande après l’invasion de son pays par le Reich, puis déserteur caché en France par celle qui allait devenir sa femme, et travaillant pour les Américains à la Libération avant de devenir « réfugié privilégié » en tant que dissident du régime communiste, serait-elle mensongère ?
C’est le début d’une traque obsessionnelle pour comprendre qui était ce grand-père dont elle porte le nom d’emprunt, quelle était sa véritable identité, et de quelle manière il a pu, ou non, « consentir », voire collaborer activement, à la barbarie. Au fil de recherches qui s’étendront sur deux années, s’appuyant sur les documents familiaux et les archives tchèques, allemandes et françaises, elle part en quête de témoins, qu’elle retrouvera en Moravie, pour recomposer le puzzle d’un itinéraire plausible, auquel il manquera toujours des pièces. Comment en serait-il autrement dans une Tchécoslovaquie qui a changé cinq fois de frontières, de nationalité, de régime, prise en tenaille entre les deux totalitarismes du XXème siècle ? À travers le parcours accidenté d’un jeune homme pris dans la tourmente de l’Histoire, c’est toute la tragédie du XXème siècle qui ressurgit, au moment où la guerre qui fait rage sur notre continent ravive à la fois la mémoire du passé et la crainte d’un avenir de sauvagerie.
Dans ce texte kaléidoscopique, alternant fiction et analyse, récit de voyage, légendes familiales, versions alternatives et compagnonnage avec Kafka, Gombrowicz, Zweig et Kundera, Vanessa Springora questionne le roman de ses origines, les péripéties de son nom de famille et la mythologie des figures masculines de son enfance, dans une tentative d’élucidation de leurs destins contrariés. Éclairant l’existence de son père, et la sienne, à l’aune de ses découvertes, elle livre une réflexion sur le caractère implacable de la généalogie et la puissance dévastatrice du non-dit.
Augustin Trapenard : Cinq ans après la déflagration, près d'un demi-million d'exemplaires de son premier livre, Le consentement, récit de l'emprise exercé sur elle par l'écrivain Gabriel Matzneff et dont les répercussions se lisent aujourd'hui jusque dans la loi. Vanessa Springora fait événement avec Patronyme. Elle y explore ce qui se cache derrière son nom dans une enquête édifiante sur son père et sur son grand-père, que reçoit-on en héritage, qu'on le veuille ou non.
Recommandé par : Rebecca Manzoni (et aussi par Augustin Trapenard)
La Cité aux murs incertains Haruki Murakami
Le retour de l'auteur japonais le plus lu en France. Parution le 2 janvier 2025 Evènement !!! Le grand retour du maître Murakami pour un roman éblouissant, dans la lignée de ses grandes œuvres – Kafka sur le rivage ou 1Q84 – et sept ans après son dernier roman – Le Meurtre du commandeur. Tu dis : " La Cité est entourée de hauts murs et il est très difficile d'y pénétrer. Mais encore plus difficile d'en sortir.- Comment pourrais-je y entrer, alors ?- Il suffit que tu le désires "La jeune fille a parlé de la Cité à son amoureux. Elle lui a dit qu'il ne pourrait s'y rendre que s'il voulait connaître son vrai moi. Et puis la jeune fille a disparu. Alors l'amoureux est parti à sa recherche dans la Cité. Comme tous les habitants, il a perdu son ombre. Il est devenu liseur de rêves dans une bibliothèque. Il n'a pas trouvé la jeune fille. Mais il n'a jamais cessé de la chercher... Avec son nouveau roman si attendu, le Maître nous livre une œuvre empreinte d'une poésie sublime, une histoire d'amour mélancolique entre deux êtres en quête d'absolu, une ode aux livres et à leurs gardiens, une parabole puissante sur l'étrangeté de notre époque. Traduit du japonais par Hélène Morita. Un nouveau roman dans la lignée des grands succès d'Haruki Murakami, Kafka sur le rivage, 1Q84,La Course au mouton sauvage, Au sud de la frontière à l'ouest du soleil, Le Meurtre du commandeur, Des hommes sans femmes, L'Incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage, Abandonner un chat, Première personne du singulier ou encore La Ballade de l'impossible.
