Livres recommandés par Haroun
Les Identités meurtrières Amin Maalouf
Que signifie le besoin d’appartenance collective, qu’elle soit culturelle, religieuse ou nationale ? Pourquoi ce désir, en soi légitime, conduit-il si souvent à la peur de l’autre et à sa négation ? Nos sociétés sont-elles condamnées à la violence sous prétexte que tous les êtres n’ont pas la même langue, la même foi ou la même couleur ?
Né au confluent de plusieurs traditions, le romancier du Rocher de Tanios (prix Goncourt 1993) puise dans son expérience personnelle, aussi bien que dans l’histoire, l’actualité ou la philosophie, pour interroger cette notion cruciale d’identité. Il montre comment, loin d’être donnée une fois pour toutes, l’identité est une construction qui peut varier. Il en dénonce les illusions, les pièges, les instrumentations. Il nous invite à un humanisme ouvert qui refuse à la fois l’uniformisation planétaire et le repli sur la «tribu».
Haroun : Un livre qui m'a beaucoup aidé à me construire, c'est un livre simple aussi que je conseillais à mes étudiants quand je donnais des cours. Les identités meurtrières d'Amin Maalouf. Hyper important notamment en ce moment avec des gens qui confondent culture et identité. Ce qui sont deux choses totalement différentes. L'identité c'est ton identité, ta culture c'est ta culture, ta culture intègre ton identité. Mais tu peux avoir envie de revendiquer totalement autre chose. Amin Maalouf il fait une comparaison hyper juste qui est super, il dit par exemple mon identité c'est là où je suis né, là où j'ai grandi etc. Il dit par exemple un paysan français peut se sentir probablement plus proche d'un paysan chinois que d'un citadin français. Il peut vivre des choses similaires, il peut être en lien avec la terre de manière similaire, avoir les mêmes problèmes de stress etc. Et se sentir plus proche que d'un parisien. Et si tu veux tu crois avoir la même langue, tu crois avoir la même culture mais en fait le gars il a plus de choses à partager avec quelqu'un qui est à l'autre bout du monde. Bon, les identités meurtrières pour moi ça me semble important parce qu'il y a beaucoup de confusions qui sont faites en ce moment avec l'identité. Et parfois je dis vous avez une double identité etc. Moi on me pose beaucoup la question de mes origines. L'identité c'est l'identité, l'identité c'est toi et c'est tout. Et c'est comment tu décides de te construire avec quoi et qu'est-ce qui t'a influencé. Et parfois la musique que t'as écoutée, là où t'as grandi, banlieue, campagne, ville. T'as écouté Kurt Cobain à répétition, ça t'as construit et ça fait partie de ton identité. Et ça se trouve, voilà t'as écouté Kurt Cobain en étant noir africain, immigré première génération et tu t'es construit avec Nirvana et ça fait de toi un être singulier et c'est super.
Recommandé par : Haroun
Episode : Haroun : l'humour comme miroir de la société ? - Thinkerview
La vie devant soi Romain Gary (Émile Ajar)
Signé Ajar, ce roman reçut le prix Goncourt en 1975. Histoire d'amour d'un petit garçon arabe pour une très vieille femme juive : Momo se débat contre les six étages que Madame Rosa ne veut plus monter et contre la vie parce que " ça ne pardonne pas " et parce qu'il n'est " pas nécessaire d'avoir des raisons pour avoir peur ". Le petit garçon l'aidera à se cacher dans son " trou juif ", elle n'ira pas mourir à l'hôpital et pourra ainsi bénéficier du droit sacré " des peuples à disposer d'eux-mêmes " qui n'est pas respecté par l'Ordre des médecins. Il lui tiendra compagnie jusqu'à ce qu'elle meure et même au-delà de la mort.
Haroun : Un livre que je recommande aussi qui est pour moi aussi important dans le contexte actuel c'est "La vie devant soi" Romain Gary parce que c'est un livre qui est... que j'ai lu où là je me suis remis en question sur mon écriture, je me suis dit "il faut vraiment que je bosse là" et si je le relis je me repose à cette question là mais donc Romain Gary pour moi c'est un auteur majeur et "La vie devant soi" c'est une œuvre majeure sur l'amitié qui peut y avoir entre les gens, peu importe quelle que soit leur culture, quelle que soit leur passé, c'est l'amitié entre une ancienne prostituée juive et un orphelin d'origine arabe et là dedans tu mets les conflits géopolitiques qui sont en cours et à quel point cette amitié est forte.
