Livres recommandés par Guillaume Bigot
La culture du narcissisme Christopher Lasch
La culture occidentale est en crise. Le Narcisse moderne, terrifié par l'avenir, méprise la nostalgie et vit dans le culte de l'instant ; dans son refus proclamé de toutes les formes d'autorité, il se soumet à l'aliénation consumériste et aux conseils infantilisants des experts en tout genre.Aujourd'hui plus que jamais, l'essai majeur de Christopher Lasch frappe par son actualité.Décortiquant la personnalité typique de l'individu moderne, Lasch met en lumière ce paradoxe essentiel qui veut que le culte narcissique du moi en vienne, in fine, à détruire l'authentique individualité.Christopher Lasch déroule le fil d'une analyse souvent subtile, nourrie de psychanalyse et de sociologie ; sa critique du mode de vie contemporain et d'une pensée de gauche complice du capitalisme est radicale, mais non sans espoir, car elle est pénétrée de la conviction que la conscience de l'histoire peut redonner du sens à un monde qui n'en a plus.
Guillaume Bigot : Un livre que j'avais lu rapidement, trop rapidement et que j'ai relu récemment et que je trouve vraiment très puissant, avec une prescience, une prémonition incroyable. Texte de 79, de sociologue, historien américain assez connu, c'est un peu un classique. Lasch est très étonnant dans ses prémonitions. Je recommande à tout le monde de lire ce texte. Il y a une anticipation, justement, je reviens un peu à cette idée d'une société sans surmoins. En fait, qu'est-ce que ça peut donner une société qui essaye de fonctionner de manière totalement narcissique en considérant que les individus, voilà, ne sont plus sous une loi commune.
Recommandé par : Guillaume Bigot
Episode : Guillaume Bigot : Trahison des chefs, où va la France ? - Thinkerview
Voyage au centre du malaise français Paul Yonnet
Trente ans après sa parution, la pénétrante clairvoyance de ce livre et son actualité brûlante frappent le lecteur au plus haut point. En matière d’immigration, Paul Yonnet avait identifié très tôt l’origine du déni dans laquelle la France allait être enfermée, cet « antiracisme de nouvelle génération » apparu dans les années 80, porté par l’agent idéologique mitterrandien que fut SOS Racisme. Alors que la France, et en particulier la gauche, avait depuis longtemps convenu que la « race » était une idée sans fondement, Paul Yonnet a compris et osé dire que ce néo-antiracisme allait l’installer, déclenchant avant même la parution de son livre, les premières foudres du politiquement correct. Il montre que les comparses d’Harlem Désir et de Julien Dray n’ont pour cela qu’une seule mission : en finir avec l’assimilation républicaine en promouvant le « droit à la différence ». Sans le dire, il s’agit d’adapter la France à l’arrivée d’une immigration musulmane massive dont on sait bien que sa culture religieuse inégalitaire ne lui permettra pas d’emprunter le chemin assimilationniste qu’ont respecté les autres vagues d’immigration. Pour y parvenir, toutes les culpabilisations sont bonnes, colonialisme ou pétainisme, et pour se faire pardonner, les valeurs françaises doivent être réduites aux seuls droits de l’Homme : tout être humain doit être accueilli et pouvoir rester lui-même, avec ses coutumes et ses traditions. Dès lors, s’opposer à cette immigration devenue inconditionnelle devient un « repli » nauséabond. Médias, dirigeants économiques, responsables politiques, églises, tous avalisent cette tragique renonciation. Or c’est là un tournant majeur de l’histoire française dont les conséquences sont toujours devant nous.
Guillaume Bigot : Texte qui avait fait polémique à l'époque. Et qui est un texte qui pose une question d'une actualité brûlante. Qu’est-ce qu’il se passe si on attaque, sous couvert de SOS Racisme, de retour aux origines, de valoriser les origines des immigrés, en creux, dis Yonnet, c'est quand même une mise en cause de ce qui fait le creuset français, de ce qui fait l’affectio societatis français, de ce qui fait un peu la marque de fabrique ou la signature de la nation française. C'est évidemment quelque chose de très abstrait et de très subjectif. C'est l'idée que la France ne connaît que des citoyens égaux. Il explique ça, valoriser dans un contexte de montée de l'extrême droite, on est dans les années 80, et de montée parallèle d'S.O.S Racisme, qui valorise les origines. On est en train d'abîmer vraiment le récit national. Et Yonnet dit qu'il y a quand même quelque chose de très dangereux là-dedans, il ne parle pas de guerre civile, mais il dit qu'effectivement, on va vers des temps très troubles.
Recommandé par : Guillaume Bigot
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Fascination du djihad : Fureurs islamistes et défaite de la paix Gabriel Martinez-Gros
Nous protégeons les animaux, Daesh égorge des hommes. On pourrait penser que nous vivons sur des planètes différentes... Il n'en est rien. La violence de l'État Islamique se nourrit de notre désarmement, elle est l'envers des progrès pacifiants de la civilisation. Le djihadisme incarne la puissance d'une idéologie religieuse qui nous méprise et nous insulte. C'est là notre vraie blessure : l'histoire est peut-être en train de changer de camp, à notre détriment. Notre pacification sourcilleuse abandonne au djihadisme l'immense fascination de la violence collective.
Guillaume Bigot : Il a travaillé beaucoup sur les grandes invasions musulmanes et les invasions de la steppe. La fascination du djihad, c'est absolument fascinant. C'est un livre qui s'appuie beaucoup sur la pensée d'Ibn Khaldun, probablement le père de tous les sociologues, ce grand penseur du monde arabo-musulman, qui a à peu près l'âge de la Renaissance pour nous. Ce que raconte Ibn Khaldun, que reprend Martinez-Gros, c'est qu'une société ne peut fonctionner finalement que si elle a une cohésion, on revient à cette idée d'intérêt général, elle a une cohésion forte et elle est prête à défendre les armes à la main, cette cohésion, et elle est toujours consciente que l'inimitié, la guerre, peuvent être de retour. Et pourquoi il est fait référence à Ibn Khaldun ? Parce qu'Ibn Khaldun a vécu l'effondrement de ces sociétés, notamment en Andalousie, des sociétés issues d'une conquête, de peuples du désert, très aguerris, qui avaient conquis des sociétés, qui se sont aujourd'hui, on dirait un peu embourgeoisées, empâtées, et qui finalement, 3, 4, 5 générations après, n'étaient plus en mesure de se défendre, et qui veut la paix prépare la guerre, et comme ils n'étaient plus en mesure de se défendre, comme finalement, ils n'avaient plus le terme arabe, c'est d'asabiyya, de cohésion, de force de cohésion, mais en même temps de croyance très forte, qui les reliait entre eux, et qui leur permettait d'avoir une raison d'aller à la guerre ensemble, finalement, comme cet asabiyya c'était effondré, et bien ces empires se sont effondrés. Et voilà, c'est ce que rappelle Martinez-Gros dans ce texte, et ça me fait penser à cette expression qui est très à la mode, qui est le "Vivre ensemble", et je pense que ce texte de Gabriel Martinez-Gros, il traite de cette question, de l'expression du "Vivre ensemble", il dit "y a pas de vivre ensemble", en fait, il y a une société qui ne peut tenir, que si ceux qui habitent ensemble dans la cité ou dans la société donnée, sont capables de mourir côte à côte, pour un bien commun ensemble. Si ce bien communs disparait, ils ne sont pas capables de se défendre les uns à côté des autres, et bien la cité disparaît, et il n'y a pas de vivre ensemble, il y aura un mourir séparément.
Recommandé par : Guillaume Bigot
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