Aller au contenu

Le père Jacques : Carme et éducateur - résistant et déporté Alexis Neviaski

« Au revoir, les enfants. » Ces paroles, immortalisées par le ­ film de Louis Malle, sont les dernières que le père Jacques, directeur du Petit Collège d'Avon, adressa à ses élèves. Arrêté par la Gestapo le 15 janvier 1944 pour actes de résistance, il est déporté à Mauthausen. « Juste parmi les Nations », son procès de béati­fication est en cours. Lucien Bunel entre au petit séminaire de Rouen à l'âge de douze ans. Ordonné prêtre en 1925, il intègre l'ordre des Carmes à Lille six ans plus tard, où il devient le père Jacques de Jésus. Épris d'absolu et de vérité, pédagogue et éducateur hors pair, il fonde et dirige à partir de 1934 le Petit Collège d'Avon, près de Fontainebleau. Pendant l'Occupation, membre d'un réseau de résistance, il cache de nombreux proscrits, dont des enfants juifs, avant d'être déporté au camp de Mauthausen, et de mourir d'épuisement peu de temps après sa libération. « L'enfant est devenu prêtre, le prêtre s'est fait carme et le carme s'est transformé en résistant. » En le suivant dans son milieu familial, puis au séminaire et dans ses premiers apostolats, de l'ambiance feutrée du couvent à l'horreur des prisons et des camps, Alexis Neviaski, avec beaucoup de finesse et de compréhension, fait revivre cette grande figure religieuse et de la Résistance. Le père Jacques est celui que le poète Jean Cayrol, l'un de ses compagnons d'infortune à Mauthausen, célébra par ces vers : « Père Jacques, tu es le feu qui va nous éclairer le visage encore obscur de Dieu. » Une leçon d'humanité, de courage et d'espoir.

Philippe Meyer : Au revoir les enfants. Si l'on a vu le film de Louis Malle qui porte ce titre, on n'a pas pu oublier les dernières paroles adressées aux élèves par le religieux de l'ordre des Carmes que la Gestapo est venue arrêter en même temps qu’elle s’emparait, pour les envoyer à la mort, des trois jeunes garçons juifs hébergés et cachés dans le collège qu’il a fondé et qu’il dirige. Dans la vraie vie, ce religieux, né Lucien Bunel dans une famille de prolétaires normands s'appelait le père Jacques de Jésus. En plus d'héberger des Juifs, et pas seulement ces trois garçons, il est de longue date engagé dans la résistance. Ses activités ont été dénoncées. Il est déporté au camp de représailles de Neue Bremm, puis à Mauthausen et à Gusen. Il mourra d’épuisement à la libération des camps. Dans un livre d’Alexis Neviaski, Le père Jacques ; carme, éducateur, résistant. Publié par Tallandier il y a déjà 10 ans mais qui est toujours disponible sur la toile, j'ai découvert un éducateur exceptionnel pour qui l’autorité ne se gagne que par la confiance et un déporté qui, jusqu’au sacrifice, ne se départit jamais du souci des autres. Son compagnon d’enfer, Jean Cayrol, poète, romancier, essayiste, auteur du commentaire du Nuit et Brouillard d’Alain Resnais, véritable Lazare revenu d’entre les morts, lui dédia un « Chant funèbre à la mémoire du Père Jacques » en ces termes : « Pour mon plus que frère, le R.P. Jacques du carmel d'Avon […], qui fit sourire le Christ dans le camp de Gusen, mort d'épuisement à Linz, le 2 juin 1945 ». Une vie qui secoue les lecteurs qui la découvrent.

Ce livre est recommandé par : Philippe Meyer

Ce livre est mentionné dans :

C’est Nicolas qui paie : l’amorce d’un conflit intergénérationnel - Le nouvel esprit public

S'abonner à la newsletter

Inscrivez-vous pour recevoir les derniers livres ajoutés sur le site une fois par semaine