Recommandé par : Rebecca Manzoni
Bristol Jean Echenoz
- Alors qu'est-ce que vous faites dans la région, dites-moi un peu, s'inquiète le commandant Parker.- Disons que c'est pour un film que je suis en train de tourner, indique Robert. Comme vous voyez.- On ne m'en avait pas averti, regrette le commandant, mais voilà qui m'intéresse beaucoup. Et quel genre de film, au juste ?- Toujours pareil, expose Robert, l'amour et l'aventure. Avec l'Afrique et ses mystères, vous voyez le genre. - Ah oui, soupire le commandant Parker, je vois en effet très bien le genre. Et pour votre histoire d'amour, vous avez pris quelle actrice ? - Céleste, dit Robert.
Recommandé par : Rebecca Manzoni
Les gestes Amanda Sthers
« Il y a évidemment des secrets derrière ses secrets, des moments de mystère, de tristesse et de joie dans l’ombre des silences que certains entendront. Il est possible que mes souvenirs aient leurs fantaisies, mais j’ai fait de mon mieux pour lui rendre justice, pour exprimer ce que mon père m’a raconté comme ce qu’il a tu, les gestes que je vais te transmettre et ceux qu’il n’a pas faits. »Alors que Marc s’apprête à adopter un enfant, son père meurt. Pour offrir à son fils un morceau de son histoire, il plonge dans la vie hors du commun d’Hippolyte, chauffeur de taxi exubérant devenu archéologue fantasque, et remonte aux histoires d’amour de ses parents et de ses grands-parents, procédant à une archéologie de l’intime.De l’Égypte à Paris en passant par la Grèce et l’Italie, Amanda Sthers compose une fresque familiale sur la transmission et l’origine, peuplée de personnages aux incroyables destins. Impossible de lâcher cette saga à l’écriture aussi poétique que ses héros.
Recommandé par : Rebecca Manzoni
L'hospitalité au démon Constantin Alexandrakis
Peu après la naissance de sa fille, "le Père" se voit rattrapé par des souvenirs d'attouchements subis dans l'enfance. Pour conjurer sa peur de la répétition, il ambitionne de cartographier le "Grand Continent des Violences Sexuelles". Cette traversée périlleuse, entre farce et cauchemar, durera six ans. Dans un Danemark imaginaire, Constantin Alexandrakis sonde d'une façon iconoclaste un ressenti masculin face aux " abus de position dominante ", sans se laisser réduire à un point de vue victimaire. Avoir le courage d'aller dans ce sens-là, du côté où il n'y a pas d'éclairage, du côté où on n'a pas trop envie de vous accompagner, qui peut l'avoir ? Qui peut l'avoir sinon les inconscients, les fous, les poètes, les braves. Puisqu'il s'agit de cela, braver, affronter les démons. Ceux du dehors et ceux du dedans.
Augustin Trapenard : Lui aussi interroge la manière dont les démons du passé ressurgissent lorsqu'on devient parent à son tour. Dans un deuxième ouvrage d'inspiration autobiographique virtuose et sans concession qui s'appelle L'hospitalité au démon, Constantin Alexandrakis se confronte aux abus qu'il a subis dans son enfance et conjure sa peur de la répétition.
