Guillaume Bigot : Trahison des chefs, où va la France ? - Thinkerview
Invités dans cet épisode :
Livres recommandés dans cet épisode :
La culture du narcissisme : Un livre que j'avais lu rapidement, trop rapidement et que j'ai relu récemment et que je trouve vraiment très puissant, avec une prescience, une prémonition incroyable. Texte de 79, de sociologue, historien américain assez connu, c'est un peu un classique. Lasch est très étonnant dans ses prémonitions. Je recommande à tout le monde de lire ce texte. Il y a une anticipation, justement, je reviens un peu à cette idée d'une société sans surmoins. En fait, qu'est-ce que ça peut donner une société qui essaye de fonctionner de manière totalement narcissique en considérant que les individus, voilà, ne sont plus sous une loi commune.
Voyage au centre du malaise français : Texte qui avait fait polémique à l'époque. Et qui est un texte qui pose une question d'une actualité brûlante. Qu’est-ce qu’il se passe si on attaque, sous couvert de SOS Racisme, de retour aux origines, de valoriser les origines des immigrés, en creux, dis Yonnet, c'est quand même une mise en cause de ce qui fait le creuset français, de ce qui fait l’affectio societatis français, de ce qui fait un peu la marque de fabrique ou la signature de la nation française. C'est évidemment quelque chose de très abstrait et de très subjectif. C'est l'idée que la France ne connaît que des citoyens égaux. Il explique ça, valoriser dans un contexte de montée de l'extrême droite, on est dans les années 80, et de montée parallèle d'S.O.S Racisme, qui valorise les origines. On est en train d'abîmer vraiment le récit national. Et Yonnet dit qu'il y a quand même quelque chose de très dangereux là-dedans, il ne parle pas de guerre civile, mais il dit qu'effectivement, on va vers des temps très troubles.
Fascination du djihad : Fureurs islamistes et défaite de la paix : Il a travaillé beaucoup sur les grandes invasions musulmanes et les invasions de la steppe. La fascination du djihad, c'est absolument fascinant. C'est un livre qui s'appuie beaucoup sur la pensée d'Ibn Khaldun, probablement le père de tous les sociologues, ce grand penseur du monde arabo-musulman, qui a à peu près l'âge de la Renaissance pour nous. Ce que raconte Ibn Khaldun, que reprend Martinez-Gros, c'est qu'une société ne peut fonctionner finalement que si elle a une cohésion, on revient à cette idée d'intérêt général, elle a une cohésion forte et elle est prête à défendre les armes à la main, cette cohésion, et elle est toujours consciente que l'inimitié, la guerre, peuvent être de retour. Et pourquoi il est fait référence à Ibn Khaldun ? Parce qu'Ibn Khaldun a vécu l'effondrement de ces sociétés, notamment en Andalousie, des sociétés issues d'une conquête, de peuples du désert, très aguerris, qui avaient conquis des sociétés, qui se sont aujourd'hui, on dirait un peu embourgeoisées, empâtées, et qui finalement, 3, 4, 5 générations après, n'étaient plus en mesure de se défendre, et qui veut la paix prépare la guerre, et comme ils n'étaient plus en mesure de se défendre, comme finalement, ils n'avaient plus le terme arabe, c'est d'asabiyya, de cohésion, de force de cohésion, mais en même temps de croyance très forte, qui les reliait entre eux, et qui leur permettait d'avoir une raison d'aller à la guerre ensemble, finalement, comme cet asabiyya c'était effondré, et bien ces empires se sont effondrés. Et voilà, c'est ce que rappelle Martinez-Gros dans ce texte, et ça me fait penser à cette expression qui est très à la mode, qui est le "Vivre ensemble", et je pense que ce texte de Gabriel Martinez-Gros, il traite de cette question, de l'expression du "Vivre ensemble", il dit "y a pas de vivre ensemble", en fait, il y a une société qui ne peut tenir, que si ceux qui habitent ensemble dans la cité ou dans la société donnée, sont capables de mourir côte à côte, pour un bien commun ensemble. Si ce bien communs disparait, ils ne sont pas capables de se défendre les uns à côté des autres, et bien la cité disparaît, et il n'y a pas de vivre ensemble, il y aura un mourir séparément.