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Livres recommandés par Augustin Trapenard

Vers la joie Laurence Tardieu

Laurence Tardieu voit la vie par la lumière qui l'éclaire. Pourtant, l'ombre a menacé. Il y a eu le temps du combat, lorsque la mort a manqué d'emporter son fils. Puis, un à un, les jours à nouveau s'égrènent. Mais ça ne ressemble à rien de ce qu'on s'était figuré. Ce que Laurence Tardieu apprend, elle le partage, car l'écriture seule nous rend intelligible ce qui advient. Touchés au coeur par ce texte solaire, où le présent prend un sens inédit, on chemine à ses côtés – vers la joie.

Recommandé par : Augustin Trapenard

Episode : Vivre malgré tout - La grande librairie

Vivre tout bas Jeanne Benameur

Entre vagues et falaises, comme née du paysage, une femme apparaît au bord de la mer, portée par un chagrin plus grand qu’elle. Le livre raconte sa prise d’élan vers une autre version d’elle-même, une évasion : Marie, mère et sainte, s’affranchit ici doucement mais sûrement de l’iconographie qui la fige. Et de la liturgie qui lui coupe la parole. Elle se découvre aussi, à la rencontre des autres, de ceux – proches ou lointains, présents ou futurs – qui ne laisseront pas de traces ailleurs que dans la mémoire des vivants. Le roman comme un affût.

Recommandé par : Augustin Trapenard

Episode : Vivre malgré tout - La grande librairie

La longe Sarah Jollien-Fardel

Tous les matins, au réveil, Rose, la narratrice du puissant deuxième roman de Sarah Jollien-Fardel, lutte pour ne pas être assaillie par la réalité crue, dans cette chambre aux parois boisées où elle vit désormais attachée par une longe. Rose est devenue folle de douleur au moment où, trois ans auparavant, des policiers sont venus lui annoncer la mort de sa petite fille, Anna. Cette douleur, elle n’est pas parvenue à la surmonter, au point de devenir un danger pour elle et pour les autres, au point de demeurer attachée et recluse.La vie était joyeuse, avant l’accident. Rose se souvient de son enfance dans un village de montagne, rythmée par la phrase inscrite sur une poutre du bistrot de sa grand-mère adorée : « Tu es d’une espèce qui aime la lumière et déteste la nuit et les ténèbres ». Son amitié immédiate avec Camil, le petit garçon qui venait passer ses vacances sur les hauteurs, devenu bien plus tard son mari et son indéfectible soutien ; leurs lectures et leurs promenades au cœur d’une nature somptueuse ; la naissance de leur enfant ; leurs métiers qu’ils aiment, lui est architecte, elle ostéopathe. Une vie apparemment sans histoires, dans laquelle Rose, ressassant le passé, traque les failles, elle qui ne s’est jamais remise de la mort longtemps inexpliquée de sa propre mère, le jour de sa première communion. Elle qui est également rongée par le remords de n’avoir pas désiré vraiment l’arrivée d’Anna.Les souvenirs de Rose vont peu à peu, dans une narration haletante, nous révéler les circonstances de l’accident, et celles de sa propre réclusion. Mais, le jour où Rose, percevant soudain une présence inconnue derrière sa porte close, entend filtrer à travers la paroi des phrases extraites d’un livre de Marguerite Duras, nous, lecteurs, avons l’intuition que la lumière pourrait gagner…Sarah Jollien-Fardel, par la manière dont elle choisit de sauver d’elle-même son personnage, nous offre un magnifique dénouement, à l’aune de son magistral portrait de femme.

Recommandé par : Augustin Trapenard

Episode : Vivre malgré tout - La grande librairie

Et personne ne sait Philippe Forest

Au milieu du siècle dernier, à New York, un jeune peintre désespère de sa vie et de son talent. Un soir de Noël, tandis que la neige tombe sur la ville, il fait la mystérieuse rencontre d'une enfant, étrangement seule au milieu du parc qui occupe le centre de la cité. Elle lui chante une chanson dont les paroles disent : D'où je viens Personne ne le sait. Où je vais Tout s'en va. Le vent se lève, La vague déferle, Et personne ne sait. De cette enfant, de cette femme, de cette enfant devenue femme, le peintre va faire le portrait. S'agit-il d'un fantôme ou bien d'un fantasme ? Sort-elle d'un songe ou alors d'un souvenir ? Où passe la frontière qui sépare le rêve de la réalité et la vérité de la fiction ? À quelle histoire appartiennent les personnages que peint l'artiste ? D'un livre d'autrefois et du film qui en fut adapté, Philippe Forest tire la matière de son nouveau roman. De tableau en tableau, celui-ci prend l'allure singulière et enchantée d'une sorte de conte d'hiver et puis d'été avec lequel l'auteur prolonge et poursuit son oeuvre. Personne sans doute, pas même lui, ne sait ce que signifie la mélancolique et féerique idylle qu'elle raconte mais chaque lecteur, depuis presque trente ans, y retrouve un peu du récit de sa vie.

