Consommateur ou citoyen : les contradictions françaises - COP 30 - Le nouvel esprit public
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Livres recommandés dans cet épisode :
L'indicible de A à Z : Je voudrais inciter à la lecture ou à la relecture des deux livres de Georges Salines, le père de Lola, l’une des victimes du Bataclan : L’Indicible de A à Z, écrit au lendemain de l’attentat et Il nous reste les mots, dialogues avec AzdyneAmimour père d’un des terroristes du Bataclan. A propos du second de ces ouvrages, Georges Salines a déclaré : « Le livre a suscité beaucoup d’intérêt en France. Il a été traduit en anglais, en italien, en espagnol, en néerlandais… En Allemagne, ils ont fait une adaptation au théâtre. Et parmi les lecteurs, je n’ai quasiment jamais eu de retours négatifs. » La voix de Georges Salines, écrit une professeur de lettre à la veille d’une rencontre entre le père de Lola et des élèves de seconde, répète inlassablement qu’aucune cause, même juste (pas plus palestinienne aujourd’hui qu’algérienne jadis), ne peut justifier le terrorisme et que le terrorisme ne peut par ailleurs être un prétexte pour encourager la peur, les préjugés, la haine, l’amalgame. On ne peut y répondre que par les valeurs de la République. Philippe Meyer
La guerre des mots : Trump, Poutine et l'Europe : Je recommande ce petit essai de Barbara Cassin, écrit avec une vivacité remarquable malgré le sujet inquiétant. Philologue, membre de l’Académie française, elle dissèque les novlangues de Trump et de Poutine, leurs manipulations du langage, leurs réinventions de l’histoire sans rapport avec les faits. Chez Trump, on retrouve un niveau linguistique évalué à celui d’un enfant de dix ans pour le vocabulaire et la grammaire, avec une vulgarité qui relève d’un autre registre. Chez Poutine, c’est plus complexe : il passe de l’argot des bas-fonds de Saint-Pétersbourg à des rhétoriques très travaillées selon ses interlocuteurs, construisant ainsi un récit déconnecté de la réalité. Ce qui me frappe dans l’analyse de Barbara Cassin, c’est l’idée que seule la culture — si l’Europe demeure vraiment ouverte, multilingue et multiculturelle — peut offrir une résistance à ces dérives. Malheureusement, je ne suis pas sûre que nous prenions cette direction. Béatrice Giblin
Tenaces : Pour celles qui ne lâchent rien : Je veux recommander Tenaces, ce recueil de témoignages rassemblés par Anaïs Bouton après son podcast, et publié chez Albin Michel. À première vue, ce n’est pas forcément le livre que l’on s’attendrait à voir surgir dans notre cercle, et j’y suis entré avec une certaine hésitation. Pourtant, j’y ai trouvé quelque chose d’essentiel : ces voix de femmes qui ont tenu bon, chacune à sa manière, dans un contexte où plane évidemment l’onde de choc de Me Too. Ce qui m’a frappé, c’est cette ténacité, cette force obstinée dont nous avons tant besoin aujourd’hui, au moment même où déferle des États-Unis une vague masculiniste préoccupante. Alors, oui : vive les femmes tenaces. Richard Werly
Les preuves de mon innocence : Je recommande le dernier livre de Jonathan Coe, qui me semble un excellent antidote à cette période où l’on glorifie l’autoritarisme et le populisme. C’est une satire décapante de ce qui se passe en Angleterre depuis le Brexit, avec en point culminant cet épisode ahurissant du gouvernement de Liz Truss qui n’a duré que cinquante-neuf jours. Jonathan Coe démonte avec finesse les mécanismes de la post-vérité, qu’elle prenne les traits de Boris Johnson ou de Donald Trump. Et au passage, cela nous rappelle une chose essentielle : lorsque les contre-pouvoirs politiques cessent d’opérer, il arrive que le marché lui-même fasse le travail. Cela a été vrai face à Liz Truss, et c’est encore vrai aujourd’hui face à Donald Trump. Nicolas Baverez
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