Les défis intérieurs - Le nouvel esprit public
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Livres recommandés dans cet épisode :
L'ours et le dragon : Je voudrais recommander ce livre de Sylvie Bermann, qui porte sur les rapports de la Russie et de la Chine pays dans lesquels Sylvie Bermann a représenté la France. Ces rapports ont une histoire longue dont l'autrice retrace ce qui peut être utile à une compréhension de leur état actuel, ils ont aussi une histoire récente, marquée par une ambiguïté derrière la façade d'une adhésion commune au communisme. Après avoir été le grand frère est même le tuteur de la Chine, la Russie se retrouve aujourd'hui dans une situation économique et industrielle très inférieure à celle de son ancienne protégée. Que leur reste-t-il de vision et d'intérêt partagés ? Comment prétendent-elles l'une et l'autre poursuivre leur rêve impérial et quels jeux jouent-elles avec l'autre empire, celui que conduit désormais Donald Trump ? Philippe Meyer
Europes : une histoire personnelle : Je voudrais signaler ce livre d’un éminent universitaire anglais, Timothy Garton Ash. L’auteur est né en 1955, il appartient à la même génération que moi, porte en lui toute l’histoire des soixante-dix dernières années, et il vit une double souffrance. D’un côté, il est britannique et profondément pro-européen, ce que son père n’était pas. Conservateur, très réservé vis-à-vis de la construction européenne, le père estimait appartenir à un pays qui, bien qu’européen par l’histoire et par la géographie, ne se vivait pas comme tel. Le Brexit a donc été, pour Timothy Garton Ash, un drame personnel, une immense douleur. En même temps, en tant qu’Européen convaincu, il ressent une autre forme de souffrance, que nous partageons tous aujourd’hui : l’extrême difficulté qu’a l’Europe — et je ne parle pas seulement de l’Union européenne, mais bien des peuples européens dans leur ensemble — à survivre, à exister, à peser d’un poids réel dans un monde qui tend à ignorer, voire à marginaliser notre continent. C’est cette double douleur qui traverse son livre. Mais ce qui le distingue, par exemple, de quelqu’un comme moi, c’est que moi, quand je parle d’Europe, je parle des institutions, de la place de la Commission … des sujets qui, pour tout dire, n’intéressent pas grand monde. Tandis que lui adopte une approche profondément personnelle. Il livre des témoignages. Il a tout vu, il est allé partout : en Pologne, dans les Balkans, dans tous les pays concernés. Il rencontre des gens, raconte ce qu’il observe. C’est une Europe charnelle. Le livre témoigne de cette formidable expérience européenne, dont je crains, hélas, qu’elle ne soit aujourd’hui sérieusement menacée par la violence du monde. Jean-Louis Bourlanges
La Meute : Je me suis plongé dans le livre dont tout le monde parle ces jours-ci. Il s’agit d’un ouvrage consacré à la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, écrit par Charlotte Belaïche et Olivier Perroux. D’abord, je trouve extrêmement utile, dans le débat politique français, ce type d’enquête approfondie sur une formation politique. Et, quelque part, je rêverais qu’on ait, d’ici 2027, l’équivalent pour chacun des grands partis. La Meute devrait donner envie à d’autres journalistes de se lancer dans cet exercice, car ce que les auteurs nous dévoilent des coulisses de LFI est passionnant et instructif. On comprend bien comment cette machine s’est mise en marche et le rôle central qu’y joue Jean-Luc Mélenchon. Mais le livre me paraît avoir de deux failles. La première, c’est qu’il est évident que les auteurs voulaient au départ faire une biographie à charge de Mélenchon. On sent pourtant qu’ils n’y sont pas tout à fait parvenus, et qu’ils ont bifurqué vers un portrait plus collectif du parti. On reste donc un peu sur notre faim : on aurait aimé une enquête plus fouillée sur ce personnage, qui vit uniquement pour la politique, et entièrement pour elle. Deuxième faiblesse : le livre montre bien à quel point Mélenchon a su tirer parti de la faiblesse de ses adversaires — voire de ses anciens alliés. Mais sans toujours l’analyser. Ce qui frappe, c’est son opportunisme, sa capacité à saisir l’instant, à trahir quand il le faut, puis à revenir quand il le faut. Cela laisse penser au lecteur — car c’est l’une des conclusions du livre — qu’il sera sans doute candidat en 2027. Et qu’il ne faut surtout pas sous-estimer cette candidature : contrairement à ce que beaucoup imaginent, il sera un candidat redoutable, face auquel il sera très difficile, pour la gauche, de faire émerger une alternative crédible. Richard Werly
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