Recommandé par : Augustin Trapenard

Episode : Vivre malgré tout - La grande librairie

Trésor caché Pascal Quignard

Une femme perd son chat. En l'enterrant dans son jardin, elle met au jour un trésor. Elle voyage. Elle rencontre un homme en Italie. En l'espace d'un an, sa vie est entièrement transformée. 

« J'avais sept ans. J'ai toujours pressenti qu'une douleur lumineuse me toucherait un jour. Je savais que cette douleur inexplicable proviendrait de cette heure où tout, quand j'étais petite, s'était perdu. Il y avait une sorte de neige à la fin de mon enfance qui tombait en silence. Tout devait sortir du fond du monde comme le soleil sort de la nuit. »

Recommandé par : Augustin Trapenard

Episode : Vivre malgré tout - La grande librairie

Après Dieu Richard Malka

Une nuit. Le Panthéon pour enceinte d’un dialogue entre Richard Malka, incroyant bien décidé à rire encore de Dieu, en guerre contre le « respect » nouvellement dû aux religions, et Voltaire, le plus irrévérencieux philosophe des Lumières, défenseur de Calas et du Chevalier de la Barre. Sont-ils d’accord sur tout ? Pas tout à fait. Disciple de Robert Badinter et Georges Kiejman, l’avocat évoque les attentats, les morts, son histoire familiale, sa répulsion envers le prosélytisme et les enfermements communautaires. Surtout, il pose à Voltaire la question qui l’a mené au Panthéon. Par quoi remplacer Dieu ?

Recommandé par : Augustin Trapenard

Episode : Les livres de la rentrée d’hiver - La grande librairie

Charlie Liberté - Le journal de leur vie Collectif

Cabu, Elsa Cayat, Charb, Honoré, Bernard Maris, Mustapha Ourrad, Tignous, Wolinski, nous manquent. On nous les a enlevés, un matin de janvier 2015. Ils étaient dessinateurs, journaliste psychanalyste, correcteur et universitaire. Ils collaboraient à Charlie Hebdo, journal satirique créé en 1970, disparu en 1982 puis reparu en 1992. On a beaucoup écrit pour comprendre les raisons qui avaient poussé les deux terroristes islamistes à venir les massacrer dans les locaux du journal pour lequel ils s'étaient tant battus. Alors qu'il y a tellement de choses beaucoup plus intéressantes à raconter sur le parcours de nos amis et leur détermination à faire vivre ce journal. Ce livre veut rendre justice à leur créativité et à leur sensibilité. Ce jour-là, c'est vraiment la stupidité et la vulgarité qui ont assassiné l'intelligence et le talent. La barbarie ne sait rien faire d'autre que détruire l'esprit car c'est le seul moyen pour elle de briser le miroir qui pourrait lui renvoyer l'image misérable de ce qu'elle est. Cabu, Elsa Cayat, Charb, Honoré, Bernard Maris, Mustapha Ourrad, Tignous, Wolinski, ont voulu toute leur vie rire et ridiculiser cette barbarie. On a pu croire que ce matin du 7 janvier 2015, ils avaient perdu ce combat. Pas du tout : dix ans après, ce sont eux qui ont triomphé. Charlie Hebdo est toujours là, bien vivant, tout aussi déterminé à poursuivre leur lutte, par le dessin et par la plume. Ce livre laisse entrevoir l'étendue de leur parcours et espère qu'il donnera aux plus jeunes le goût et la force de marcher sur leurs pas. Simon Fieschi, aussi, nous manque. Grièvement blessé le 7 janvier 2015, il a lutté pendant dix ans contre les séquelles de l'attentat, tout en continuant de se battre pour les valeurs de Charlie Hebdo. Il nous a quitté en octobre.

