Livres recommandés par Nicole Gnesotto
13 à table ! 2025 - 11ème édition - Recueil de nouvelles au profit des Restos du cœur Collectif
11e édition de 13 à table, le recueil de nouvelles 100% bénévole au profit des Restos du cœur Pour 13 à table ! c'est une nouvelle décennie qui s'annonce. Et toujours le même défi : aider le plus possible les Restos du Cœur. Pour cette 11e édition, le thème est : Dans le même bateau. Au 1er ou au 12e degré, selon le sens qu'on veut lui donner, il illustre la solidarité qui nous est chère. Cette année encore, ce sont 14 auteurs d'horizons divers qui offrent une nouvelle pour que nous puissions offrir des repas. On compte sur vous ! Sandrine Collette Lorraine Fouchet Karine Giebel Raphaëlle Giordano Christian Jacq Marie-Hélène Lafon Alexandra Lapierre Marc Levy Marcus Malte Agnès Martin-Lugand Étienne de Montety François Morel Romain Puértolas Jacques Ravenne Illustration de Catherine Meurisse Inédit Un livre acheté = 5 repas distribués.
Nicole Gnesotto : Autre bonne manière de finir l’année. Acheter ce recueil de nouvelles ayant trait à la solidarité, que publient Les Restaus du Cœur. C’est la onzième édition, et c’est un très bon cru, avec des écrivains comme Sandrine Collette, Raphaëlle Giordano, Marie-Hélène Lafon, Marc Levy, Agnès Martin-Lugand … C’est à la fois un plaisir (la nouvelle de Sandrine Collette est un délice) et une bonne action : le livre coûte 6 euros, quand vous en achetez un, vous financez cinq repas.
Recommandé par : Nicole Gnesotto
Au soir d'Alexandrie Alaa El aswany
À Alexandrie, à la fin des années 1950, une bande d’amis se retrouve régulièrement au bar du restaurant Artinos, sur la corniche, pour de longues soirées animées durant lesquelles, l’alcool aidant, ils se plaisent à refaire le monde. Unis par un attachement profond à leur ville – presque un pays à part entière, même pour ceux qui viennent d’ailleurs –, ils sont divisés face à l’actualité nationale et au leader charismatique Gamal Abdel Nasser. Alors que l’Égypte connaît de profonds bouleversements sociaux et politiques, qu’adviendra-t-il de ces femmes et hommes épris de justice, de beauté et d’amour, acquis à la cause – ou à l’illusion – cosmopolite d’Alexandrie ? Au sommet de son art, Alaa El Aswany compose une fresque humaine et historique tout en chatoiements tragiques, faisant une fois encore résonner avec brio les voix de personnages pris dans une tourmente qui les dépasse : la fin d’une époque.
Nicole Gnesotto : Je vous conseille ce roman égyptien, d’Alaa el-Aswani. L’écrivain est déjà l’auteur du formidable « L’immeuble Yacoubian », paru en 2002. L’action de celui-ci se situe à l’arrivée au pouvoir de Nasser, et c’est exactement la même contradiction entre une société civile ayant soif de liberté et un Etat policier qui se met en place. On voit comment le cosmopolitisme fait place petit à petit au nationalisme le plus étriqué, et c’est assez terrifiant, cela rappelle le Vienne de l’entre-deux-guerres : comment la culture ne sauve pas de la tyrannie.
Recommandé par : Nicole Gnesotto
Le Paradis des fous Richard Ford
À soixante-quatorze ans, Frank Bascombe se porte comme un charme. En dépit d’une vie marquée par les deuils, les échecs et les séparations, cet optimiste invétéré ne désespère pas de trouver le bonheur. Lorsqu’il apprend que son fils est atteint d’une maladie incurable, il lui propose une virée à la rencontre des monuments d’une Amérique vouée au kitsch : le Palais du Maïs, un hôtel-casino indien, les effigies des « dead presidents » sculptées dans le mont Rushmore… Un dernier voyage au cours duquel père et fils parviendront – peut-être? – enfin à se rapprocher.Bavard, touchant, égoïste et doué d’un sens inné de la comédie, Frank Bascombe accompagne Richard Ford de livre en livre depuis plus de trente ans. Dans Le Paradis des fous, cet ancien journaliste sportif reconverti dans l’immobilier continue à observer l’Amérique avec férocité. Pour notre plus grand plaisir.