Et ce livre, j'étais triste de l'avoir terminé parce que la fin, la fin et... j'ai pleuré à la fin. Et ça fait ressortir tellement de choses de ce qu'on a en nous. Bref, il faut pas que j'y pense à ce livre, mais que je le relise pour m'émanciper de toutes ces émotions. Je le conseille de le lire par rapport à ce qui se passe en ce moment.
Recommandé par : Haroun (et aussi par Jérôme Idelon)
Episode : Haroun : l'humour comme miroir de la société ? - Thinkerview
Comment faire tomber un dictateur quand on est seul, tout petit, et sans armes Srdja Popovic
Voici le livre des révolutions possibles. Il s’appuie sur une expérience acquise dans près de cinquante pays aussi bien que sur les enseignements de Gandhi et du stratège Gene Sharp. Il prend la voix exceptionnelle de Srdja Popovic, apôtre de la lutte non violente, qui fit tomber Milosevic, fut de toutes les « révolutions fleuries » (Géorgie, Liban, Ukraine, etc.), et a été considéré comme « l’architecte secret » du printemps arabe. Popovic nous fait entrer dans les coulisses des événements historiques du xxie siècle. Il raconte ce qui marche et comment ça marche. Il explique aussi pourquoi cela échoue parfois, comme en Ukraine ou en Chine. Son livre réconcilie avec l’action politique et montre combien il est crucial, non seulement d’aller au bout des choses, mais aussi d’avoir une vision claire de ce qu’on fera de la liberté.
Haroun : Je sais pas si tu connais ce livre. C'est les serbes qui ont fait tomber Milosevic. Comment ils ont fait tomber ce dictateur en faisant des choses marrantes et en donnant envie à la population de les rejoindre parce qu'ils étaient marrants. En fait, c'était des résistants. Ils donnent des exemples de comment résister dans la joie pour donner envie aux gens de rejoindre le mouvement. Et ça peut inspirer des gens qui font des manifs en ce moment notamment. Parce que parfois on dit "Ouais mais vous avez vu, il y a des casseurs, machin." Mais donnant envie aux gens de s'amuser dans la révolte, donnant envie aux gens de rigoler, de te moquer du pouvoir. Les flics nous matraquent et nous, ça nous fait rire. Et c'est l'espèce de stratégie du même pas mal. Mais la stratégie du même pas mal, je la trouve très intéressante. Je l'ai lu nulle part, mais c'est ça que ça m'a évoqué. Il sait pas, c'est ça. Ça m'a rien fait. Tu peux mieux faire. Et c'est là que ton ennemi, il est désorienté. C'est-à-dire que... Imagine que tu mets une patate à un gars, et le gars dit "Ça ne me fait rien." Et tu lui remets, il fait toujours rien. L'espèce de stratégie rocky, j'encaisse les coups, et le gars se fatigue sur toi, il dit "Mais en fait, je peux rien faire." Et pour moi, ça évite de se mettre dans une posture de... Je suis faible par rapport à toi. Tu m'as fait ça et tu vas devoir payer pour ça, tu vas devoir me donner des réparations pour ça, etc. Il sait pas, c'est ça. J'en ai conscience. Mais je me suis reconstruit face à ça et j'en rigole aujourd'hui. Et c'est quelque chose que je trouve très sain.
Recommandé par : Haroun
Episode : Haroun : l'humour comme miroir de la société ? - Thinkerview
La lamentation du prépuce Shalom Auslander
Élevé dans la plus stricte orthodoxie juive, Shalom Auslander a conservé une vision très personnelle du " Tout-Puissant " et une paranoïa aiguë. Trente-cinq ans d'une relation complexe, faite d'incompréhension et de pure terreur. Aujourd'hui, la grossesse de sa femme le laisse désemparé, confronté à l'agonisante question : quel sort doit-il réserver au prépuce de son enfant ?
Les mémoires hilarants et iconoclastes d'un jeune juif New Yorkais.
Haroun : Je parlais des humoristes juifs américains tout à l'heure que je trouve extraordinaire sur les sujets de l'Holocauste et je rajoute un livre de Shalom Auslander, La lamentation du prépuce.
Recommandé par : Haroun
Episode : Haroun : l'humour comme miroir de la société ? - Thinkerview