Recommandé par : Rebecca Manzoni (et aussi par Augustin Trapenard)
Au-Dedans Will McPhail
Le premier roman graphique de Will McPhail dessinateur du New Yorker est un récit vivifiant et émouvant centré sur la personne de Nick, un jeune homme renfermé qui va lentement s'éveiller au monde.Nick est un jeune citadin, illustrateur, dont la vie oscille entre ses projets personnels et un travail alimentaire au sein d'une agence de publicité. Il prend la pose dans des cafés et des bars à bière artisanale, conscient que quelque chose manque à sa vie, et que ce quelque chose ce sont les autres et leurs mondes intimes. Bien plus qu'un critique ou un récit autobiographique simpliste de la vie d'un millénial parmi les millénials, cette tranche de la vie de Nick s'attarde sur le fossé qui nous sépare tous les uns des autres. Qu'il s'agisse du barista au coin de sa rue, des membres de sa famille ou de Wren, une oncologue dont le chemin croisera douloureusement le sien, Nick ne peut s'empêcher de penser qu'il existe un monde caché d'interaction humaine hors de sa portée. Nick s'ouvrira finalement aux autres au moment le plus tragique de sa jeune vie. Illustré à la fois en noir et blanc et en couleurs dans le style immédiatement reconnaissable de McPhail, " Au-dedans " est poignant autant que frais et hilarant. Ce dessinateur phare du New Yorker transmute ici le roman graphique avec une compassion déchirante, écho incarné de nos sociétés où flotte le spectre del'isolement.
Rebecca Manzoni : Un jeune new-yorkais célibataire, qui adore errer dans les cafés selon ses humeurs, qui fait des boulots alimentaires, regarde du porno, écoute Joni Mitchell et file un coup de main à sa mère qui retape un appartement. Ce garçon traverse l’existence dans une bulle, qui l’empêche et le protège de toutes sensations jusqu’à ce que la vie le rattrape. C’est un livre sur la justesse des émotions, sur le poids et la drôlerie du jeu social, tous les airs qu’on se donne selon les circonstances, dont la première nuit passée avec quelqu’un, racontée comme je ne l’avais jamais lue dans une bande dessinée. C’est un livre de gestes et de regards furtifs hyper précis avec des vignettes en noir et blanc très épurées ou de grands tableaux en couleur. Et il y a cette phrase simple d’un homme qui a perdu quelqu’un et qui dit : "ce n’est pas le manque le problème, c’est tout ce qui n’était pas encore arrivé que je regrette".
Recommandé par : Rebecca Manzoni
Aucun respect Emmanuelle Lambert
Une jeune femme idéaliste comme on peut l'être à vingt ans arrive à Paris à la fin des années 1990. On la suit dans sa découverte d'un milieu intellectuel qui a tout d'une caste d'hommes.Elle y rencontre l'écrivain Alain Robbe-Grillet, imposant « Pape du Nouveau Roman », et son épouse Catherine, maîtresse-star de cérémonies sadomasochistes. Ils incarnent une certaine idée de la littérature et de la liberté sexuelle. Toutes choses auxquelles l'héroïne s'affronte tant bien que mal.Raconté avec impertinence depuis aujourd’hui, son apprentissage, d’une drôlerie irrésistible, est un conte contemporain. Sa leçon est que la liberté s’exerce dans le jeu avec les autorités établies. Et sa morale, qu’il ne faut jamais sous-estimer les jeunes femmes.
Recommandé par : Rebecca Manzoni
Moi, ce que j'aime, c'est les monstres : Tome 2 Emil Ferris
Karen Reyes, notre petite artiste, doit désormais faire face à une vie nouvelle où tout tremble et vacille, et où même ses quelques certitudes semblent sur le point de voler en éclats. Mais Karen est un être farouche : 1/3 loup-garou, 1/3 détective, 1/3 enflammée. Toute de curiosité, d’imagination et de compassion, elle veut bannir de son existence les tabous et les mensonges, censés la protéger, mais qui ont fini par empoisonner jusqu’à ses rêves. Heureusement que son frère Deeze, artiste contrarié au passé trouble, est là pour la protéger des menaces invisibles qui pèsent sur elle, et ce même s’il est obligé de franchir la ligne rouge. Mais pour combien de temps encore ? Car il est sur le point d’être envoyé au Vietnam.En 2018, Emil Ferris et son alter ego loup-garou, Karen Reyes, surgissaient dans notre horizon pour soudain tout éclairer d’une lumière gothique et pop à la fois, capable d’embrasser nos profondes contradictions. Elles nous ont offert un monde où, dans la lignée d’une Lady Gaga, elles redéfinissaient la figure du Monstre. À travers Karen, jeune lycanthrope en quête de vérité dans un Chicago bariolé, Emil nous a marqués à jamais. Ce nouveau livre poursuit l'histoire là où elle s'est arrêtée.
