Livres recommandés par Audrey Vernon
Fermentation Rébellion : Petite philosophie de la fermentation Thien Uyen Do
La fermentation existe partout. Un tiers des produits que nous consommons en sont issus ! Ce processus naturel de transformation des aliments grâce aux bactéries et aux moisissures est une pratique low tech ancestrale qui permet de conserver des aliments, de les rendre aussi plus digestes et savoureux. Depuis quelques années, par souci d'hygiène, nous cherchons à éliminer tous les germes de notre environnement, sans distinction. Or, l'immense majorité des micro-organismes sont bénéfiques pour notre santé et nos écosystèmes ! La richesse de notre diversité microbienne influence notre identité : nous sommes ce que nous mangeons. Et ce que nous mangeons façonne le monde. La fermentation nous invite à entrer en relation avec le vivant, elle questionne notre manière d'habiter notre planète, de « faire société ». À la fois écologique, politique et sensible, elle agit de façon performative pour une philosophie de la transformation. À travers cette pratique joyeuse et créative, Uyen nous invite dans cet essai incarné et passionnant à changer notre regard sur le monde, visible et invisible.
Audrey Vernon : J'ai choisi de lire quelques extraits d'un livre de Thien Uyen Do, qui résonne avec mes questionnements autour de la subsistance et des savoirs non transmis. J'ai retrouvé plein de copains dans ce livre et une pensée politique passionnante... autour de pratiques oubliées.
Recommandé par : Audrey Vernon
Episode : Thien Uyen Do - Fermentation Rébellion - Big Books
La Ruée minière au XXIe siècle Celia Izoard
Une nouvelle ruée minière d'une ampleur inédite a commencé. Au nom de la lutte contre le réchauffement climatique, il faudrait produire en vingt ans autant de métaux qu’on en a extrait au cours de toute l’histoire de l’humanité. Ruée sur le cuivre en Andalousie, extraction de cobalt au Maroc, guerre des ressources en Ukraine, cette enquête sur des sites miniers du monde entier révèle l’impasse et l'hypocrisie de cette « transition » extractiviste.
En analysant la nouvelle géopolitique minière, Celia Izoard met au jour un autre enjeu : répondre aux besoins en métaux colossaux du numérique, de l’aérospatiale ou de l’armement, dans un monde où les industries occidentales rivalisent avec les superpuissances des ressources que sont devenues la Chine et la Russie.
Sous la bannière de la « civilisation », du « développement », la mine a joué un rôle structurant dans l’expansion du capitalisme. À l'ère de la « transition », comment dépasser ce régime minier auquel les élites ont suspendu notre destin ?
Celia Izoard est journaliste et philosophe, spécialiste des nouvelles technologies au travers de leurs impacts sociaux et écologiques. Elle est l’autrice de Merci de changer de métier. Lettre aux humains qui robotisent le monde (Éditions de la Dernière lettre, 2020) et co-autrice de La machine est ton seigneur et ton maître (Agone, 2015). Elle a retraduit et postfacé 1984 de George Orwell (Agone, 2021).
Audrey Vernon : J'ai découvert Celia Izoard quand on m'a offert son livre précédent : “Merci de changer de métier - Lettres aux humains qui robotisent le monde”.
Son nouveau livre “La Ruée minière au XXIe siècle” vous encouragera à laisser tomber vos smartphones et vos envies de voitures électriques.
Recommandé par : Audrey Vernon
Episode : Celia Izoard - La Ruée minière au XXIe siècle - Big Books
Nous autres réfugiés Hannah ARENDT
Depuis la Seconde Guerre mondiale, le “réfugié” préfère en général l’appellation de “nouvel arrivant” ou d’“immigré”, pour marquer un choix, afficher un optimisme hors pair vis-à-vis de sa nouvelle patrie. Il faut oublier le passé : sa langue, son métier ou, en l’occurrence, l’horreur des camps. Elle-même exilée aux États-Unis au moment où elle écrit ces lignes dans la langue de son pays d’adoption, Hannah Arendt exprime avec clarté la difficulté à évoquer ce passé tout récent, ce qui serait faire preuve d’un pessimisme inapproprié. Pas d’histoires d’enfance ou de fantômes donc, mais le regard rivé sur l’avenir. Mais aux yeux de ces optimistes affichés, la mort paraît bien plus douce que toutes les horreurs qu’ils ont traversées. Comme une garantie de liberté humaine.
