Livres recommandés par Philippe Trétiack

"Au départ, ce livre devait raconter l'histoire de ma grand-mère et de sa soeur, qui ont élevé ensemble leurs enfants dans une énorme maison edwardienne du nord de Londres dans les années 1940." Rachel Cockerell, dans sa préface, explique comment ce qu'elle imaginait être un bref détour vers le mystérieux parcours de son arrière-grand-père, David Jochelmann, l'a entraînée vers une tout autre histoire, celle de Theodor Herzl et Israël Zangwill, du Ier congrès sioniste de Bâle en 1897 et du méconnu mouvement de Galveston, expérience de transplantation de milliers de Juifs d'Europe dans un port du Texas. Ainsi, sur la piste familiale, se dessinent la naissance du sionisme, l'invention de l'Amérique à l'heure du melting pot et les balbutiements du théâtre d'avant-garde new-yorkais. Rachel Cockerell confie le récit à ses protagonistes. Elle tresse avec art et jubilation les extraits de presse, de lettres, de discours, de mémoires et d'entretiens qui constituent la matière du livre - aux voix oubliées se mêlent celles de Stefan Zweig, John Dos Passos, Theodore Roosevelt ou Winston Churchill. La manne documentaire s'anime, la conversation s'enflamme et nous fait vivre l'Histoire au présent.

Philippe Trétiack : Je trouve que c'est un livre absolument passionnant parce que ça raconte en gros la tentative de trouver pour les juifs de Russie un lieu d'ancrage et on passe dans ce livre à la fois des congrès de début du sionisme à Bâle mais on passe en Ouganda, on se retrouve au Texas, on se retrouve à New York, on se retrouve à Londres et on croise tout le théâtre New Yorkais, le Blitz, londonien, Roosevelt, Hemingway c'est absolument formidable. C'est très émouvant, ça raconte la vie d'une famille sur plusieurs générations. Le livre est uniquement écrit, constitué, de coupures de journaux et de coupures de journaux intimes, de lettres, coupures de journaux et de coupures de presse et c'est formidable, ça c'est vraiment une réussite et c'est passionnant.

Recommandé par : Philippe Trétiack

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Le livre qui est entré dans la vie de Primo Levi. Ce texte, dans sa brièveté voulue, est né de quelques lignes de Primo Levi révélant dans Si c'est un homme comment un livre l'avait accompagné durant les interminables heures où, dans le baraquement destiné aux malades du camp d'Auschwitz-Monowitz, le jeune homme de vingt-cinq ans qu'il était, atteint de scarlatine, ignorait si ses voisins de lit et lui-même allaient être exécutés. Fabrice Gaignault nous raconte l'histoire de ce livre, et au travers ce livre celle de tous les autres. Car le texte que vous allez lire – et que vous n'oublierez pas – possède aussi son secret.

Philippe Trétiack : C'est un livre tout petit par sa taille. Il fait 80 pages. Il est formidable. Parce que Fabrice Gaignault veut raconter son amour de la littérature. Mais pour ça, il revient sur quelques lignes de Primo Levi dans Le système périodique dans lesquelles il racontait que, mourant dans l'infirmerie d’Auschwitz, alors qu'on entend déjà les Russes qui arrivent, ils sont persuadés que les SS vont les assassiner. Lui, il est en train de mourir de la scarlatine. Il est pris de fièvre. Et quelqu'un lui lance un livre. Ça aurait pu être n'importe quel livre. Ce livre, c'est Remorques de Roger Vercel. Et il le lit. Et dans ses mémoires, Primo Levi dit que peut-être, on ne sait pas, ce livre lui aurait sauvé la vie. Et le livre de Fabrice Gaignault, c'est là-dessus. Mais il se trouve que le livre de Fabrice Gaignault se termine par une chose que je ne révélerai pas, mais qui est d'une telle force. En fait, je dis ce livre qui à la taille d'un canot de sauvetage, ça déclenche d'un seul coup un ouragan.

Recommandé par : Philippe Trétiack

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