Nicole Gnesotto : Pour moi, un roman américain de Richard Ford. Cet auteur nous raconte depuis près de quarante ans les aventures de son personnage, Frank Bascombe, agent immobilier, représentant typique de la classe moyenne américaine, doté d’un humour noir et d’un sens de l’auto-dérision ravageurs. Dans ce livre-ci, il a 74 ans, retrouve son fils de 47 ans, qui vient d’apprendre qu’il est atteint d’une maladie incurable. Tous deux décident de faire un voyage ensemble, un road-trip à travers les Etats-Unis. Mais les Etats-Unis moches : les motels miteux, le kitsch, le banal, le vulgaire. Drôle, féroce, ce voyage nous dévoile petit à petit la déliquescence de la middle class américaine. Un régal.
Recommandé par : Nicole Gnesotto
Nord Sentinelle : Contes de l'indigène et du voyageur Jérôme Ferrari
Pour une banale histoire de bouteille introduite illicitement dans son restaurant, le jeune Alexandre Romani poignarde Alban Genevey au milieu d’une foule de touristes massés sur un port corse. Alban, étudiant dont les parents possèdent une résidence secondaire sur l’île, connaît son agresseur depuis l’enfance. Dès lors, le narrateur, intimement lié aux Romani, remonte – comme on remonterait un fleuve et ses affluents – la ligne de vie des protagonistes et dessine les contours d’une dynastie de la bêtise et de la médiocrité. Sur un fil tragicomique, dans une langue vibrante aux accents corrosifs, Jérôme Ferrari sonde la violence, saisit la douloureuse déception de n’être que soi-même et inaugure, avec la thématique du tourisme intensif, une réflexion nourrie sur l’altérité. Sur ce qui, dès le premier pas posé sur le rivage, corrompt la terre et le cœur des hommes.
Nicole Gnesotto : C’est la rentrée littéraire, et j’ai deux recommandations. D’abord ce roman de Jérôme Ferrari, présenté comme une critique du surtourisme en Corse. Même si ce thème figure dans le roman, il n’en est à mon avis pas le cœur. Il s’agit surtout d’une écriture vertigineuse, violente, sur l’extraordinaire bêtise, l’inculture, la paresse de la petite mafia corse, qui arnaque le touriste. Formidable.
Recommandé par : Nicole Gnesotto
Jour de ressac Maylis de Kerangal
Finalement, il vous dit quelque chose, notre homme ? Nous arrivions à hauteur de Gonfreville-l'Orcher, la raffinerie sortait de terre, indéchiffrable et nébuleuse, façon Gotham City, une autre ville derrière la ville, j'ai baissé ma vitre et inhalé longuement, le nez orienté vers les tours de distillation, vers ce Meccano démentiel. L'étrange puanteur s'engouffrait dans la voiture, mélange d'hydrocarbures, de sel et de poudre. Il m'a intimé de refermer, avant de m'interroger de nouveau, pourquoi avais-je finalement demandé à voir le corps ? C'est que vous y avez repensé, c'est que quelque chose a dû vous revenir. Oui, j'y avais repensé. Qu'est-ce qu'il s'imaginait. Je n'avais pratiquement fait que penser à ça depuis ce matin, mais y penser avait fini par prendre la forme d'une ville, d'un premier amour, la forme d'un porte-conteneurs.
Nicole Gnesotto : Maylis de Kerangal ne cesse de confirmer à chaque nouveau livre qu’elle est un grand écrivain. C’est un livre de retour impossible dans la ville de l’enfance et de l’adolescence, Le Havre, dans le brouillard de la mémoire. La forme est celle du roman policier, on est tenu en haleine jusqu’à la fin, et c’est extraordinaire.
Recommandé par : Nicole Gnesotto