Surveiller et punir Michel Foucault
Peut-être avons-nous honte aujourd'hui de nos prisons. Le XIXᵉ siècle, lui, était fier des forteresses qu'il construisait aux limites et parfois au coeur des villes. Elles figuraient toute une entreprise d'orthopédie sociale. Ceux qui volent, on les emprisonne ; ceux qui violent, on les emprisonne ; ceux qui tuent, également. D'où vient cette étrange pratique et le curieux projet d'enfermer pour redresser ? Un vieil héritage des cachots du Moyen Âge ? Plutôt une technologie nouvelle : la mise au point, du XVIᵉ au XIXᵉ siècle, de tout un ensemble de procédures pour quadriller, contrôler, mesurer, dresser les individus, les rendre à la fois "dociles et utiles". Surveillance, exercices, manoeuvres, notations, rangs et places, classements, examens, enregistrements, toute une manière d'assujettir les corps, de maîtriser les multiplicités humaines et de manipuler leurs forces s'est développée au cours des siècles classiques, dans les hôpitaux, à l'armée, dans les écoles, les collèges ou les ateliers : la discipline. Penser les relations de pouvoir aujourd'hui ne peut se faire sans prendre en compte l'ouvrage de Michel Foucault (1926-1984), devenu aussi indispensable à notre époque que le Léviathan de Hobbes le fut à l'époque moderne.
Marcelle Dulac : Je pense que vu la situation actuelle avec les révoltes populaires, à l'heure où des personnes pensent que mettre des mineurs en prison, ça peut être une bonne idée, je pense que c'est vraiment nécessaire de relire, Surveiller et punir de Foucault qui explique vraiment la fabrique de cette imaginaire autour du délinquant, de comment est-ce que le dispositif de la prison, comment est-ce qu'en fait ça pousse plutôt les gens et que ça enfonce en fait les gens dans des dynamiques de récidive, etc.
Ce livre est recommandé par : Marcelle Dulac, Benjamin Bayart
Ce livre est mentionné dans :
M. Dulac, C. Bonneuil, A. Planchard : Criminalisation des luttes : écoterrorisme ? - Thinkerview
Benjamin Bayart et Marc Rees : Pass sanitaire, géopolitique de la Data, copie privée ? - Thinkerview