Audrey Vernon : Ce texte je l'adore, il est écrit en 1943 quand Hannah Arendt vient de s'installer à New York. Il est d'avant la découverte d'Auschwitz et d'avant sa passion pour "trifouiller les droits de l'homme" qui seront une partie du travail de son ouvrage “Les Origines du totalitarisme”.
J'aime ce texte parce que c'est un document de première main. De celle qui fuit avec son mari et ses amis (Benjamin, Anders, Brecht...) depuis 1933.
Elle a connu le camp de Gurs, le transit par Marseille, le Portugal, l'impression de cul-de-sac de l'Europe.
Recommandé par : Audrey Vernon
OK chaos Leïla Chaix
« Derrière le pouvoir, il y a la peur. La peur de : la ruine, des animaux, des bactéries, des femmes, du sexe, des insectes, des enfants, de la maladie, de l'amitié, de la nourriture épicée, des odeurs de la pourriture, de la sorcellerie, de la magie, du sang menstruel, de la graisse, de la paresse, du communisme, de l'orgueil, du plaisir, des larmes, et de beaucoup d'autres choses jusqu'à ce qu'on en arrive (encore) à la communauté. » OK chaos de Leïla Chaix est un anti-journal intime. Recueil de scènes, de chroniques et de poèmes tous sentimentaux et viscéraux, pour interrompre, interroger, amplifier, retourner les tumultes de son temps.
Recommandé par : Audrey Vernon
Episode : Leïla Chaix - OK CHAOS - Big Books
Face à la menace fasciste Ludivine Bantigny, Ugo Palheta
Une analyse implacable du tournant autoritaire inédit pris sous le quinquennat de Macron et de la menace fasciste qui l'accompagne, c'est ce que proposent Ludivine Bantigny et Ugo Palheta dans cet ouvrage. Car si Macron a été élu pour faire barrage à l'extrême- droite, c'est aux fascistes qu'il ferait aujourd'hui la courte échelle. Avant que d'autres mesures anti-démocratiques ne nous soient imposées au pas de charge, les deux auteurs entrent en résistance et nous donnent des pistes pour affronter la menace grandissante.
Recommandé par : Audrey Vernon
Episode : Ludivine Bantigny et Ugo Palheta - Face à la menace fasciste, Battre l'extrême droite - Big Books
Comme nous existons Kaoutar Harchi
Ce récit retrace le cheminement sensible, intellectuel et politique d’une enfant de l’immigration postcoloniale, née dans l’Est de la France en 1987. L’autrice y revisite son passé, les événements et expériences qui ont constitué sa pensée d’aujourd’hui, formé son existence sociale.
Dans cette enquête intersectionnelle, Kaoutar Harchi, narratrice et personnage de ce livre, raconte ce que grandir dans les années 1990 veut dire pour elle, son quartier, cette enfance tendre mais laborieuse entourée de ses parents aimants. Mais aussi leur décision à eux, soudain, de mettre leur fille à l’abri d’un danger qu’ils ne nommeront jamais en l’inscrivant dans un collège catholique de l’autre côté de la ville. C’est là qu’un double chemin de vie s’offre à elle.
À la sortie du lycée, sans jamais tourner le dos aux siens et pour mieux les retrouver, Kaoutar Harchi se lance dans une formation d ’intellectuelle critique. Celle qui va lui permettre de décrire aujourd’hui, dans ce texte nécessaire mû par un désir de justice et d’égalité, les rapports de pouvoir de classe, de genre et de race, qui marquent durablement les existences.
Audrey Vernon : Pour cette rentrée, j'ai choisi de vous lire quelques extraits d'un récit qui raconte un lien au savoir, à la compréhension et à l'intelligence qui m'ont semblé résonner avec ce que nous traversons en ce moment.
