Poteaux d'angle Henri Michaux
S'est-il jamais senti de ce monde ? A-t-il jamais perçu une appartenance, une parenté, une filiation ? Henri Michaux semble être né par mégarde et l'existence lui fut souvent à charge. Entre lui et les choses, entre lui et les êtres : un abîme. Un abîme qui déborde d'un bric-à-brac de peurs, de sursauts, de cris, de hantises, de rires cruels, de scalps, d'insomnies.Henri Michaux est singulier parce qu'il est radicalement seul, abandonné, retranché, exclu. Abandonné volontaire, retranché volontaire, exclu volontaire. S'il ne fuit pas systématiquement les autres, s'il se trouve des compagnies, il a en lui ce surcroît de lucidité ou d'alarme qui maintient la distance, ce tranchant de l'intelligence qui coupe jusqu'à l'air du temps.Aussi, quand il aborde un genre littéraire a priori peu fait pour lui, celui très noble des "Pensées", il s'emploie à le détourner, le dévoyer, le mettre en péril et en perdition. Les Poteaux d'angle d'Henri Michaux apparaissent comme les plus égarants et les plus réjouissants poteaux indicateurs jamais offerts au balisage de la raison, de la conscience et de nos comportements grégaires. Ce sont des aphorismes pour vivre à l'écart, des préceptes pour ne pas se laisser faire, des réflexions à contre-norme, des conseils qui n'ont pas de conseils à vous donner.
Matthieu Pigasse : Un livre tout petit, un livre d’aphorisme, qui est pour moi extraordinaire et dans lequel il y a des phrases comme ça, incroyable : « Faute de soleil, sache murir dans la glace », qui est pour moi une philosophie de vie. « Que faire de la soif dans un pays sans eau ? De la fierté ». Michaux est un poète non pas français mais belge du XXe siècle, incroyablement méconnu, probablement un des plus grands poète de la langue française, magnifique, mais de combat, dur.
Ce livre est recommandé par : Matthieu Pigasse
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