Livres recommandés par Xavier Chauvin
Le Monde d'hier Stefan Zweig
Rédigé en 1941 au Brésil où le triomphe du nazisme en Autriche a contraint Zweig à émigrer, Le Monde d'hier raconte une perte : celle d'un monde de sécurité et de stabilité apparentes, où chaque chose avait sa place dans un ordre culturel, politique et social qui nourrissait l'illusion de l'éternité. Un monde austro-hongrois et une ville sans égale, Vienne, qu'engloutira le cataclysme de 1914. Dans ce qui est l'un des plus grands livres-témoignages sur l'évolution de l'Europe de 1895 à 1941, Zweig retrace dans un va-et-vient constant la vie de la bourgeoisie juive éclairée, moderne, intégrée, et le destin de l'Europe jusqu'à son suicide, sous les coups du nationalisme, de l'antisémitisme, de la catastrophe de la Première Guerre mondiale et de l'effondrement de l'Empire austro-hongrois, sans oublier le rattachement de Vienne au Reich national-socialiste. Ce tableau d'un demi-siècle de l'histoire de l'Europe résume le sens d'une vie, d'un engagement d'écrivain, d'un idéal d'une République de l'intelligence par-dessus les frontières. Chemin faisant, le lecteur croise les amis de l'auteur : Schnitzler, Rilke, Rolland, Freud, Verhaeren ou Valéry.
Karine Schrenzel : J'ai adoré parce que c'est un bijou de littérature, d’histoire, et un témoignage personnel bouleversant donc je trouve que c'est un mélange des trois et c'est rare, t'as toujours des beaux livres historiques, des romans littéraires extraordinaires mais t'as rarement le mélange et surtout ce témoignage bouleversant qui est un mélange d'histoire et qui te présente sa vie, c'est la vie de Stefan Zweig, sa vie avant la guerre et puis le début de la guerre, de la montée du nazisme etc. et en fait tu peux faire encore plein de parallèles malheureusement aujourd’hui. C'est à la fois très personnel et complètement historique et je trouve que ce mélange est assez, moi j'aime beaucoup.
Thomas Wagner : Un livre que j’ai déjà relu cet été qui est formidable en plus d'être bien écrit. Ça rappelle un peu la société et la montée à l'époque du nazisme. Il faut savoir que le Stéphane là, c'est un mec qui a vu le nazisme monter et qui est parti vivre aux États-Unis, qui a fini sa vie au Brésil, si j'ai bonne mémoire, et qui s'est suicidé. Et on ne sait pas, alors j'aimerais bien, s'il n'y a jamais des historiens qui écoutent, qu'ils confirment qu'en fait, il se sentait impuissant face à la montée du nazisme. Donc aucun parallèle, absolument, avec ce qui se passe en France évidemment, mais ce livre est formidable donc vraiment il faut le lire.
Recommandé par : Xavier Chauvin (et aussi par Karine Schrenzel, Gilles Babinet, Thomas Wagner)
Episode : Xavier Chauvin - Beauté Privée - Économie de l’attention - Génération Do It Yourself (GDIY)
Le monde jusqu'à hier : Ce que nous apprennent les sociétés traditionnelles Jared Diamond
Les passagers, munis de titres de transport électroniques, de bagages de cabine passés aux rayons X, attendent, guidés par un personnel aux uniformes seyants et sous l'oeil d'une police affairée à regarder les écrans de contrôle de sécurité, d'embarquer pour Wapenamanda, Goroka, Kikori, Kundiawa et Wewak. Nous sommes à Port Moresby, capitale de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Rien que de normal. L'essentiel est ailleurs : ces hommes d'équipage, ces policiers à gadgets électroniques et ces passagers coutumiers de l'avion sont les descendants directs de ces millions de Papous, découverts par une expédition australienne en 1931, vivants isolés dans leurs diverses vallées montagneuses, en petites sociétés closes, dépourvues d'écriture, de monnaie, d'écoles et de gouvernement centralisé, à un âge trop vite jugé "de pierre". En quelque quatre-vingts années, la population des Highlands de Nouvelle-Guinée a vécu des changements qui prirent des millénaires à advenir dans le reste du monde. Jared Diamond, qui découvrit la Nouvelle-Guinée en 1964 pour sa première étude de terrain ornithologique, pose la question, rarement envisagée : que nous apprennent ces Papous de ce que les Occidentaux ont perdu avec la disparition des sociétés traditionnelles, ces sociétés structurées en groupes de faible densité de population (allant de quelques dizaines à quelques milliers d'individus), subsistant de la chasse et de la cueillette, de la culture ou de l'élevage, et que les contacts avec les grandes sociétés industrielles ont transformées de façon limitée ? Elles ont en effet inventé des milliers de solutions aux problèmes humains différentes de celles adoptées par nos sociétés modernes. Certaines, par exemple, des manières d'élever les enfants, de traiter les personnes âgées, de demeurer en bonne santé, de bavarder, de passer le temps libre, de pratiquer le multilinguisme ou de régler les litiges, semblent supérieures à celles des pays occidentalisés et riches. Les sociétés traditionnelles peuvent nous inspirer quelques meilleures pratiques de vie, mais également nous aider à évaluer d'autres avantages de notre propre société que nous avons fini par considérer comme normaux.
Recommandé par : Xavier Chauvin
Episode : Xavier Chauvin - Beauté Privée - Économie de l’attention - Génération Do It Yourself (GDIY)
Effondrement : Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie Jared Diamond
Au rythme actuel de la croissance démographique, et particulièrement de l'augmentation des besoins économiques, de santé et en énergie, les sociétés contemporaines pourront-elles survivre demain ? La réponse se construit à partir d'un tour du monde dans l'espace et dans le temps - depuis les sociétés disparues du passé (les îles de Pâques, de Pitcairn et d'Henderson ; les Indiens mimbres et anasazis du sud-ouest des États-Unis ; les sociétés moche et inca ; les colonies vikings du Groenland) jusqu'aux sociétés fragilisées d'aujourd'hui (Rwanda, Haïti, Saint-Domingue, la Chine, le Montana et l'Australie) en passant par les sociétés qui surent, à un moment donné, enrayer leur effondrement (la Nouvelle-Guinée, Tikopia et le Japon de l'ère Tokugawa). De cette étude comparée, et sans pareille, Jared Diamond conclut qu'il n'existe aucun cas dans lequel l'effondrement d'une société ne serait attribuable qu'aux seuls dommages écologiques. Plusieurs facteurs, au nombre de cinq, entrent toujours potentiellement en jeu : des dommages environnementaux ; un changement climatique ; des voisins hostiles ; des rapports de dépendance avec des partenaires commerciaux ; les réponses apportées par une société, selon ses valeurs propres, à ces problèmes. Cette complexité des facteurs permet de croire qu'il n'y a rien d'inéluctable aujourd'hui dans la course accélérée à la dégradation globalisée de l'environnement.
Recommandé par : Xavier Chauvin (et aussi par Yamina Saheb)
Episode : Xavier Chauvin - Beauté Privée - Économie de l’attention - Génération Do It Yourself (GDIY)