Ce récit parle aussi de la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré en 2005 et de l'impact que cet évènement a eu sur les mères à l'époque.
Je ne vais pas trop expliquer pourquoi j'ai choisi ce texte...
Je vous laisse découvrir.
Recommandé par : Audrey Vernon
Entre le monde et moi : Lettre à mon fils Ta-Nehisi Coates
"Voici ce que j'aimerais que tu comprennes : dans ce pays, annihiler le corps noir est une tradition, et cette tradition fait partie du patrimoine national. Je ne souhaitais t'élever ni dans la peur ni dans le mensonge. Je voulais éveiller ta conscience. J'ai donc décidé de ne rien te cacher." Dans cette lettre adressée à son fils de 15 ans et rédigée dans le contexte des mobilisations de Black Lives Matter, Ta-Nehisi Coates décrit la violence raciste de la société américaine et revient sur le parcours qui lui a permis d'en prendre conscience. Il observe comment la fiction de la race a gangrené les États-Unis sans jamais cesser de peser sur les femmes et les hommes noirs, et s'interroge sur la possibilité de se libérer du fardeau de l'histoire en jetant une lumière crue sur les sociétés contemporaines. Cette nouvelle traduction, précédée d'une préface inédite de l'auteur, remet à l'honneur ce classique contemporain.
Audrey Vernon : Ta-Nehisi Coates m'a aidé à écrire mon dernier spectacle... Billion dollar baby... Ex "Chair à canon".
J'ai déjà consacré à ce livre un épisode précédent du podcast. "Entre le monde et moi" est ressorti aux éditions Autrement.
J'an ai profité pour lire la préface inédite qui raconte l'histoire du titre... Ce livre est un livre culte pour moi, je rêve d'en faire une lecture chorale dans un théâtre... (appel à l'univers).
Cette façon de s'adresser à un enfant m'a beaucoup inspirée, il y a certaines phrases dont la mélodie m'a hantée au point de la copier...
"Je suis désolé de ne pas pouvoir arranger tout ça, je suis désolé de ne pas pouvoir te sauver mais pas si désolé que ça dans le fond" est devenu chez moi : "Je ne peux rien te promettre car il n'y a aucune promesse que je sois sûre de tenir mais je peux te jurer qu'on est nombreux".
Il y a aussi un long passage fantastique sur Tolstoi... On a la même obsession sur Léon... Avec Disiz la Peste aussi...
Peut-être ne verrez-vous pas le lien mais voilà, je suis heureuse de vous proposer cette lecture de ce texte qui m'a tellement apporté...
Recommandé par : Audrey Vernon
Episode : Ta-Nehisi Coates - Entre le monde et moi - Big Books
Les Frères Karamazov Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski
L’odieux Féodor Karamazov est assassiné. De ses trois fils – Dimitri le débauché, Ivan le savant et l’ange Aliocha –, tous ont pu le tuer, tous ont au moins désiré sa mort.
Drame familial, drame de la conscience humaine, interrogations sur la raison d’être de l’homme, tableau de la misère, de l’orgueil, de l’innocence, de la Russie au lendemain des réformes de 1860, orgies, miracles, la richesse de ce roman de Dostoïevski, son dernier, et considéré comme son chef-d’œuvre, ne sera jamais épuisée.
Le génie de Dostoïevski est à ce point divers que Nabokov a même osé écrire : « N’oublions jamais que Dostoïevski est avant tout un auteur de romans policiers… un maître du suspens. »
Audrey Vernon : J'ai décidé de vous lire cet extrait qui s'appelle "Riot" en Russe, "Révolte" en français, qui précède Le Grand Inquisiteur, passage très connu des Frères Karamazov de Dostoïevski.
J'ai décidé de vous le lire parce que c'est un passage qui m'obsède depuis le 7 octobre et ce massacre d'enfants, de femmes, de civils qui continue depuis.
Les images traumatisantes m'ont donné envie de lire cet extrait...
