Livres recommandés par Louis Gallois
La Maison vide Laurent Mauvignier
En 1976, mon père a rouvert la maison qu’il avait reçue de sa mère, restée fermée pendant vingt ans. À l’intérieur : un piano, une commode au marbre ébréché, une Légion d’honneur, des photographies sur lesquelles un visage a été découpé aux ciseaux. Une maison peuplée de récits, où se croisent deux guerres mondiales, la vie rurale de la première moitié du vingtième siècle, mais aussi Marguerite, ma grand-mère, sa mère Marie-Ernestine, la mère de celle-ci, et tous les hommes qui ont gravité autour d’elles. Toutes et tous ont marqué la maison et ont été progressivement effacés. J’ai tenté de les ramener à la lumière pour comprendre ce qui a pu être leur histoire, et son ombre portée sur la nôtre.
Prix littéraire Le Monde 2025Prix Landerneau des Lecteurs 2025Louis Gallois : C'est un grand livre. On n'en sort pas comme ça dix par an !
François Bujon de l'Estang : J’ai eu la bonne surprise de découvrir cet excellent roman français, de Laurent Mauvignier, au milieu des centaines de titres de la rentrée littéraire. C’est un grand roman, dans tous les sens du terme - 750 pages - mais qu’on lit avec un plaisir constant, tant l’écriture est maîtrisée et fluide. Mauvignier y raconte la vie d’une famille française sur quatre générations à travers ses personnages féminins : l’arrière-grand-mère, la grand-mère et la mère. Ce tissage de voix compose une fresque intime et sensible, servie par une langue singulière, à mi-chemin entre le parlé et le monologue intérieur, qui évoque parfois Claude Simon tout en restant très lisible. On se laisse emporter, engloutir même, par ce récit ample et profondément humain.
Recommandé par : Louis Gallois (et aussi par L'esprit Critique, François Bujon de l'Estang, Rebecca Manzoni, Augustin Trapenard)
L'humeur révolutionnaire Robert Darnton
Les ouvrages sur la Révolution française sont innombrables. Tous, ou presque, partent de juillet 1789 pour choisir dans les décennies précédentes les événements qui peu ou prou conduisirent à la prise de la Bastille. Robert Darnton, à l'inverse, arrive à juillet 1789 en partant de la multitude d'agitations, de troubles, d'insurrections qui parcoururent le royaume, et Paris tout particulièrement. Pourquoi aucun de ces moments ne donna-t-il lieu à l'équivalent de la prise de la Bastille ? Darnton, à travers le système d'information si particulier au petit peuple du XVIIIᵉ siècle - rumeurs, nouvelles orales ou à la main, épigrammes et chansons pornographiques contre la Cour, gazettes venues de l'étranger ou tracts parisiens -, reconstitue les cycles de violence du XVIIIᵉ siècle : ce qu'il appelle l'humeur révolutionnaire. C'est-à-dire, entre autres éléments, la haine du despotisme - tout abus de pouvoir perçu comme tel, qu'il s'agisse des restrictions imposées par les corporations au commerce, de l'autorité exercée par la faculté de Médecine de Paris sur les médecins ou encore de l'emprise de l'Académie française sur la littérature - ; la résistance face à l'inégalité devant l'impôt ; l'amour de la liberté, soit le droit commun d'agir et parler librement sans craindre les espions de la police ni les lettres de cachet, de lire des journaux indépendants non soumis à la censure, et d'obéir à des lois déterminées par les citoyens et non proclamées par Versailles ; l'engagement envers la nation, comme citoyens et non plus comme sujets, devant l'impéritie militaire de la monarchie ; la foi dans les pouvoirs de la raison et des Lumières. Tout cumula en juillet 1789. D'où, en conclusion, la question posée par Darnton : qu'est-ce que 1789 a eu de révolutionnaire ?
Louis Gallois : C'est ma lecture de l'été, L'humeur révolutionnaire. C'est un historien américain qui a travaillé, qui travaille sur la France, et qui a travaillé sur tout ce qui, dans l'air du temps, a préparé la révolution française. Entre 1750 et 1789. Tous les éléments qui ont constitué l'opinion pour lui permettre d'aller vers la révolution française. C'est passionnant.
