Livres recommandés par Etienne Klein
Le réel et son double : Essai sur l'illusion Clément Rosset
Rien de plus fragile que la faculté humaine d'admettre la réalité, d'accepter sans réserves l'impérieuse prérogative du réel. Cette faculté se trouve si souvent prise en défaut qu'il semble raisonnable d'imaginer qu'elle n'implique pas la reconnaissance d'un droit imprescriptible - celui du réel à être perçu - mais figure plutôt une sorte de tolérance, conditionnelle et provisoire. Le réel n'est généralement admis que sous certaines conditions et seulement jusqu'à un certain point : s'il abuse et se montre déplaisant, la tolérance est suspendue. Un arrêt de perception met alors la conscience à l'abri de tout spectacle indésirable. Quant au réel, s'il insiste et tient absolument à être perçu, il pourra toujours aller se faire voir ailleurs.Cet essai vise à illustrer le lien entre l'illusion et le double, à montrer que la structure fondamentale de l'illusion n'est autre que la structure paradoxale du double. Paradoxale, car la notion de double implique en elle-même un paradoxe : d'être à la fois elle-même et l'autre.
Recommandé par : Etienne Klein
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Le monde à la première personne Francis Wolff
Demeurer fidèle à la singularité et à la richesse de l’expérience humaine en y introduisant le plus de raison possible, telle est la tâche première de la philosophie. De livre en livre, depuis près de trente ans, Francis Wolff s’attelle sereinement à élaborer une philosophie au sens classique du terme, ni une simple exégèse des Classiques ni la déconstruction des systèmes. Une philosophie qui englobe une métaphysique, une théorie de la connaissance, une définition de l’être humain et toutes leurs conséquences morales, politiques et esthétiques.
Dans ce dialogue passionnant, amical et sans concession avec André Comte-Sponville, Francis Wolff invite à une traversée de son œuvre dans un style accessible et allègre. Il montre les liens qui unissent sa vision du monde à son esthétique (l’universalité de la musique, des images et des récits), en passant par l’anthropologie (l’homme, « animal dialogique »), l’éthique (l’existence de la liberté et l’objectivité du bien) et la politique (de la démocratie au cosmopolitisme).
Donnant corps à une philosophie généreuse et résolument contemporaine, le livre dévoile un autoportrait attachant ainsi qu’un itinéraire familial singulier croisant une des grandes tragédies du siècle dernier.
Recommandé par : Etienne Klein
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Le Mont Analogue René Daumal
"Le 10 octobre suivant, nous nous embarquions sur l'Impossible. Nous étions huit, on s'en souvient. [...] Il avait été convenu entre nous que nous ne dirions pas, dans nos entourages, le but exact de notre expédition ; car, ou bien on nous aurait jugés insensés, ou, plus probablement, on aurait cru que nous racontions des histoires pour dissimuler le vrai but de notre entreprise, sur lequel on aurait toutes sortes de suppositions. Nous avions annoncé que nous allions explorer quelques îles de l'Océanie, les montagnes de Bornéo et les Alpes australiennes. Chacun avait pris ses dispositions pour une longue absence d'Europe."L'auteur fait le pari que les mythologies disent vrai. Il existerait un centre originel du monde, un mont sacré qui ouvrirait une possibilité de communication avec l'au-delà.Réunissant une expédition pour découvrir ce Mont Analogue resté jusqu'alors inaccessible au commun des mortels, René Daumal fait le récit vertigineux de cette escalade en forme de quête.
Paul Mouginot : C'est un livre en fait que j'offre beaucoup à mes amis. René Daumal, c'est un auteur qui était proche des surréalistes, comme André Breton, etc. Mais qui ne se qualifie pas lui-même de surréaliste, et en fait il est mort à 36 ans de la tuberculose et il est mort en écrivant ce livre et donc ce livre se termine par une virgule, c'est un livre inachevée. C'est très étonnant, voilà, j'ai pas d'autres mots. C'est vraiment un livre qui a fait levier sur certaines découvertes scientifiques de l'époque mais en même temps qui est très poétique. Ca raconte un groupe qui se constitue presque comme une équipe d’entrepreneurs, tu vois, mais un groupe qui se constitue pour aller découvrir puis faire l'ascension d'une montagne parce qu'ils savent, ils ont cette intuition forte, qu'il existe une montagne plus haute que l'Everest qui est tellement immense sur la terre qu'elle est tellement grande qu'elle dévie les rayons du soleil, un peu tu vois avec les lois de la relativité etc. et que c'est pour ça qu’on ne la voit qu'à certains moments. Et ils arrivent à la trouver, ils découvrent un village avec des coutumes totalement différentes, les systèmes financiers sont très différents et ils font l'ascension d'une montagne et ça se termine par une sorte de glissement de terrain et c'est trop beau.