Recommandé par : Audrey Vernon (et aussi par Charles-Henri Gallois, Renaud Van Ruymbeke)
Episode : Fiodor Dostoïevski - Riot (extrait des Frères Karamazov) - Big Books
Endgame : Tome 1, Le problème de la civilisation Derrick Jensen
Dans Endgame, l'écrivain écologiste Derrick Jensen expose en quoi la civilisation ? le mode de vie urbain, stratifié en classes sociales, désormais technologique et industriel ? constitue une catastrophe humaine et environnementale. Au travers d'un style narratif singulier, brassant anecdotes personnelles, commentaires de faits d'actualité et d'évènements historiques, analyses psychologiques, économiques, politiques ou encore réflexions anthropologiques, il examine la violence et la destructivité de la civilisation à travers les époques, leurs causes et leurs effets, et leurs aboutissements probables. Et toujours avec une pointe d'humour.
Audrey Vernon : Dans Endgame, l’un des livres pour lesquels il est le plus connu, Derrick Jensen met au jour la violence et la destructivité de la civilisation, avec un style narratif singulier, brassant anecdotes personnelles, commentaires de faits d’actualité et d’évènements historiques, analyses psychologiques, économiques, politiques, humour et réflexions anthropologiques.
Violences physiques (guerres, répression et autres), violences psychologiques, violences contre les femmes et les filles en particulier, inégalités sociales massives, déforestation, pollutions diverses et variées, dégradations des sols, des eaux, de l’atmosphère, réchauffement climatique (écocide), destruction de la diversité culturelle humaine (ethnocide), la liste est longue des maux qui, à travers les époques, accompagnent le développement des civilisations, et désormais de la civilisation industrielle mondialisée.
Dans ce premier volume d’Endgame, intitulé Le problème de la civilisation, Derrick Jensen examine les causes et les conséquences de ces maux, et l’aboutissement dramatique vers lequel la civilisation industrielle nous emporte. Il expose ainsi en quoi la civilisation — le mode de vie urbain, stratifié en classes sociales, désormais technologique et industriel — constitue une catastrophe humaine et écologique, à arrêter de toute urgence.
Recommandé par : Audrey Vernon
Episode : Derrick Jensen - Endgame - Big Books
Manifeste pour l'invention d'une nouvelle condition paysanne L'Observatoire de l'évolution
Le capitalisme avait donc dissous tous les communismes. Et pour rassurer les humains, il leur avait dit qu’ainsi ils seraient libres. Mais la liberté individuelle s’était révélée n’être qu’une impuissance individuelle. Et multipliée à l’infinie elle ne faisait qu’une impuissance collective qui empoisonnait l’espèce tout entière. Ce travail amorcé en 2008 par l’Observatoire de l’évolution est une contribution à la refondation du politique à laquelle les humains sont nécessairement tenus pour préserver une vie sur Terre non machinale et éviter de se retrouver ensevelis sous un champ de ruines sociales. En premier lieu, il s’agit de comprendre la raison et la force de ce qui arrive, puis le moyen d’y faire face. L’hypothèse est que la société industrielle, en tant que société de masse, n’est pas réformable. La voie d’une réhabilitation du politique se trouve donc en partie dans une détermination à vivre autrement qu’en suivant les injonctions de la puissance dominante, et dans le renoncement aux anciennes formes de l’engagement. Ce qui suppose d’inventer de nouvelles modalités de vie, sans attendre un changement social généralisé. Une vie humaine désirable a besoin de s’ancrer dans des territoires habitables. Ce n’est qu’à partir de là qu’il devient possible de formuler les questions existentielles fondamentales. C’est par l’invention d’une nouvelle condition paysanne que l’humain sera en mesure d’œuvrer à satisfaire ses besoins essentiels et pourra tenter de rétablir un tissu de relations harmonieuses avec ce qui l’entoure.