Recommandé par : Louis Gallois
Vie et destin Vassili Grossman
Dans ce roman-fresque, composé dans les années 1950, à la façon de Guerre et paix, Vassili Grossman (1905-1964) fait revivre l’URSS en guerre à travers le destin d’une famille, dont les membres nous amènent tour à tour dans Stalingrad assiégée, dans les laboratoires de recherche scientifique, dans la vie ordinaire du peuple russe, et jusqu’à Treblinka sur les pas de l’Armée rouge. Au-delà de ces destins souvent tragiques, il s’interroge sur la terrifiante convergence des systèmes nazi et communiste alors même qu’ils s’affrontent sans merci.
Radicalement iconoclaste en son temps – le manuscrit fut confisqué par le KGB, tandis qu’une copie parvenait clandestinement en Occident –, ce livre pose sur l’histoire du xxe siècle une question que philosophes et historiens n’ont cessé d’explorer depuis lors. Il le fait sous la forme d’une grande œuvre littéraire, imprégnée de vie et d’humanité, qui transcende le documentaire et la polémique pour atteindre à une vision puissante, métaphysique, de la lutte éternelle du bien contre le mal.
Louis Gallois : Peut-être le livre de ma vie. C'est un chef d'œuvre absolu, une fresque formidable de l'évolution du nazisme, du communisme, et Stalingrad, c'est un livre magnifique.
Recommandé par : Louis Gallois (et aussi par )
Vie et destin Vassili Grossman
Dans ce roman-fresque, composé dans les années 1950, à la façon de Guerre et paix, Vassili Grossman (1905-1964) fait revivre l’URSS en guerre à travers le destin d’une famille, dont les membres nous amènent tour à tour dans Stalingrad assiégée, dans les laboratoires de recherche scientifique, dans la vie ordinaire du peuple russe, et jusqu’à Treblinka sur les pas de l’Armée rouge. Au-delà de ces destins souvent tragiques, il s’interroge sur la terrifiante convergence des systèmes nazi et communiste alors même qu’ils s’affrontent sans merci.
Radicalement iconoclaste en son temps – le manuscrit fut confisqué par le KGB, tandis qu’une copie parvenait clandestinement en Occident –, ce livre pose sur l’histoire du xxe siècle une question que philosophes et historiens n’ont cessé d’explorer depuis lors. Il le fait sous la forme d’une grande œuvre littéraire, imprégnée de vie et d’humanité, qui transcende le documentaire et la polémique pour atteindre à une vision puissante, métaphysique, de la lutte éternelle du bien contre le mal.
Louis Gallois : Peut-être le livre de ma vie. C'est un chef d'œuvre absolu, une fresque formidable de l'évolution du nazisme, du communisme, et Stalingrad, c'est un livre magnifique.
Recommandé par : Louis Gallois (et aussi par )
Episode : Louis Gallois et Olivier Lluansi : La fin de l'abondance industrielle ? - Thinkerview
Quatrevingt-treize Victor Hugo
Dans la Vendée de 1793, trois personnages s'affrontent : l'aristocrate Lantenac, fidèle à son passé, son petit-neveu Gauvain, tourné vers l'avenir généreux de la République, et le conventionnel Cimourdain, plus durement soucieux des exigences présentes de la Révolution et de la Terreur. Dans cette épopée où le romancier mêle la fiction de l'intrigue et la réalité de l'Histoire - Danton, Robespierre et Marat sont au centre du livre -, chacun des trois héros se trouve ainsi guidé par une certaine idée du devoir et de l'honneur. Et chacun sera conduit à une forme d'héroïsme qui n'écarte pas la mort.
L'écrivain se refuse donc à trancher, et Quatrevingt-Treize n'est pas un roman à thèse : «Je ne veux ni du crime rouge ni du crime blanc.» Mais la violence où s'achevait l'Ancien Régime était certainement un mal nécessaire, et ce qui s'affirme dans ce livre qui paraît en 1874 et sera le dernier roman de Hugo, c'est une vision de l'Histoire qui garde trace, sans doute, de la Commune récente où une même violence fit retour, mais ne s'interdit pas l'espérance.
Recommandé par : Louis Gallois
Episode : Louis Gallois et Olivier Lluansi : La fin de l'abondance industrielle ? - Thinkerview
Louis Gallois apparait dans les épisodes suivants :
Thinkerview diffusé le 22/10/2025
Yves Bréchet et Louis Gallois - Réindustrialisation : Y a-t-il un pilote dans l’avion ?
Thinkerview diffusé le 14/01/2023
Louis Gallois et Olivier Lluansi : La fin de l'abondance industrielle ?
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