Leur morale et la nôtre John Dewey, Léon Trotsky
Alors qu’il est en exil au Mexique, Trotski se trouve être un des principaux accusés in absentia des procès de Moscou, qui se succèdent entre 1936 et 1938 et qui aboutissent à la condamnation et à l’exécution par Staline de tous les anciens dirigeants bolchéviques. « La révolution est trahie », comme le dit le titre donné par Trotski à son livre de 1936. Il peut paraître étrange, aujourd’hui, que les procès de Moscou n’aient pas été accueillis, en particulier par les intellectuels de gauche du monde entier, comme une mascarade criminelle. C’était l’époque des fronts populaires contre le fascisme, et personne ne voulait mettre en cause Staline. Trotski aura donc beaucoup de mal a créer une commission d’enquête internationale. ; malgré les multiples pressions de son entourage, John Dewey acceptera de la présider. Il est alors considéré comme le plus grand philosophe américain (1859-1952), et un partisan acharné de la démocratie. En juin 1937, cette commission déclarera Trotski innocent des crimes dont Saline l’accuse. Mais la rencontre entre Trotski, l’un des marxistes les plus éminents de son temps, et Dewey aura eu une autre conséquence : un débat sur les questions de morale. Trotski écrit Leur Morale et la nôtre en réaction aux staliniens, qui ont laissé croire que, pour les marxistes, « tous les moyens sont bons ». Il montre que la fin et les moyens sont liés dialectiquement. Il demandera à Dewey de réagir sur cette question. La réponse de Dewey, dont ce livre propose la première traduction française, montre les convergences entre le pragmatisme et le marxisme. Mais elle met aussi le doigt sur le point faible de l’argumentation de Trotski, imputable, selon lui, aux sources hégéliennes du marxisme. Dewey a sans doute techniquement raison, mais il est étranger à la tragédie que vit Trotski. La révolution qu’il a dirigée a accouché d’un monstre… L’assassinat de Trotski, en août 1940, puis la Seconde Guerre mondiale vont faire oublier ce débat, qui pourrait bien être essentiel au moment où les historiens, ayant enfin accès aux archives russes, montrent que la grande terreur de 1937 a dépassé en horreur tout ce que Trotski pouvait alors imaginer.
David Guiraud : Il y a un truc qui m'avait marqué mais en fait je suis pas d'accord au final. C'était Leur morale et la nôtre de Trotsky. Mais je me rendais pas compte à l'époque, c'est un livre très dur, assez violent. En gros, c'est la fin justifie les moyens en politique, avec quoi je suis revenu dessus. Mais qui a une beauté aussi, parce qu'il venait de se faire assassiner son fils quand il écrit ça. Et c'est un livre qui m'a un peu marqué, quand même, sur à quel point il dévoile la violence de la morale de ceux qui sont face à nous. La limite de ce livre, c'est qu'il ne te donne pas une morale en retour.
Ce livre est recommandé par : David Guiraud
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