Recommandé par : Rebecca Manzoni
Fort Alamo Fabrice Caro
"Alors qu'autour de moi tombaient les corps, Fort Alamo était en passe d'être pris." Devant la caisse du supermarché, Cyril maudit en silence le type qui l'a doublé l'air de rien. Quelques minutes plus tard, le resquilleur s'effondre sur le carrelage, foudroyé. Pour Cyril, père de famille sans histoires, c'est le début d'une série de faits similaires qui le plongent dans une angoisse existentielle. Ou est-ce plutôt la disparition récente de sa mère, la nécessité de vider la maison de son enfance ? À moins que ce ne soit Noël qui approche, les cadeaux à trouver, le repas chez la belle-soeur... Mêlant l'humour et la mélancolie, l'acidité et la tendresse, Fabrice Caro excelle dans l'art du gag métaphysique.
Recommandé par : Rebecca Manzoni
Les Hommes manquent de courage Mathieu Palain
La vie de Jessie lui échappe. Elle n'y arrive plus avec Marco, son fils de 15 ans. Chaque discussion dérape : des cris, des fugues. Marco a disparu depuis trois jours quand, un soir, il l'appelle. Il est à une fête. Il faut que sa mère vienne. Tout de suite. Inspiré d'une histoire vraie, Les hommes manquent de courage est un roman bouleversant sur les secrets que l'on transmet à nos enfants sans le savoir.
Recommandé par : Rebecca Manzoni
Dickens & Prince : Un génie bien particulier Nick Hornby
D’un côté, Charles Dickens, romancier incontournable de la littérature anglo-saxonne du xixe ; de l’autre, Prince, prodige de la musique pop du siècle dernier. Deux artistes flamboyants qui ont illuminé le monde de leur génie ; deux artistes qui ont durablement marqué le jeune Nick Hornby.Dickens l’a sauvé de la stupeur de l’adolescence en lui montrant que les livres étaient une échappatoire pour l’esprit, Prince, avec son falsetto grinçant et son inimitable jeu de guitare, lui a ouvert les portes d’un territoire musical inconnu. Comment ces virtuoses qui ne vivaient que pour leur oeuvre ont-ils géré la puissance de leur créativité ?Avec espièglerie et une profonde admiration, Nick Hornby retrace les vies extraordinaires de ses idoles et s’interroge sur la provenance – et la signification – de leur génie bien particulier.Traduit de l’anglais par Christine Barbaste.
Recommandé par : Rebecca Manzoni
Mythologie du .12 Célestin de Meeûs
C'est l'histoire d'un jour de solstice d'été au milieu de nulle part. C'est l'histoire de deux jeunes types qui zonent sur le parking d'un supermarché dans une vieille Clio, à se chambrer et à enchaîner les bières et les joints. C'est l'histoire d'un médecin, dont la vie rangée et la famille modèle, construites dans une obsession de réussite, volent en éclats, un homme éméché qui ressasse, impuissant, ses échecs et s'enferme peu à peu dans un monologue paranoïaque et délirant. C'est l'histoire d'une soirée qui n'en finit pas, d'un snack sur le bord de la route, d'un trip dans la nature et d'une petite cabane au bord de l'eau, de Max et de Théo, de Rombouts et du tenancier de Chez Moustache, d'un médecin à la dérive, de traînards, de la haine et de l'ennui, de ce qu'on ne regrette que parce que cela nous échappe, du besoin de possession et du constat amer que rien ne se contrôle, de l'ivresse et de la violence.