Recommandé par : Audrey Vernon
Episode : Manifeste pour l'invention d'une nouvelle condition paysanne - Big Books
Danger d'extinction Noam Chomsky
Alors que le 6 août 1945, l'humanité entrait dans l'ère nucléaire, il est devenu clair que tout espoir de maîtriser une escalade guerrière capable de mettre fin à la vie humaine devrait passer par la coopération internationale. De même, toute mesure permettant de contenir efficacement les effets de la catastrophe environnementale doit être de portée mondiale. Croisant l'analyse de la menace nucléaire et l'ère de l'Anthropocène, Chomsky montre comment ces périls à l'existence humaine évoluent et interagissent. Il plaide l'urgence de conclure et mettre en oeuvre des traités internationaux sur le climat et l'armement. Partout dans le monde, des mouvements populaires se mobilisent pour contraindre les gouvernements d'être à la hauteur de ce défi sans précédent qui met la civilisation en péril.
Audrey Vernon : L'ouvrage de 120 pages est sous-titré "Changements climatiques et menace nucléaire", car il rappelle notre capacité à l'autodestruction et alerte sur la sixième extinction de masse...
Recommandé par : Audrey Vernon
J'étouffe Raoul Peck
"Ce matin, en me levant... J'ai pleuré. Je pensais qu'un autre monde était possible, sans qu'on ait à mettre le feu partout. Maintenant je n'en suis plus sûr du tout."
Audrey Vernon : C’est un texte bouleversant que Raoul Peck a écrit suite au meurtre, par un policier, de George Floyd, aux États-Unis. “Ce n’est cependant pas de l’Amérique dont je désire vous parler. Mais de la France”. Et du déni français... dont “ses enfants ’’adultérins’’ ne veulent plus attendre. Ses enfants noirs, blancs, jaunes, arc-en-ciel s’agitent”.
Recommandé par : Audrey Vernon
Episode : Raoul Peck - J'étouffe - Big Books
La puissance des mères Fatima Ouassak
Un essai puissant et nécessaire qui invite à considérer un nouveau sujet politique et révolutionnaire?: les mères des quartiers populaires.
Dans ce livre combatif et plein d'espoir, Fatima Ouassak montre le potentiel politique stratégique des mères. En se solidarisant systématiquement avec leurs enfants, en refusant de jouer un rôle de tampon entre eux et la violence des institutions, bref, en cessant d’être une force d’apaisement social et des relais du système inégalitaire, elles se feront à leur tour menaces pour l’ordre établi.
Ce livre a l’ambition de proposer une alternative politique portée par les mères, autour d’une parentalité en rupture alliant réussite scolaire et dignité, et d’un projet écologiste de reconquête territoriale. Son message est proprement révolutionnaire : en brisant le pacte social de tempérance qui les lie malgré elles au système oppressif, les mères se mueront en dragons.
Fatima Ouassak est politologue, cofondatrice du Front de mères, premier syndicat de parents d’élèves des quartiers populaires, et préside le réseau Classe/Genre/Race, qui lutte contre les discriminations subies par les femmes descendantes de l’immigration postcoloniale. La Puissance des mères est son premier livre.
Recommandé par : Audrey Vernon
Episode : Fatima Ouassak - La puissance des mères - Big Books
Guérir du mal de l'infini Yves-Marie Abraham
Nous sommes de plus en plus nombreux à comprendre qu'il n'y aura pas de «?développement durable?» et à envisager la « décroissance » comme seule manière d'arrêter la catastrophe en cours. Mais que porte ce mouvement et courant de pensée aux visages multiples? Synthèse claire et originale des réflexions qui s'inscrivent dans cette perspective, Guérir du mal de l'infini est aussi un convaincant plaidoyer pour refuser la croissance et envisager la transition d'un monde essentiellement basé sur l'entreprise vers un monde fondé sur les communs. Car le problème que pose la course à la croissance illimitée n'est pas seulement qu'elle détruit ce qui rend nos vies possibles, c'est aussi qu'elle nous éloigne sans cesse davantage de la liberté et de l'égalité qui nous ont été promises. Tel est le « mal de l'infini ». Pour en guérir, les prières aux gouvernements et les incantations vertueuses ne suffiront pas. Une vraie bataille est à mener, sur plusieurs fronts, et ce livre offre un moyen de s'armer pour avancer sur celui des idées.
