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Le Déclin du courage Alexandre Issaïevitch Soljénitsyne

Le 8 juin 1978 Alexandre Soljénitsyne disait aux étudiants de l'université de Harvard : « Non, je ne peux pas recommander votre société comme idéal pour transformation de la nôtre. (…) Nous avions placé trop d’espoirs dans les transformations politico-sociales, et il se révèle qu’on nous enlève ce que nous avons de plus précieux : notre vie intérieure. À l’Est, c’est la foire du Parti qui la foule aux pieds, à l’Ouest la foire du Commerce : ce qui est effrayant, ce n’est même pas le fait du monde éclaté, c’est que les principaux morceaux en soient atteints d’une maladie analogue. »

Arthur Benzaquen : Ce qu'il y a de beau, c'est qu'on est à l'apothéose du rêve américain, comme d'une solution définitive au maux du monde à cette époque-là. Et lui, Soljénitsyne, qui est accueilli par les États-Unis, antis-russes, antis-communiste, tout ça. Tout le monde s'attend à son discours de Harvard, une espèce de plaidoyer occidental. C'est extraordinaire ce qu'il dit. C'est surtout de se dire qu'on en 2024, qu’il a dit ce discours, je pense que c'est en 1979 ou autre. Et en fait, il nous fait part de l'âme russe, comme d'une vérité. Et surtout, il dit, la fin de l'Occident, c'est-à-dire ce à quoi on assiste en live, on va pas se mentir, on assiste en live à la fin d'une civilisation, à minima de la démocratie, comme celle qu'on est en train de la vivre. En fait, grosso modo, le droit a remplacé la justice. Vous avez aboli la morale en enlevant la religion ou la nation. Il n'y a plus de surmoins. Et donc, à la fin, il n'y a plus de devoirs, il n'y a plus que des droits. Vous allez chacun aller chercher au fur et à mesure vos droits, sans avoir plus aucune notion de devoir. Parce que pour qui ? La nation, c'est vulgaire. Il n'y a plus de Dieu. Il n'y a plus de tout ça. La morale, c'est la justice qui me donnera raison. Donc si j'ai des bons avocats, à la fin, … Et ça, ce sera la fin de l'Occident. Et en fait, on y assiste en plein.

Ce livre est recommandé par : Arthur Benzaquen

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