Recommandé par : Rebecca Manzoni
Récits de certains faits Yasmina Reza
Un jour Édith rencontre un homme, il est pompier, isolé aussi. Ils nouent une sorte de flirt. Ils se voient dehors, en cachette, sur des aires diverses, ils discutent. Pas grand-chose de vraiment intime. À la cour qui lui demande ce qu'il représentait pour elle, l'homme répond avec un fort accent toulousain : "J'étais sa bulle d'oxygène. - Cette expression c'est la sienne ou elle l'exprimait autrement ? - Ben... c'est vrai que j'étais sa bulle d'oxygène. - Et de quoi parliez-vous ? - De tout et de rien. - Mais encore ? - Heu... On parlait de tout et de rien. - De tout et de rien. - Oui, c'est ça... De tout et de rien." Dans les tribunaux, les gens disent souvent qu'ils ont parlé "de tout et de rien". Ils se voient dans des endroits qui sont nulle part, ils se disent des choses dont la substance s'étiole aussitôt. Pas de reproches, pas de chagrins. C'est l'arrière de la vie. En lire plus
Recommandé par : Rebecca Manzoni
Les Enchanteurs James Ellroy
Los Angeles, 4 août 1962. La ville est en proie à la canicule, Marilyn Monroe vient de succomber à une overdose dans sa villa, et Gwen Perloff, une actrice de série B, est kidnappée dans d’étranges circonstances. Cela suffit à plonger le LAPD dans l’effervescence. Le Chef Bill Parker fait appel à une éminence grise d’Hollywood, l’électron libre Freddy Otash, qui va mener une enquête aux multiples ramifications et rebondissements. Troisième tome du Quintette de Los Angeles.
Recommandé par : Rebecca Manzoni
Madelaine avant l'aube Sandrine Collette
C’est un endroit à l’abri du temps. Ce minuscule hameau, qu’on appelle Les Montées, est un pays à lui seul pour les jumelles Ambre et Aelis, et la vieille Rose. Ici, l’existence n’a jamais été douce. Les familles travaillent une terre avare qui appartient à d’autres, endurent en serrant les dents l’injustice. Mais c’est ainsi depuis toujours.Jusqu’au jour où surgit Madelaine. Une fillette affamée et sauvage, sortie des forêts. Adoptée par Les Montées, Madelaine les ravit, passionnée, courageuse, si vivante. Pourtant, il reste dans ses yeux cette petite flamme pas tout à fait droite. Une petite flamme qui fera un jour brûler le monde.
Recommandé par : Rebecca Manzoni
Le bastion des larmes Abdellah Taïa
À la mort de sa mère, Youssef, un professeur marocain exilé en France depuis un quart de siècle, revient à Salé, sa ville natale, à la demande de ses sœurs, pour liquider l'héritage familial. En lui, c'est tout un passé qui ressurgit, où se mêlent inextricablement souffrances et bonheur de vivre. À travers lui, les voix du passé résonnent et l'interpellent, dont celle de Najib, son ami et amant de jeunesse au destin tragique, happé par le trafic de drogue et la corruption d'un colonel de l'armée du roi Hassan II. À mesure que Youssef s'enfonce dans les ruelles de la ville actuelle, un monde perdu reprend forme, guetté par la misère et la violence, où la différence, sexuelle, sociale, se paie au prix fort. Frontière ultime de ce roman splendide, le Bastion des Larmes, nom donné aux remparts de la vieille ville, à l'ombre desquels Youssef a jadis fait une promesse à Najib. " Notre passé... notre grande fiction ", médite Youssef, tandis qu'il s'apprête à entrer pleinement dans son héritage, celui d'une enfance terrible, d'un amour absolu, aussi, pour ses sœurs magnifiques et sa mère disparue. Prix Décembre 2024 Prix de la langue française 2024.
