Les fantômes de Munich : L'Europe face aux défis du monde contemporain Isabelle Lasserre
En septembre 1938, à la conférence de Munich, la France et l'Angleterre sacrifiaient la Tchécoslovaquie, espérant apaiser Hitler en lui permettant d'annexer les Sudètes. « Vous aviez le choix entre le déshonneur et la guerre. Vous avez choisi le déshonneur et nous aurons la guerre », prédit Churchill. Au printemps 1939, l'Allemagne nazie envahissait l'intégralité de la Tchécoslovaquie et, en septembre, la France et l'Angleterre étaient emportées dans la Seconde Guerre mondiale. Depuis, le souvenir de Munich est une référence obligée dès que la lâcheté et l'aveuglement s'imposent dans les grandes crises internationales. Il flotte toujours sur le continent européen, surtout depuis les guerres menées par Vladimir Poutine contre l'Ukraine, et plus encore après les mots glaçants du vice-président américain prononcés en février 2025 dans cette même ville hantée par l'histoire, détruisant la relation transatlantique. Trop longtemps endormie à l'ombre du parapluie sécuritaire américain, persuadée que la démocratie était acquise à jamais, l'Europe sera-t-elle capable d'un sursaut suffisant pour défendre seule l'Ukraine en cas de retrait américain ? Sera-t-elle assez déterminée pour engager l'effort de réarmement militaire et moral indispensable si elle veut empêcher l'extension de l'impérialisme russe sur le continent et devenir un acteur stratégique face aux puissances autocrates qui se renforcent dans le monde ? Enquête.
Nicole Gnesotto : Je recommande le dernier livre d’Isabelle Lasserre, Les fantômes de Munich, sous-titré L’Europe face aux défis du monde contemporain, paru aux éditions de l’Observatoire. Isabelle Lasserre, journaliste au Figaro et ancienne correspondante à Moscou, est une observatrice de terrain, notamment en Ukraine. Son livre pose une question essentielle : les Occidentaux vont-ils une fois encore céder face à la Russie, en adoptant cette politique d’évitement et d’apaisement qui caractérise leur attitude depuis la Seconde Guerre mondiale, ou vont-ils enfin affronter la menace, non seulement contre l’Ukraine, mais contre nos démocraties elles-mêmes ? C’est un débat ouvert, mais la force de son ouvrage tient à la profondeur historique qu’elle apporte, retraçant nos relations avec la Russie depuis le XVIIIᵉ siècle et montrant, comme le disait Soljenitsyne, combien « l’esprit de Munich » — cette tentation du renoncement — reste vivace dans nos sociétés repues.
Ce livre est recommandé par : Nicole Gnesotto
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