Livres recommandés par François-Xavier Bellamy
Giovanni Falcone Roberto Saviano
Le 23 mai 1992, aux abords de Palerme, plusieurs centaines de kilos d'explosifs faisaient sauter la voiture du célèbre juge Falcone, l'ennemi numéro1 de la mafia sicilienne. Le nouveau roman-enquête de Roberto Saviano reconstitue les étapes qui ont mené à cet assassinat. Tout commence vingt ans plus tôt, lorsqu'un magistrat inconnu rouvre le dossier antimafia. Sous la surveillance d'une escorte grandissante, Giovanni Falcone accumule une infinité de preuves, pleure la mort de collègues tombés avant lui et connaît quelques brèches de bonheur en tant que mari, frère et ami. À chaque instant, il sait ses jours comptés. En plusieurs chapitres haletants qui composent une mosaïque contrastée, Roberto Saviano décrit les multiples tentacules de la pieuvre mafieuse. Il rend aussi un hommage bouleversant à son antidote le plus pur : le courage d'avancer, malgré la peur, jusqu'à obtenir justice.
François-Xavier Bellamy : La biographie de Giovanni Falcone par Roberto Saviano. Saviano c'est celui qui a écrit Gomorra. C'est un très beau livre sur le courage d'un magistrat face à la mafia. Et c'est un livre qui n'est pas du tout simpliste. Ce n'est pas blanc et noir, les gentils et les méchants. C'est vraiment un livre sur le courage et sur la peur. Et sur le découragement. Et sur ce que ça veut dire de se sentir presque impuissant face à des tendances profondes à l'œuvre dans une société qu'on ne peut pas se résigner à accepter pourtant. C'est vraiment un très beau livre. J'aime beaucoup Saviano.
Recommandé par : François-Xavier Bellamy (et aussi par Rebecca Manzoni, Augustin Trapenard)
Episode : François-Xavier Bellamy - Dislocation de l’Union européenne ? - Thinkerview
Le Déclin du courage Alexandre Issaïevitch Soljénitsyne
Le 8 juin 1978 Alexandre Soljénitsyne disait aux étudiants de l'université de Harvard : « Non, je ne peux pas recommander votre société comme idéal pour transformation de la nôtre. (…) Nous avions placé trop d’espoirs dans les transformations politico-sociales, et il se révèle qu’on nous enlève ce que nous avons de plus précieux : notre vie intérieure. À l’Est, c’est la foire du Parti qui la foule aux pieds, à l’Ouest la foire du Commerce : ce qui est effrayant, ce n’est même pas le fait du monde éclaté, c’est que les principaux morceaux en soient atteints d’une maladie analogue. »
François-Xavier Bellamy : C'était la meilleure tentative de prospective sur le déclin de l'Occident, c'est Le déclin du courage, le discours de Soljénitsyne à Harvard, c'est un tout petit livre, c'est une conférence. Soljénitsyne va à Harvard après avoir réussi à passer à l'Ouest, et tout le monde s'attend à ce qu'il fasse le grand éloge du modèle démocratique et libéral, et Soljénitsyne regarde ses interlocuteurs et il leur dit "je viens du monde soviétique dont j'ai dénoncé l'effondrement moral, mais en fait vous êtes tout aussi menacé à cause du déclin du courage." Et je pense que ce qu'on vit aujourd'hui c'est d'abord ça, c'est la distance stupéfiante entre ce que les dirigeants savent qu'il faudrait faire et ce qu'ils font à la fin.
Arthur Benzaquen : Ce qu'il y a de beau, c'est qu'on est à l'apothéose du rêve américain, comme d'une solution définitive au maux du monde à cette époque-là. Et lui, Soljénitsyne, qui est accueilli par les États-Unis, antis-russes, antis-communiste, tout ça. Tout le monde s'attend à son discours de Harvard, une espèce de plaidoyer occidental. C'est extraordinaire ce qu'il dit. C'est surtout de se dire qu'on en 2024, qu’il a dit ce discours, je pense que c'est en 1979 ou autre. Et en fait, il nous fait part de l'âme russe, comme d'une vérité. Et surtout, il dit, la fin de l'Occident, c'est-à-dire ce à quoi on assiste en live, on va pas se mentir, on assiste en live à la fin d'une civilisation, à minima de la démocratie, comme celle qu'on est en train de la vivre. En fait, grosso modo, le droit a remplacé la justice. Vous avez aboli la morale en enlevant la religion ou la nation. Il n'y a plus de surmoi. Et donc, à la fin, il n'y a plus de devoirs, il n'y a plus que des droits. Vous allez chacun aller chercher au fur et à mesure vos droits, sans avoir plus aucune notion de devoir. Parce que pour qui ? La nation, c'est vulgaire. Il n'y a plus de Dieu. Il n'y a plus de tout ça. La morale, c'est la justice qui me donnera raison. Donc si j'ai des bons avocats, à la fin, … Et ça, ce sera la fin de l'Occident. Et en fait, on y assiste en plein.
Recommandé par : François-Xavier Bellamy (et aussi par Arthur Benzaquen)
Episode : François-Xavier Bellamy - Dislocation de l’Union européenne ? - Thinkerview
Le savant et le politique Max Weber
La science, la politique : deux vocations profondément divergentes. L'une requiert modestie et disponibilité de l'esprit. L'autre, déchirée entre l'éthique de la conviction et l'éthique de la responsabilité, souffre d'une contradiction nécessaire qui toujours lui interdira la certitude scientifique. Telles sont les lignes directrices de cette profonde analyse, d'une urgence si actuelle à laquelle nous convie le plus grand sociologue allemand de ce siècle.
Benjamin Bayart : C'est très chouette, ça se lit vachement bien, la traduction en français est bien. Donc de Max Weber, Le savant et le politique, ce sont deux conférences qu'il a données au début du 20e siècle, vers 1918-20 par là, l'une sur ce que c'est que le savant et l'autre sur ce que c'est que le politique. Et les deux conférences se répondent l'une à l'autre, le texte se lit très bien, est vachement intéressant. C'est là que tu vas retrouver cette référence sur la revendication de la violence légitime, ou sur l'éthique de responsabilité. Et tu vas voir que c'est extraordinairement intéressant, ce sont des phrases qui sont retournées, détournées, et elles veulent pas du tout dire ce qu'on en fait d'habitude dans le discours politique chez Weber. En particulier, il a plutôt tendance à dire dans son discours que c'est un abus du politique que de dire qu'il détient la violence légitime. Donc tu vois, c'est pas du tout ce qu'on en fait aujourd’hui. Donc ça, vachement intéressant, un petit peu de sociologie, très très chouette, ça se lit bien. C'est un petit bouquin.
Recommandé par : François-Xavier Bellamy (et aussi par Benjamin Bayart)
Episode : François-Xavier Bellamy - Dislocation de l’Union européenne ? - Thinkerview
François-Xavier Bellamy apparait dans les épisodes suivants :
Thinkerview diffusé le 23/10/2025
François-Xavier Bellamy - Dislocation de l’Union européenne ?
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