Recommandé par : Rebecca Manzoni
JeanJambe et le mystère des profondeurs Matthias Picard
Une corde affleure à la surface de l’eau. Sur son canot, un être, qui semble découpé dans ce même fil, s’en saisit pour voir où ça le mène : sur une île. Il accoste. Puisque, suivant ce fil d’Ariane, il enjambe rochers et crevasses, appelons-le JeanJambe. Explorant les gouffres calcaires, dévalant les parois en cristal, JeanJambe affronte chauves-souris et éclairs, impressionné et fasciné par tant de merveilles. Quel spectacle ! Après les aventures du scaphandrier Jim Curious sous l’océan et dans la jungle, Matthias Picard nous offre une nouvelle splendide aventure en 3D – cette fois en photographiant les sublimes paysages cachés sous nos pieds. La candeur de JeanJambe tranche avec les somptueux décors conçus par un dessinateur qui tient tout autant de l’illusionniste que du cinéaste fou. Jonglant avec les focales, les microscopes, construisant et moulant au plâtre, il a magnifié dans sa mise en scène un matériel glané ça et là, au gré des promenades. Comme un enfant qui n’a cessé de considérer cailloux et graviers comme des trésors, Matthias Picard a fait de JeanJambe une épopée époustouflante, qui ravira toutes les générations !
Recommandé par : Rebecca Manzoni
Mon assassin Daniel Pennac
La plupart de mes amis deviennent personnages dans mes romans. Mais cet assassin que j'ai imaginé sans le connaître, mon épouvantable assassin, d'où vient-il, lui ?
Recommandé par : Rebecca Manzoni
Le rêve du jaguar Miguel Bonnefoy
Quand une mendiante muette de Maracaibo, au Venezuela, recueille un nouveau-né sur les marches d’une église, elle ne se doute pas du destin hors du commun qui attend l’orphelin. Élevé dans la misère, Antonio sera tour à tour vendeur de cigarettes, porteur sur les quais, domestique dans une maison close avant de devenir, grâce à son énergie bouillonnante, un des plus illustres chirurgiens de son pays. Une compagne d’exception l’inspirera. Ana Maria se distinguera comme la première femme médecin de la région. Ils donneront naissance à une fille qu’ils baptiseront du nom de leur propre nation : Venezuela. Liée par son prénom autant que par ses origines à l’Amérique du Sud, elle n’a d’yeux que pour Paris. Mais on ne quitte jamais vraiment les siens. C’est dans le carnet de Cristobal, dernier maillon de la descendance, que les mille histoires de cette étonnante lignée pourront, enfin, s’ancrer. Dans cette saga vibrante aux personnages inoubliables, Miguel Bonnefoy campe dans un style flamboyant le tableau, inspiré de ses ancêtres, d’une extraordinaire famille dont la destinée s’entrelace à celle du Venezuela. Le rêve du jaguar est le lauréat du Grand prix du Roman de l'Académie française 2024 et du prix Femina 2024.
Recommandé par : Rebecca Manzoni (et aussi par Nicolas Baverez)
Les Guerriers de l'Hiver Olivier Norek
Imaginez un pays minuscule.
Imaginez-en un autre, gigantesque.
Imaginez maintenant qu'ils s'affrontent.
Au cœur du plus mordant de ses hivers, au cœur de la guerre la plus meurtrière de son histoire, un peuple se dresse contre l'ennemi, et parmi ses soldats naît une légende. La légende de Simo, la Mort Blanche.
Recommandé par : Rebecca Manzoni
Pour Britney Louise Chennevière
Ce que je vois quand je regarde la photo de cette petite fille à l'aube de ce siècle nouveau, c'est qu'elle ne sait rien encore de ce que le monde va lui apprendre, et qu'être une petite fille est pour elle une joie parce que ça veut dire pouvoir devenir Britney Spears et que Britney Spears pour elle alors, c'est chanter et danser, c'est être dans son corps, sans crainte et sans distance, se sentir très vivante, c'est se tenir, très loin de la peur mais.
Recommandé par : Rebecca Manzoni
La Règle du crime Colson Whitehead
New York, 1971. Les ordures s'amoncellent, la criminalité atteint un niveau record, la ville court à la faillite et un conflit éclate entre la police et la Black Liberation Army. Dans cette ambiance de siège, Ray Carney, le vendeur de meubles un peu voyou rencontré dans Harlem Shuffle, fait profil bas pour le bien de sa petite entreprise. Jusqu'à ce concert des Jackson Five, qu'il rêve d'offrir à sa fille. Il reprend alors contact avec Munson, un inspecteur blanc corrompu jusqu'à la moelle, qui lui promet de lui trouver des places à en échange d'un petit coup de pouce...