Recommandé par : Augustin Trapenard

Episode : Les livres de la rentrée d’hiver - La grande librairie

Nos insomnies Clothilde Salelles

Comme toutes les familles, nous avions un secret. Ce secret, c'était que la nuit, nous ne dormions pas." Dans un village de l'Essonne, à la fin des années 1990, une petite fille grandit au sein d'une famille en apparence sans histoires. Pourtant, elle perçoit confusément une menace. Il y a d'abord ce secret familial bien gardé, ces insomnies qui rendent les journées électriques. Il y a ces mots redoutables - lotissement, couloir aérien - qui résonnent comme de mauvais augures. Et puis il y a le père, irascible et distant, qui demeure un mystère pour la fillette. À mesure que les mois passent, le huis clos familial se fait oppressant. Jusqu'à ce qu'un drame survienne, que personne ne nomme... Ressuscitant le monde de l'enfance et son inquiétante étrangeté, Clothilde Salelles explore dans Nos insomnies la question du tabou et le pouvoir ambivalent des mots, destructeurs et salutaires.

Augustin Trapenard : Et puis un premier roman qu'on a beaucoup aimé cette rentrée, il y en a toujours un dans La grande librairie. Nos insomnies de Clotilde Salelles, un livre déchirant sur le monde de l'enfance, sur le pouvoir incantatoire des mots, et puis sur la figure mystérieuse du père, encore et toujours le père.

Recommandé par : Augustin Trapenard

Episode : Les livres de la rentrée d’hiver - La grande librairie

L'hospitalité au démon Constantin Alexandrakis

Peu après la naissance de sa fille, "le Père" se voit rattrapé par des souvenirs d'attouchements subis dans l'enfance. Pour conjurer sa peur de la répétition, il ambitionne de cartographier le "Grand Continent des Violences Sexuelles". Cette traversée périlleuse, entre farce et cauchemar, durera six ans. Dans un Danemark imaginaire, Constantin Alexandrakis sonde d'une façon iconoclaste un ressenti masculin face aux " abus de position dominante ", sans se laisser réduire à un point de vue victimaire. Avoir le courage d'aller dans ce sens-là, du côté où il n'y a pas d'éclairage, du côté où on n'a pas trop envie de vous accompagner, qui peut l'avoir ? Qui peut l'avoir sinon les inconscients, les fous, les poètes, les braves. Puisqu'il s'agit de cela, braver, affronter les démons. Ceux du dehors et ceux du dedans.

Augustin Trapenard : Lui aussi interroge la manière dont les démons du passé ressurgissent lorsqu'on devient parent à son tour. Dans un deuxième ouvrage d'inspiration autobiographique virtuose et sans concession qui s'appelle L'hospitalité au démon, Constantin Alexandrakis se confronte aux abus qu'il a subis dans son enfance et conjure sa peur de la répétition.

Recommandé par : Augustin Trapenard (et aussi par Rebecca Manzoni)

Episode : Les livres de la rentrée d’hiver - La grande librairie

Safari Sabri Louatah

"Il faut être deux pour jouer à cache-cache." Voilà ce qu'entend le narrateur en recouvrant ses esprits après qu'il a cru perdre son fils de quatre ans dans la serre tropicale de Chicago où ils se promenaient. Cette voix qui lui parle, c'est celle de Gabriel, le jeune homme qui a retrouvé son petit garçon. Mais c'est aussi exactement la voix de son père, disparu sans laisser de trace il y a bientôt vingt ans. Hasard ? Hallucination ? Pour le découvrir, le narrateur cherche à se lier d'amitié avec Gabriel jusqu'à l'obsession et enregistre sa voix à son insu. Pour la première fois depuis deux décennies, sur fond de fêtes de Noël, entre sa mère fantasque et sa femme psy, des souvenirs précis de son père, sujet tabou dans la famille, lui reviennent. Mais l'énigme de sa disparition se remet alors à brûler au centre de sa vie, menaçant de tout embraser. Avec Safari, Sabri Louatah signe un roman "américain", à la fois haletant et existentiel, sur la paternité et la présence envahissante dans nos vies de ceux qui nous ont quittés.

Augustin Trapenard : À quoi peut mener des années plus tard l'absence d'un père ? Pour son sixième livre, intitulé Safari, l'écrivain et scénariste Sabri Louatah, dont vous vous souvenez peut-être de la saga Les Sauvages, raconte l'histoire troublante d'un homme qui croit un jour entendre chez un inconnu la voix de son géniteur disparu vingt ans plus tôt.

