Livres recommandés par Sacha Filipenko
Le Rivage des Syrtes Julien Gracq
À la suite d'un chagrin d'amour, Aldo se fait affecter par le gouvernement de la principauté d'Orsenna dans une forteresse sur le front des Syrtes. Il est là pour observer l'ennemi de toujours, replié sur le rivage d'en face, le Farghestan. Aldo rêve de franchir la frontière, y parvient, aidé par une patricienne, Vanessa Aldobrandi dont la famille est liée au pays ennemi. Cette aide inattendue provoquera les hostilités... Dans ce paysage de torpeur, fin d'un monde où des ennemis imaginaires se massacrent, le temps et le lieu de l'histoire restent délibérément incertains dans un récit à la première personne qui semble se situer après la chute d'Orsenna. Julien Gracq entraîne son lecteur dans un univers intemporel qui réinvente l'Histoire et donne lieu à une écriture qui s'impose avec majesté, s'enflamme au contact de l'imagination. Pour Le Rivage des Syrtes Julien Gracq obtint en 1951 le prix Goncourt, qu'il refusa.
Nick Hernandez : Ce n'est pas un livre de business, mais c'est un roman qui s'appelle Le Rivage des Syrtes de Julien Gracq, pour moi le plus beau livre que j'ai lu, qui est un livre magnifique et qui est un peu le couronnement de... je dirais que c'est le dernier livre avant la pensée de Michel Foucault. Pour moi, il a cette valeur d'être le plus beau et le dernier livre du monde avant la révolution que l'on est en train de vivre, la révolution de pensée. C'est le dernier livre du monde d'avant et le plus abouti et le plus beau, c'est un livre onirique qui se passe sur des rivages d'un pays qui n'existe pas et puis Julien Gracq c'est un grand poète quand écrivain français. C'est super accessible, moi tous les gens qui l'ont lu m'ont dit c'est génial, tu ne peux pas t'en décrocher alors que c'est un livre onirique où tu traverses, en gros, un rivage brumeux où il se passe pas grand chose, sur 300 pages et tu ne peux pas t'en décrocher. Tu es obligé de lire.
Recommandé par : Sacha Filipenko (et aussi par Nick Hernandez, Henri Bentégeat)
Episode : Sacha Filipenko : Vivre en dictature ? - Thinkerview
Les Bienveillantes Jonathan Littell
"En fait, j'aurais tout aussi bien pu ne pas écrire. Après tout, ce n'est pas une obligation. Depuis la guerre, je suis resté un homme discret ; grâce à Dieu, je n'ai jamais eu besoin, comme certains de mes anciens collègues, d'écrire mes Mémoires à fin de justification, car je n'ai rien à justifier, ni dans un but lucratif, car je gagne assez bien ma vie comme ça. Je ne regrette rien : j'ai fait mon travail, voilà tout ; quant à mes histoires de famille, que je raconterai peut-être aussi, elles ne concernent que moi ; et pour le reste, vers la fin, j'ai sans doute forcé la limite, mais là je n'étais plus tout à fait moi-même, je vacillais, le monde entier basculait, je ne fus pas le seul à perdre la tête, reconnaissez-le. Malgré mes travers, et ils ont été nombreux, je suis resté de ceux qui pensent que les seules choses indispensables à la vie humaine sont l'air, le manger, le boire et l'excrétion, et la recherche de la vérité. Le reste est facultatif." Avec cette somme qui s'inscrit aussi bien sous l'égide d'Eschyle que dans la lignée de Vie et destin de Vassili Grossman ou des Damnés de Visconti, Jonathan Littell nous fait revivre les horreurs de la Seconde Guerre mondiale du côté des bourreaux, tout en nous montrant un homme comme rarement on l'avait fait : l'épopée d'un être emporté dans la traversée de lui-même et de l'Histoire.
Jean-François Rial : Un livre qui m'a énormément marqué ! C'est un livre très très très dur, sur les Einsatzgruppen qui tuaient les Juifs dans les pays de l’Est. Immense livre.
Recommandé par : Sacha Filipenko (et aussi par Jean-François Rial, Victor Lugger)
Episode : Sacha Filipenko : Vivre en dictature ? - Thinkerview