De la lutte pour les droits civiques au bicentenaire des États-Unis en passant par l'industrie de la blaxploitation, Colson Whitehead nous plonge au coeur du Harlem des années 1970 et mêle à la puissance du polar l'humour d'une satire sociale moderne.
Recommandé par : Rebecca Manzoni
À la ligne Julien Martinière
Un roman coup de poing, estomaquant, du jamais LU, qui devient sous la plume de Julien Martinière un Roman Graphique jamais VU ! C'est l'histoire d'un ouvrier intérimaire, Joseph Ponthus, qui embauche dans les conserveries de poissons et les abattoirs bretons. Jour après jour, il inventorie avec une infinie précision les gestes du travail à la ligne, le bruit, la fatigue, les rêves confisqués dans la répétition de rituels épuisants, la souffrance du corps. Ce qui le sauve, c'est qu'il a eu une autre vie. Il connaît les auteurs latins, il a vibré avec Dumas, il sait les poèmes d'Apollinaire et les chansons de Trenet. C'est sa victoire provisoire contre tout ce qui fait mal, tout ce qui aliène. Et, en allant à la ligne, on trouvera dans les blancs du texte la femme aimée, le bonheur dominical, le chien Pok Pok, l'odeur de la mer. Par la magie d'une écriture tour à tour distanciée, coléreuse, drôle, fraternelle, la vie ouvrière devient une odyssée où Ulysse combat des carcasses de boeufs et des tonnes de bulots comme autant de cyclopes.
Recommandé par : Rebecca Manzoni
Sarah Bernhardt, le rire incassable Françoise Sagan
Voici une biographie littéraire où la voix de l’autrice, sa musique, son style comptent autant que le personnage auquel elle s’attache. C’est aussi la rencontre de deux femmes : l’une écrit, l’autre chante, peint, courtise, pose, compose ou joue. Pour sa première expérience de biographe, Françoise Sagan pétille d’intelligence, de verve et d’esprit, et se distingue de tous ceux qui ont encensé ou condamné Sarah Bernhardt, en prenant le parti d’interroger son héroïne dans un portrait-miroir. Elle nous livre une femme plus vivante, plus brûlante, plus drôle surtout que celle que nous connaissions jusqu’ici, surtout dans les plus tragiques moments de son existence. Comme un rire incassable.
Recommandé par : Rebecca Manzoni
Deux filles nues Luz
Tout commence en 1919 dans une forêt en bordure de Berlin. Otto Mueller peint Deux filles nues.
De l'atelier de l'artiste aux murs du bureau de son premier propriétaire, le tableau observe le quotidien avant d'être emporté par les tribulations de cette période noire : l'arrivée d'Hitler au pouvoir, l'antisémitisme d'État, l'art moderne qualifié de « dégénéré » par les nazis, la spoliation des familles juives, les expositions, les ventes, les bûchers...
Acteur passif d'un monde qui le dépasse, Deux filles nues est un survivant.
Fruit d'une enquête menée par Luz, ce roman graphique et historique nous appelle à la plus grande vigilance face à toutes les formes de censures politiques et culturelles.
Recommandé par : Rebecca Manzoni
Les Derniers Jours du Parti socialiste Aurélien Bellanger
Début du XXIe siècle. Deux philosophes que tout oppose rêvent de prendre d’assaut la République des Lettres. Un apparatchik de seconde zone, agitateur d’idées au Parti socialiste, a lui pour obsession de sauver la République française. Alors que la publication de caricatures par un journal satirique déclenche une crise géopolitique inédite et une succession d’attentats, ces trois ambitieux créent un mouvement secret qui va entraîner le pays vers un destin imprévisible.
