Livres recommandés par Christian Harbulot
L'Homme en guerre 1901-2001 - De la Marne à Sarajevo Philippe Masson
Le XXè siècle a été particulièrement belligène. Aux deux guerres mondiales se sont ajoutés les conflits d'Extrême-Orient, Corée, Viêt-nam, les guerres de décolonisation, Indochine, Algérie, celles du Proche-Orient, la guerre du Golfe... Ces conflits ont mis en jeu des forces très diverses : des troupes conventionnelles ou des armées révolutionnaires. Pour l'homme, toutes ces guerres présentent un caractère différent. Elles impliquent des appelés, des réservistes ou des engagés. La combativité a dû s'adapter à toute une série d'armes nouvelles, artillerie lourde, blindé, aviation, armes chimiques. Les pertes ont été extrêmement variables, de quelques dizaines à plusieurs millions de morts parfois. Au cours du siècle, le combattant a connu la guerre traditionnelle mais aussi des mutations profondes. Ainsi, l'efficacité croissante des services de santé, ou encore les sorts divers réservés aux prisonniers de guerre. Certains pays ont appliqué strictement les conventions internationales, d'autres leur ont infligé des traitements que l'on croyait révolus. Autre caractère du XXè siècle, le culte des morts, tout au moins chez les Occidentaux, est associé, pour la première fois dans l'Histoire, à des cimetierres militaires considérés comme lieux de mémoire. Dernière innovation, le statut changeant des anciens combattants, tenus pour des héros ou des parias par les opinions publiques, suivant la nature des conflits. Dans tous les domaines, on observe une grande variété de comportements, à la mesure de la guerre elle-même qui reste, suivant la formule de Clausewitz, " un caméléon ".
Christian Harbulot : Un bouquin d'un auteur que j'aime beaucoup, je l'ai cité, Philippe Masson, parce qu'il est tombé dans les oubliettes, c'est un historien militaire. Je crois que c'est hélas un livre d'actualité et il faut aller boire à cette source.
Recommandé par : Christian Harbulot
Episode : Christian Harbulot : Qui aurait pu prédire : la guerre économique ? - Thinkerview
Combattre en dictature Jean-Luc Leleu
Un nouveau regard porté sur la Wehrmacht à son crépuscule.
Jean-Luc Leleu entend explorer le fonctionnement global de la Wehrmacht face au spectre de la défaite. Il s'agit de comprendre les acteurs plutôt que raconter les événements. Pour ce faire, les forces armées allemandes sont étudiées au prisme de la bataille de Normandie à l'été 1944 : une confrontation qui a vu quelque 640 000 soldats du Reich s'opposer pendant douze semaines à près de 2 millions de combattants alliés. Deux volets structurent le livre. Le premier consiste à appréhender la manière dont les stratèges allemands ont anticipé l'offensive alliée et y ont préparé leurs troupes. A cet égard, le Débarquement est analysé en fonction des réactions dans une situation d'extrême urgence. Comment réagissent les acteurs d'une chaîne de commandement face à un événement majeur aux contours mal définis, sur la base d'informations parfois erronées, souvent imprécises, toujours parcellaires ? Ceux qui commandent prennent-ils (ou ne prennent-ils pas) les bonnes décisions en temps et en heure ? Il apparaît ainsi que les premières contre-mesures allemandes furent loin d'être efficaces, faute de pouvoir localiser le point d'effort exact des Alliés.
Le second grand volet concerne les attitudes rencontrées au combat au sein d'une institution militaire évoluant ici dans le cadre de la dictature nazie. L'analyse des pertes (tués, blessés, malades et prisonniers de guerre) permet tout d'abord de déterminer le degré de consentement au sacrifice et de mesurer quelles sont les catégories de personnels qui, selon l'âge, le grade, la fonction et l'unité, portèrent le fardeau du combat. Ensuite elle permet de toucher du doigt l'intensité des combats au fil des semaines et de déterminer les points de rupture dans la combativité des troupes.
Sous couvert d'un sujet - la Wehrmacht - maint fois exploré, c'est donc une étude riche et originale que nous livre cet éminent specialiste de la Seconde Guerre mondiale.
Christian Harbulot : Jean Leleu, qui est lui aussi un historien et qui a écrit "Combattre en dictature". Et pourquoi ce livre ? Parce que c'est au moment du débarquement, juin 1944, c'est la Wehrmacht. Comment elle réagit ? Et on parlait de résilience, l'image que je retiens de ce livre, c’est quand Leleu démontre que ceux qui venaient du front de l'Est et qui arrivaient en Normandie, ils en arrivaient presque à dire qu'ils venaient d'un front facile. Parce qu'il y a cette image d'une compagnie allemande qui voit arriver 20 bombardiers, qui se dit "pas pour nous, c'est pour derrière" et qui se prend les 20 bombardiers. Et qu'après il y a une deuxième vague et c'est 40 bombardiers. Et après il y a une troisième vague et c'est 100 bombardiers. C'est-à-dire que là, Leleu, il nous remet en perspective la réalité de la guerre sous différents angles. Et comment les Allemands arrivent, malgré le fait de se faire déchiqueter la tête, ils sont toujours là dans le bocage normand. On est dans la vraie vie. Et ce n'est pas la vie que nous souhaitons, bien sûr, mais c'est voir ça.
Recommandé par : Christian Harbulot
Episode : Christian Harbulot : Qui aurait pu prédire : la guerre économique ? - Thinkerview
Les abeilles grise Andreï Kourkov
Dans un petit village abandonné de la «zone grise», coincé entre armée ukrainienne et séparatistes prorusses, vivent deux laissés-pour-compte : Sergueïtch et Pachka. Désormais seuls habitants de ce no man’s land, ces ennemis d’enfance sont obligés de coopérer pour ne pas sombrer, et cela malgré des points de vue divergents vis-à-vis du conflit. Aux conditions de vie rudimentaires s’ajoute la monotonie des journées d’hiver, animées, pour Sergueïtch, de rêves visionnaires et de souvenirs. Apiculteur dévoué, il croit au pouvoir bénéfique de ses abeilles qui autrefois attirait des clients venus de loin pour dormir sur ses ruches lors de séances d’«apithérapie». Le printemps venu, Sergueïtch décide de leur chercher un endroit plus calme. Ayant chargé ses six ruches sur la remorque de sa vieille Tchetviorka, le voilà qui part à l’aventure. Mais même au milieu des douces prairies fleuries de l’Ukraine de l’ouest et du silence des montagnes de Crimée, l’œil de Moscou reste grand ouvert...
Christian Harbulot : C'est l'histoire d'un type qui vit dans la zone grise du Donbass. Et il élève des abeilles. Ce type-là, c'est un être humain. Et c'est l'espoir de l'humanité dans la manière dont il vit. Et c'est un super roman. Parce qu'il y a cette soif de vivre, dans un rapport d'un homme qui élève des ruches d’abeilles, et qui va d'un bord à l'autre.
Recommandé par : Christian Harbulot
Episode : Christian Harbulot : Qui aurait pu prédire : la guerre économique ? - Thinkerview