Etienne Klein : Si vous voulez rêver, je vous conseille Le mont analogue de René Daumal, qui est un livre inachevé, puisque René Daumal est mort en 1943, si ma mémoire est bonne, pendant l'écriture de ce roman, qui est un livre qu'on peut lire de mille façons différentes. A ma connaissance, c'est le premier roman qui prend au sérieux la relativité générale dont on a parlé. C'est une histoire d'une montagne dont on ne voit pas le sommet, parce qu'elle est tellement massive qu'elle a courbé l'espace dans son voisinage, de sorte que la lumière, venant de son sommet, ne peut pas nous parvenir. Il y a la cordé qui part à la conquête de ce sommet, qui disparait, c'est toute une histoire, et puis surtout, il y a une idée que je trouve magnifique, il dit quelque part que quand on escalade une montagne, quand on atteint le sommet, on la fait descendre. Tant que la montagne n'a pas été conquise, elle appartient au domaine des cieux et une fois qu'elle a été conquise, elle devient terrestre. Donc escalader une montagne, la gravir, c’est la faire descendre.
Recommandé par : Etienne Klein (et aussi par Paul Mouginot)
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De la démocratie en Amérique Alexis de Tocqueville
"J'avoue que dans l'Amérique j'ai vu plus que l'Amérique ; j'y ai cherché une image de la démocratie elle-même, de ses penchants, de son caractère, de ses préjugés, de ses passions". La gloire de Tocqueville n'est pas seulement celle d'un analyste politique exceptionnel ; c'est aussi, depuis la récente redécouverte de son oeuvre, celle d'un philosophe politique qui serait en même temps un classique de la sociologie, et qui pourrait aider à comprendre les problèmes qui se posent constamment dans les démocraties modernes. L'égalité des conditions, l'individualisme, le despotisme démocratique, les relations entre maîtres et serviteurs, l'esprit de liberté et l'esprit de religion, autant de notions qui dessinent aujourd'hui encore les contours d'une philosophie de la démocratie.
Yves Bréchet : Je pense qu'il décrit parfaitement la situation dans laquelle on évolue, et Tocqueville est toujours quelqu'un d'extraordinairement lucide.
Jean-Marc Jancovici : Ca a été une espèce de révélation quand je l'ai lu. Je trouve que c'est quelque chose de magistral, sur la façon dont la société s'organise dans un régime démocratique. Et on y lit des trucs comme... des trucs comme, enfin, Tocqueville voyait que la démocratie allait engendrer la publicité, l'égalisation des conditions entre les hommes et les femmes, le court-termisme, la consommation de masse, c’est juste hallucinant quoi, c’est un bouquin très extraordinaire.
Recommandé par : Etienne Klein (et aussi par Yves Bréchet, Jean-Marc Jancovici)
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Le pays qu'habitait Albert Einstein Etienne Klein
Albert Einstein (1879-1955), c'est l'audace intellectuelle alliée à une fraîcheur déconcertante, c'est l'imagination ardente soutenue par une obstination imperturbable. Mais comment approcher une façon de penser et de créer à nulle autre pareille ? Etienne Klein est parti sur ses traces : Aarau où, à seize ans, Einstein se demande ce qu'il se passerait s'il chevauchait un rayon de lumière ; Zurich, où il devient ingénieur en 1901 et se passionne pour la physique expérimentale ; Berne où, en 1905,11 publie un article sur la relativité restreinte qui révolutionnera les relations de l'espace et du temps ; Prague où, en 1912, il a l'idée que la lumière est déviée par la gravitation, esquissant ainsi la future théorie de la relativité générale. Puis Bruxelles, Anvers et, enfin, Le Coq-sur-Mer où, en 1933, Einstein se réfugie quelques mois avant de quitter l'Europe pour les Etats-Unis. Définitivement. Avec autant d'affection que d'admiration, Etienne Klein raconte la vie d'exils successifs, arrimée à la physique, qui a été celle de cet être exceptionnel.
Recommandé par : Etienne Klein
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