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Sauveterre Jean Lartéguy

Dans ce roman, les lieux, les situations, les personnages, même s'ils portent des noms connus, tout est imaginaire. J'ai choisi ce titre Sauveterre pour son sens : terre sauve, terre d'asile. Il existe bien en Lozère, entre Sainte-Enimie et Mende, un Causse de ce nom. Mais jamais il n'y eut de protestants ni de maquisards. Ils ne firent qu'y passer, comme ces huguenots qui infligèrent une sanglante défaite aux royalistes à la tour de Mazel, comme ces maquisards revenus du mont Lozère qui se firent massacrer à la parade, sur le Méjean, alors qu'ils cherchaient à gagner les Cévennes. J'aimerais, cependant, qu'on y retrouve ce qui appartient à tous les Causses : les fermes abandonnées, dont les toits s'écroulent, en laissant voir leurs voûtes romanes. L'hiver, les vents aigres et la neige qui les tourmentent ; l'été, les sotchs, cuvettes bleues, étangs verts d'herbes vivantes au milieu des plateaux brûlés et morts et, toute l'année, les grands troupeaux de moutons qui errent, harcelés par les chiens. Je dédie ce livre à la mémoire de mon arrière-grand-mère, la Césarde de Peyrevioles et à toutes les vieilles Césardes, orgueilleuses et solitaires du pays de Peyres, de la Margeride, des Causses et des Cévennes. Seules, elles se souviennent encore des quelques groupes de maquisards, équipés de fusils de chasse, qui préféraient la rencontre des sangliers à celle des Allemands, des déserteurs de guerres napoléoniennes qui avaient choisi de vivre dans la forêt, plutôt que de mourir dans la gloire, des camisards pourchassés par les dragons de Villars, et des chevaliers du Temple qui se déguisèrent en paysans pour échapper aux argousins de Philippe le Bel. Ce sont elles qui m'ont transmis leur culte des réprouvés, et leur défiance à l'égard de toutes les formes qu'a pu prendre le pouvoir à travers les siècles.

Joël Dupuch : Jean Lartéguy c’est un mec des années 60, considéré un peu comme un facho, parce-que époque d’Algérie, OAS, … qui a écrit Les centurions, Les mercenaires, qui a fait des livres sur les parachutistes de l’Algérie. Un soir je devais me lever à 4h pour aller sur mes parcs à huitres, je me couche à 8h, je cherche un bouquin et je tombe sur Lartéguy, je me dis putain, j’ai pas envie de lire ça, et en fait j’ai lu le bouquin dans la nuit. Je pense que l’œuvre l’a dépassé, totalement. C’est des portraits croisés de personnages, dans les années 62, 65, c’est le gaullisme, l’OAS. Les personnages sont sublimes.

Ce livre est recommandé par : Joël Dupuch

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