Livres recommandés par Olivier Hamant
Les Limites à la croissance (dans un monde fini) : Le rapport Meadows, 30 ans après Donella Meadows, Jorgen Randers et Dennis Meadows
En 1972, quatre jeunes scientifiques du MIT rédigent à la demande du Club de Rome un rapport qu’ils intitulent The Limits to Growth. Celui-ci va choquer le monde et devenir un best-seller international. Pour la première fois, leur recherche établit les conséquences dramatiques sur le plan écologique d’une croissance économique et démographique exponentielle dans un monde fini. Leur analyse repose sur le modèle « World3 », qui permet une simulation informatique des interactions entre population, croissance industrielle, production alimentaire et limites des écosystèmes terrestres.Ce rapport paraît avant la première crise pétrolière de 1973, et pour beaucoup d’esprits, la croissance économique est alors un fait durable, qui ne saurait être discuté. En 2004, les auteurs reprennent leur analyse et l’enrichissent de données accumulées durant trois décennies d’expansion sans limites : l’impact destructeur des activités humaines sur les processus naturels les conforte définitivement dans leur raisonnement.En 1972, la problématique centrale du livre était : « comment éviter le dépassement » ; l’enjeu est désormais : « comment procéder pour que nos activités ralentissent et puissent tenir dans les limites de la planète ».Ce livre propose donc la dernière version du Rapport Meadows, à un moment où la crise majeure que nous traversons jette une lumière crue sur la dynamique de la croissance et ses effets.
Jean-Marc Jancovici : Pour ceux qui ne l'ont toujours pas lu, je continue à recommander Les limites à la croissance, des époux Meadows, de 1972. Et moi je recommande le bouquin original, pas les versions mises à jour derrière, je trouve que le bouquin original est vraiment dans son jus, extraordinaire.
Nicolas Meilhan : C'est le premier modèle économique qui prend en compte le fait que la terre est ronde et que les ressources ne sont pas illimitées. C'est un modèle systémique. Donc ça m'a beaucoup marqué et c'est ça qui ma encouragé un petit peu à m'engager sur ces sujets et à m’impliquer. Mais il ne donne pas de solution.
Richard Heinberg : Tout le monde devrait lire ce livre une fois dans sa vie. Je crois qu’il s’agit du livre le plus important du 20e siècle !
Recommandé par : Olivier Hamant (et aussi par Jean-Marc Jancovici, Nicolas Meilhan, Jean-Marc Jancovici, Richard Heinberg)
Episode : Olivier Hamant - Survie dans le Chaos : La robustesse à l'épreuve ? - Thinkerview
Homo confort : Le prix à payer d’une vie sans efforts ni contraintes Stefano Boni
En nous privant de toute expérience désagréable ou négative, le confort nous enferme dans un cocon protecteur qui nous coupe du monde extérieur et de nous-mêmes.
Olivier Hamant : Homo Confort de Stefano Boni, qui décrit très bien le fait que vu qu'on a choisi le confort, en fait, on s'est desensualisé. Notre relation au monde se fait par des boutons poussoirs et des écrans, donc en fait, on ne supporte plus certaines odeurs, on ne supporte plus qu'on se fasse toucher, voilà. On a un rapport au monde qui est de la distance, on devient hermétique comme Iron Man, on se blinde, donc c’est très stérile, on se transforme en machine.
Recommandé par : Olivier Hamant
Episode : Olivier Hamant - Survie dans le Chaos : La robustesse à l'épreuve ? - Thinkerview
Rendre le monde indisponible Hartmut Rosa
Dominer le monde, exploiter ses ressources, en planifier le cours... Le projet culturel de notre modernité semble parvenu à son point d'aboutissement : la science, la technique, l'économie, l'organisation sociale et politique ont rendu les êtres et les choses disponibles de manière permanente et illimitée.
Mais alors que toutes les expériences et les richesses potentielles de l'existence gisent à notre portée, elles se dérobent soudain à nous. Le monde se referme mystérieusement ; il devient illisible et muet. Le désastre écologique montre que la conquête de notre environnement façonne un milieu hostile. Le surgissement de crises erratiques révèle l'inanité d'une volonté de contrôle débouchant sur un chaos généralisé. Et, à mesure que les promesses d'épanouissement se muent en injonctions de réussite et nos désirs en cycles infinis de frustrations, la maîtrise de nos propres vies nous échappe.
S'il en est ainsi, suggère Hartmut Rosa, c'est que le fait de disposer à notre guise de la nature, des personnes et de la beauté qui nous entourent nous prive de toute résonance avec elles. Telle est la contradiction fondamentale dans laquelle nous nous débattons. Pour la résoudre, cet essai ne nous engage pas à nous réfugier dans une posture contemplative, mais à questionner notre relation au monde.
Olivier Hamant : C'est un très beau bouquin parce qu’Hartmut Rosa écrit "Accélération » avant, où c'était plutôt un constat d'un monde en accélération sans chercher vraiment les causes. Moi je mettrai plutôt la performance dans l’accélération. Mais par contre il a trouvé une sorte de solution, quand je disais tout à l'heure que quand on manque de temps, il faut se reconnecter à son espace, et bien Rendre le monde disponible c'est exactement ça. C'est en fait prendre le temps de se connecter à son espace, de sentir les vibrations, les aspérités du monde. Et en fait quand on fait ça, on ralentit mais sans s'en rendre compte. C'est juste qu'on veut plus interagir. Quand on fait ça, c'est toujours plus vertueux, c'est plus robuste, etc.
Recommandé par : Olivier Hamant
Episode : Olivier Hamant - Survie dans le Chaos : La robustesse à l'épreuve ? - Thinkerview