Aller au contenu

L'obsolescence de l'homme Günther Anders

Tout le monde est d'une certaine manière occupé et employé comme travailleur à domicile. Un travailleur à domicile d'un genre pourtant très particulier. Car c'est en consommant la marchandise de masse - c'est-à-dire grâce à ses loisirs - qu'il accomplit sa tâche, qui consiste à se transformer lui-même en homme de masse. Alors que le travailleur à domicile classique fabriquait des produits pour s'assurer un minimum de biens de consommation et de loisirs, celui d'aujourd'hui consomme au cours de ses loisirs un maximum de produits pour, ce faisant, collaborer à la production des hommes de masse. Le processus tourne même résolument au paradoxe puisque le travailleur à domicile, au lieu d'être rémunéré pour sa collaboration, doit au contraire lui-même la payer, c'est-à-dire payer les moyens de production dont l'usage fait de lui un homme de masse (l'appareil et, le cas échéant, dans de nombreux pays, les émissions elles-mêmes). Il paie donc pour se vendre. Sa propre servitude, celle-là même qu'il contribue à produire, il doit l'acquérir en l'achetant puisqu'elle est, elle aussi, devenue une marchandise.

Eric Sadin : Un très grand livre, qui est relu aujourd'hui, qui a vu exactement ce que je viens de dire. L'ampleur de quantités de danger et dont il sentait, d'ailleurs des amis disaient, ça commence à le rendre fou, le fait qu'on ne se rendait pas compte de quantités de danger et on se rend compte aujourd'hui qu'on aurait bien fait de l'écouter à plus d'un titre. Donc l'obsolescence de l'homme qui date je crois de 1956. Lui c'est un frère, frère humain et frère qui m'inspire.

Ce livre est recommandé par : Eric Sadin

Ce livre est mentionné dans :

Éric Sadin : IA : le devenir légume de l’humanité ? - Thinkerview