Le nouveau rapport de force entre la Chine et l’Europe - Le bloc central s’effondre-t-il ? - Le nouvel esprit public
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De Gaulle, la France et le monde : Trente ans d'histoire par la caricature, 1940-1970 : Je voudrais recommander ce recueil de 30 ans de caricatures du général recensées et commentées par Julian Jackson et Alya Aglan, le premier bien connu de nos auditeurs, la seconde, spécialiste de l’histoire de la résistance... Celui à qui Lawrence Durell trouvait « des paupières d’épagneul rêveur » fut surtout, au début de son épopée la cible des dessinateurs britanniques qui égratignèrent le grand homme, son physique, bien sûr, qui leur facilite beaucoup la tâche, mais aussi son insistance à tenir tête à Churchill comme à Roosevelt, qui, en dépit qu’ils en aient, leur impose le respect. Revenu aux affaires, De Gaulle n’est guère épargné par les caricaturistes français. Mais c’est dans la presse internationale que Julian Jackson et Alya Aglan ont puisé l’essentiel de leurs réjouissantes et spirituelles trouvailles. Pour donner la mesure de l’intérêt porté au général par les caricaturistes, je citerai cette adresse au général rédigée par Vicky, le caricaturiste de l’Evening Standard à la veille de sa déclaration de candidature à l’élection de 1965, alors qu’il se plaisait à entretenir un faux suspense : « Cher Monsieur le Président, I see that you will give your decision whether to stand again or not on november the 4th. May I, on behalfof of cartoonists everywhere say that we await your words with great trepidation. We have lost of late some of our dearest subjects : Anthony Eden, Nikita Krouchtchev, Conrad Adenauer. I appeal to you not to resign as this would be the final blow to us. Thanking you in anticipation, I remain yours respectfully ». (Je vois que vous annoncerez votre décision quant à votre candidature le 4 novembre. Permettez-moi, au nom de tous les dessinateurs de presse, de vous dire que nous attendons votre réponse avec une grande appréhension. Nous avons récemment perdu certains de nos sujets les plus chers : Anthony Eden, Nikita Krouchtchev et Conrad Adenauer. Je vous supplie de ne pas démissionner, car ce serait un coup fatal pour nous. En vous remerciant d'avance, je vous prie d'agréer, Monsieur, l'expression de mes sentiments respectueux.) Philippe Meyer
The Philosopher in the Valley : Alex Karp, Palantir and the Rise of the Surveillance State : Je recommande vivement cette biographie d’Alex Karp, un personnage méconnu mais absolument central dans l’écosystème technologique américain. PDG de Palantir, aujourd’hui l’une des entreprises les plus valorisées du monde et un rouage essentiel de l’appareil d’État américain — particulièrement depuis la réélection de Donald Trump — Karp est une singularité dans la Silicon Valley. Là où ce milieu est dominé par des ingénieurs et des commerçants, lui vient de la philosophie et revendique une vision idéologique. Je conseille aussi son essai, The Technological Republic, où il explique que la génération tech des années 2000-2010 s’est perdue dans le consumérisme et doit désormais renouer avec une mission quasi messianique : défendre le peuple américain et la liberté occidentale face aux régimes autoritaires, au premier rang desquels la Chine. Le paradoxe, bien sûr, est que les technologies de Palantir servent massivement à restreindre les libertés, que ce soit dans l’armée israélienne ou dans les services de sécurité américains — mais Karp n’en est pas à une contradiction près. Je recommande ces lectures parce qu’elles éclairent un personnage décisif pour comprendre le monde technologique et géopolitique qui se recompose sous nos yeux. David Djaïz
Alexandre Farnèse : Je voudrais recommander ce livre d’Olivier Poncé, qui vient de recevoir le prix Châteaubriand et que j’ai eu beaucoup de plaisir à défendre au sein du jury. C’est un ouvrage passionnant parce qu’il donne à voir une autre Europe que celle que nous regardons habituellement depuis la France : une Europe lorraine, italo-hispano-flamande, une Europe catholique structurée autour d’un ordre catholique, alors que notre histoire nationale s’est construite en résistance à la domination pontificale. C’est aussi une Europe peu favorable à la France : Farnèse n’a pas bonne presse chez nous parce qu’il a battu Henri IV et qu’il était du côté de la Ligue. Justement, ce décentrement est éclairant : on découvre une Europe d’une richesse politique et culturelle remarquable. Le livre décrit une époque trop oubliée. Nous sommes fascinés par les XVIIème et XVIIIème siècles, où nous étions en position de force ; ici, on découvre un XVIème siècle où nous sommes plus mal assurés, et où apparaissent des figures passionnantes comme Philippe II, beaucoup moins caricatural que ce que l’on croit. Enfin, la personnalité de Farnèse est extrêmement attachante. C’est un grand seigneur, petit-fils de pape et membre de la famille impériale, mais aussi un homme de culture, d’une grande noblesse morale, doté de vraies valeurs militaires, aimé de ses soldats comme des populations qu’il gouverne. C’est un véritable héros politique. Dans un monde où nous sommes trop souvent dirigés par une cohorte de voyous, il est réconfortant de lire le portrait d’un homme de qualité en action dans une Europe troublée. Jean-Louis Bourlanges
L'ours et le dragon : Je voudrais recommander le travail de Sylvie Bermann, qui a été notre ambassadrice à Pékin, et à Moscou, et qui a consacré deux ouvrages essentiels à la compréhension de la Chine et de son environnement stratégique. Le premier, La Chine en eau profonde, publié en 2017, propose une analyse de fond de la philosophie chinoise dans son rapport au monde extérieur. Le second, L’ours et le dragon, paru cette année chez Tallandier, retrace quatre siècles d’histoire entre la Russie et la Chine : crises, rapprochements, retournements d’alliances. Elle montre notamment comment, dans la période récente, la Chine est devenue vis-à-vis de la Russie ce qu’elle est aujourd’hui pour l’Europe : la puissance dominante. Je voudrais citer une phrase de Kissinger qu’elle place au cœur de notre défaite stratégique : « la stabilité du monde dépendait du fait de maintenir de meilleures relations, séparément, avec Pékin et Moscou que ces deux capitales entre elles. » Force est de constater que nous n’y parvenons plus aujourd’hui. Nicole Gnesotto
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