Recommandé par : Rebecca Manzoni
Le Mal joli Emma Becker
Pendant combien de temps peut-on supporter deux amours inconditionnelles ? Pendant combien de temps une femme peut-elle vivre écartelée entre une passion amoureuse et un amour absolu pour ses enfants ? Dans ce nouveau roman, Emma Becker regarde en face et dévoile sans complaisance les moments les plus dangereux, les plus intenses et les plus beaux d'une vie.Elle ausculte ici le mal joli, cette traversée des plaisirs incandescents et des peines inavouables qui scandent un amour interdit. Et elle nous conte cette histoire d'amour, ou plutôt nous la fait vivre en temps réel, durant un printemps, un été et un automne. Trois saisons privée des siens auprès de l'homme qu'elle aime, privée de lui auprès des siens.Trois saisons dans la vie d'une femme.Trois saisons d'extase et de déchirement.Emma Becker va encore plus loin dans l'écriture de l'intime et jamais elle ne nous avait tendu un miroir aussi universel.
Recommandé par : Rebecca Manzoni
Bien-être Nathan Hill
À l'aube des années 1990 à Chicago, en pleine bohème artistique, un homme et une femme vivent l'un en face de l'autre et s'épient en cachette. Rien ne semble les relier - elle est étudiante en psychologie, lui photographe rebelle. Mais lorsqu'ils se rencontrent enfin, le charme opère et l'histoire d'amour démarre aussitôt entre Elizabeth et Jack. Ils ont la vie devant eux et, même si leurs rêves et leurs milieux divergent, ils sont convaincus que leur amour résistera à l'épreuve du temps. Mais qu'en est-il vingt ans plus tard ? Une fois que le couple s'est embourgeoisé, qu'il se débat avec un fils tyrannique, que le désir s'éteint à petit feu et que les rêves s'oublient ? L'achat d'un appartement sur plan devient alors le révélateur de tous les désaccords entre Elizabeth et Jack. Au fond, étaient-ils faits l'un pour l'autre ? Bâti avec de malicieux va-et-vient dans le temps, Bien-être est la fresque épatante d'un amour dont le décor, Chicago, perd son âme à mesure que les sentiments s'abîment. Nathan Hill y décortique le couple et l'état de la middle class avec un panache, une ingéniosité et un humour irrésistibles. Du grand roman américain au souffle palpitant.
Nicolas Baverez : Et puis ce livre de Nathan Hill, plus léger. C’est l’histoire d’un couple de Chicago, qui vit un amour fou dans les années 1990. Vingt ans après, on les retrouve vivant le double cauchemar de l’achat d’un appartement sur plan, et d’un fils tyrannique. À travers cette histoire de couple, c’est toute l’histoire de la ville de Chicago qui se déploie, et d’une certaine façon, la décomposition de la classe moyenne américaine au cours du dernier quart de siècle. Extrêmement bien écrit, et très drôle.
Recommandé par : Rebecca Manzoni (et aussi par Nicolas Baverez)
Aimez Gil Shane Haddad
Je dis, en divisant chaque syllabe, en les plantant pour faire germer un nouveau monde, je dis aimez Gil. Aimez Gil. Une prière dans la voix la plus basse, la voix la plus insignifiante qui puisse être. Aimez Gil.
Recommandé par : Rebecca Manzoni
Célèbre Maud Ventura
La célébrité est ma vie. Est-ce que j'étais préparée à un tel succès ? Bien sûr que oui. Cléo grandit dans une famille dont elle déplore la banalité. Dès l'enfance, elle n'a qu'une obsession : devenir célèbre. Au fil des années, Cléo saute tous les obstacles qui s'imposent à elle, arrachant chaque victoire à pleines dents, s'entaillant la cuisse à chaque échec. À la surprise de tous, sauf d'elle-même, Cléo devient une star mondiale, accumulant les millions de dollars, les villas à Los Angeles et les récompenses. Bienvenue dans les coulisses de la célébrité, un monde où règnent l'artifice et l'impunité. Célèbre est le récit d'une ascension féroce, brutale et monstrueuse. Un portrait acide et brillant de notre époque. Addictif.
Recommandé par : Rebecca Manzoni