Audrey Vernon : Yves-Marie Abraham est professeur à HEC Montréal, où il enseigne la sociologie de l’entreprise et mène des recherches en sociologie de l’économie. Il est l’une des figures les plus en vue du mouvement de la décroissance au Québec.
Recommandé par : Audrey Vernon
Episode : Yves-Marie Abraham - Guérir du mal de l'infini - Big Books
Pour une anthropologie anarchiste David Graeber
L’anarchisme, en tant que philosophie politique, est en plein essor. De fondement de l’organisation dans le mouvement altermondialiste qu’ils étaient, les principes anarchistes traditionnels ― autonomie, association volontaire, autogestion, entraide, démocratie directe ― en sont venus à jouer ce rôle dans des mouvements radicaux de toutes sortes dans le monde entier.
Et pourtant, cela n’a eu presque aucun écho dans le milieu universitaire. Les anarchistes interrogent souvent les anthropologues sur leurs idées quant aux diverses façons d’organiser la société sur des bases plus égalitaires, moins aliénantes. Les anthropologues, terrifiés à l’idée de se voir accusés de romantisme, n’ont pour seule réponse que leur silence. Et s’il en était autrement ?
« On peut penser, à tout le moins, qu’être un professeur ouvertement anarchiste signifierait, remettre en question la façon dont les universités sont gérées ― cela non pas en demandant un département d’études anarchistes ―, ce qui, bien sûr, lui attirerait beaucoup plus d’ennuis que tout ce qu’il pourrait écrire par ailleurs. »
Recommandé par : Audrey Vernon
Episode : David Graeber - Pour une anthropologie anarchiste - Big Books
La raison des plus forts : Chroniques du procès France Télécom Eric Beynel
Le 6 mai 2019 s'est ouvert le procès France Télécom. Didier Lombard, ex-président du groupe, comparaissait aux côtés de son ancien bras droit, Louis-Pierre Wenès, et de l'ex-directeur des ressources humaines Olivier Barberot pour des faits de harcèlement moral ayant conduit à de multiples suicides entre 2007 et 2010. Au premier rang des parties civiles, le syndicat Sud Solidaires, à l'origine de la plainte contre la direction de l'entreprise en 2009. Porte-parole du syndicat, Éric Beynel a lancé une démarche éditoriale inédite de suivi du procès conviant chaque jour une personnalité (scientifique, écrivain, chercheur, artiste), à écrire ou dessiner un « rapport d'étonnement ». Ces contributions ont été mises en ligne quotidiennement par le syndicat, en collaboration avec le journal en ligne Basta. Qu'ils soient écrits par un auteur de polar ou un juriste, ces textes dégagent une incroyable puissance. En mettant en scène ces chroniques, ce livre propose un véritable objet de littérature, chaque audience constituant un épisode haletant, une plongée dans l'espace ritualisé, tragique, du tribunal, dans la salle 2.01 du palais de Justice flambant neuf de la porte de Clichy. À gauche le camp des avocats des parties civiles, à droite celui des prévenus, qui déborde d'avocats, deux fois plus nombreux. Au centre des débats, des hommes, des femmes immolés, défenestrés sur leurs lieux de travail, pendus à leur domicile... Les dirigeants de France Télécom paraissant patauger dans leurs explications, et leurs contradictions...
Audrey Vernon : Un épisode un peu spécial : "La raison des plus forts, Chroniques du procès France Telecom", coordonné par Eric Beynel, et dans lequel j'ai écrit. Et ce qui est dedans a une énorme valeur émotionnelle.