Recommandé par : Augustin Trapenard

Episode : Les livres de la rentrée d’hiver - La grande librairie

Patronyme Vanessa Springora

Attendue sur le plateau de La Grande Librairie pour parler de son livre, Le Consentement, l’autrice est appelée par la police pour venir reconnaître le corps sans vie de son père, qu’elle n’a pas revu depuis dix ans. Dans l’appartement de banlieue parisienne où il vivait, et qui fut jadis celui de ses grands-parents, elle est confrontée à la matérialisation de la folie de cet homme toxique, mythomane et misanthrope, devenu pour elle un étranger. Tandis qu’elle s’interroge, tout en vidant les lieux, sur sa personnalité énigmatique, elle tombe avec effroi sur deux photos de jeunesse de son grand-père paternel, portant les insignes nazis. La version familiale d’un citoyen tchèque enrôlé de force dans l’armée allemande après l’invasion de son pays par le Reich, puis déserteur caché en France par celle qui allait devenir sa femme, et travaillant pour les Américains à la Libération avant de devenir « réfugié privilégié » en tant que dissident du régime communiste, serait-elle mensongère ?

C’est le début d’une traque obsessionnelle pour comprendre qui était ce grand-père dont elle porte le nom d’emprunt, quelle était sa véritable identité, et de quelle manière il a pu, ou non, « consentir », voire collaborer activement, à la barbarie. Au fil de recherches qui s’étendront sur deux années, s’appuyant sur les documents familiaux et les archives tchèques, allemandes et françaises, elle part en quête de témoins, qu’elle retrouvera en Moravie, pour recomposer le puzzle d’un itinéraire plausible, auquel il manquera toujours des pièces. Comment en serait-il autrement dans une Tchécoslovaquie qui a changé cinq fois de frontières, de nationalité, de régime, prise en tenaille entre les deux totalitarismes du XXème siècle ? À travers le parcours accidenté d’un jeune homme pris dans la tourmente de l’Histoire, c’est toute la tragédie du XXème siècle qui ressurgit, au moment où la guerre qui fait rage sur notre continent ravive à la fois la mémoire du passé et la crainte d’un avenir de sauvagerie.

Dans ce texte kaléidoscopique, alternant fiction et analyse, récit de voyage, légendes familiales, versions alternatives et compagnonnage avec Kafka, Gombrowicz, Zweig et Kundera, Vanessa Springora questionne le roman de ses origines, les péripéties de son nom de famille et la mythologie des figures masculines de son enfance, dans une tentative d’élucidation de leurs destins contrariés. Éclairant l’existence de son père, et la sienne, à l’aune de ses découvertes, elle livre une réflexion sur le caractère implacable de la généalogie et la puissance dévastatrice du non-dit.

Augustin Trapenard : Cinq ans après la déflagration, près d'un demi-million d'exemplaires de son premier livre, Le consentement, récit de l'emprise exercé sur elle par l'écrivain Gabriel Matzneff et dont les répercussions se lisent aujourd'hui jusque dans la loi. Vanessa Springora fait événement avec Patronyme. Elle y explore ce qui se cache derrière son nom dans une enquête édifiante sur son père et sur son grand-père, que reçoit-on en héritage, qu'on le veuille ou non.

Recommandé par : Augustin Trapenard (et aussi par Rebecca Manzoni)

Episode : Les livres de la rentrée d’hiver - La grande librairie

Il n'a jamais été trop tard Lola Lafon

Ce livre est une histoire en cours. Celle d'un hier si proche et d'un demain qui tremble un peu. Ce présent qui bouscule, malmène, comment l'habiter, dans quel sens s'en saisir ? Comme il est étroit, cet interstice-là, entre hier et demain, dans lequel l'actualité nous regarde. Elle reflète le monde, mais aussi des évènements minuscules en nous, des souvenirs, des questions, des inquiétudes. Ces pages ne sont pas le lieu d'un territoire conquis, d'un terrain marqué de certitudes. Ce livre est l'histoire de ce qui nous traverse, une histoire qu'on conjuguerait à tous les singuliers.

Augustin Trapenard : C'est à partir des mots de son père que Lola Lafon s'interroge. Son nouveau livre, Il n'a jamais été trop tard, est un journal de bord sensible et politique des derniers mois écoulés. Le récit d'une expérience partagée et la célébration aussi de l'imperfection de nos vies.

Recommandé par : Augustin Trapenard

Episode : Les livres de la rentrée d’hiver - La grande librairie

Augustin Trapenard apparait dans les épisodes suivants :

La grande librairie diffusé le 15/01/2025

Vivre malgré tout

La grande librairie diffusé le 08/01/2025

Les livres de la rentrée d’hiver