Recommandé par : Audrey Vernon
Episode : La raison des plus forts, coordonné par Eric Beynel - Big Books
Portrait du colonialiste Jérémie Piolat
Le Portrait du colonialiste s'ouvre sur le constat de la disparition des pratiques culturelles populaires, notamment des chants et des danses, dans le monde occidental. Jérémie Piolat postule que l'inconscient colonial et raciste, dont le mépris se manifeste tant dans les discours que dans les gestes, s'est logé dans les corps des Européens de l'Ouest , corps désormais privés des virtuosités dont jouissent encore la grande majorité des cultures extra-occidentales. Au fil des vingt récits, tour à tour philosophiques, historiques et anthropologiques, qui composent cet essai, les questionnements de l'auteur émergent : avant de devenir des Blancs euro-centrés, les peuples d'Europe auraient-ils subi une certaine forme de colonisation intra-européenne les rendant disponibles à la haine de tout altérisé ? La destruction des cultures européennes a-t-elle constitué un préalable aux ravages coloniaux perpétrés sur les autres continents et à l'émergence du capitalisme ?
Audrey Vernon : J’ai choisi ce texte parce qu’en ce moment, je me pose beaucoup la question de la transmission, de notre culture commune, entre Netflix et youtube, les marques qui sont partout autour de nous, j’ai l’impression que nous n’avons plus grand chose à transmettre et à raconter. Ce texte parle des cultures populaires qui ont dû exister chez nous et qui ont disparues… Jérémie Piolat est anthropologue des migrations.
Recommandé par : Audrey Vernon
Episode : Jérémie Piolat - Portrait du colonialiste - Big Books
Les Narcisse Marie-France Hirigoyen
Dans un monde toujours plus compétitif, les Narcisse ont pris le pouvoir. Notre société de performance et de consommation pousse les individus à se centrer toujours plus sur eux-mêmes, renforçant leurs traits narcissiques et sélectionnant les plus ostensibles pour les plus hauts postes. Comme Narcisse contemplant son reflet dans l'étang, de plus en plus de personnes, accros à leurs écrans et aux réseaux sociaux, n'existent que dans le regard de l'autre.
Marie-France Hirigoyen pointe la confusion entre le narcissisme sain, qui permet d'avoir suffisamment confiance en soi pour s'affirmer, et le narcissisme pathologique consistant à se mettre en avant aux dépens des autres. Elle invite à mieux comprendre ce qu'est cette pathologie afin d'en repérer les dérives et de contrer l'ascension des Narcisse tout-puissants.
Recommandé par : Audrey Vernon
Episode : Marie-France Hirigoyen - Les Narcisse : ils ont pris le pouvoir - Big Books
Une colère noire : Lettre à mon fils Ta-Nehisi Coates
"Voilà ce qu'il faut que tu saches : en Amérique, la destruction du corps noir est une tradition - un héritage. Je ne voudrais pas que tu te couches dans un rêve. Je voudrais que tu sois un citoyen de ce monde beau et terrible à la fois, un citoyen conscient. J'ai décidé de ne rien te cacher."
Recommandé par : Audrey Vernon
Episode : Ta-Nehisi Coates - Une colère noire : lettre à mon fils - Big Books
Baise ton prochain : Une histoire souterraine du capitalisme Dany-Robert Dufour
Les thèses ne manquent pas pour expliquer le surgissement du capitalisme et ses conséquences. Or il se trouve qu’au cours de ses recherches, Dany-Robert Dufour a eu accès à un texte sidérant intitulé “Recherches sur l’origine de la vertu morale” (1714). Écrit à l’aube de la première révolution industrielle, en complément de la fameuse “Fable des abeilles”, ce texte clé a infusé toute la pensée économique moderne, d’Adam Smith à Friedrich Hayek.
“Fini l’amour du prochain !” déclare Bernard de Mandeville. Il faut désormais s’en remettre à ceux qu’il appelle “les pires d’entre les hommes”, ceux qui veulent toujours plus quels que soient les moyens employés.
Trois siècles plus tard, il s’avère qu’aucune autre idée n’a autant transformé nos vies. Le monde est infiniment plus riche. Mais le prix à payer en est exorbitant : aggravation des inégalités et altération des conditions de vie sur terre. Dans cette fine analyse, Dany-Robert Dufour décèle toutes les failles d’un système qui a longtemps montré sa supériorité, mais qui pourrait bien nous faire tout perdre aujourd’hui.
Recommandé par : Audrey Vernon
Episode : Dany-Robert DUFOUR - Baise ton prochain : une histoire souterraine du capitalisme - Big Books