Aller au contenu

Gouverner au centre : La politique que nous n'aimons pas Jean-Pierre Rioux

Au football, mettre la balle au centre permet de relancer l’action. En politique, c’est l’inverse : nous n’aimons pas centrer. En revanche, nous suivons sans broncher le une-deux entre la droite et la gauche, le débordement populiste par les ailes, les tirs directs du referendum et les coups de boule du coup d’État. Pourtant, il faut l’admettre : depuis 1789, on a joué au centre plus souvent qu’on croit et qu’on nous l’enseigne. De Mirabeau à Macron en passant par Ferry, Queuille, Barre ou Bayrou, cet essai visite le parent pauvre des discours et des études sur notre vie politique : la centralité, si souvent raillée par les prétendus esprits forts, mais toujours vivace dans une France contemporaine qu’on croit, à tort, si éternellement révolutionnaire et divisée qu’elle ne peut pas donner à la position médiane une légitimité populaire et une onction de souveraineté. Pendant plus de deux siècles, pourtant, des hommes ont joué à contre-pied de « la » droite comme de « la » gauche, du conservatisme étroit, du progressisme délirant ou de l’appel au peuple vengeur. Loin d’être des mollassons ou des vaincus d’avance, ils ont été des volontaires du bien commun et de l’intérêt général qui ont mouillé le maillot pour gouverner au mieux plutôt que d’imposer des solutions partisanes et bellicistes. Ils ont montré qu’en politique, le droit et la raison, l’équité et la solidarité ne sont pas toujours à la merci des idéologies casquées, du bloc contre bloc, des fronts vite disloqués, des majorités impotentes et des alternances sans projet. Voici leur histoire.

Jean-Louis Bourlanges : La passation de pouvoir entre Michel Barnier et François Bayrou a été décalée de quelques heures, pour permettre à M. Bayrou de se rendre aux obsèques de Jean-Pierre Rioux. Ce dernier était l’un des rares historiens à avoir écrit sur le centre, et j’avais beaucoup de respect pour lui. Je me suis donc replongé dans ce livre, avec ce très bon sous-titre, qui décrit si bien la relation des Français avec le centre : « la politique que nous n’aimons pas ». Ce que montre Rioux, à travers les biographies de douze personnalités centrales (et pas seulement centristes) dans l’Histoire du pays, de Mirabeau à Macron, c’est à quel point les figures centristes ont joué un rôle important. La douzième figure est donc Macron, la onzième c’est Bayrou, et le sous-titre est amusant : « Sans Elysée ». Au-delà de la galerie de portraits, Rioux rappelle trois choses fondamentales pour le centre : la volonté de réconcilier, la subsidiarité de l’Etat (qui ne doit étouffer ni les collectivités territoriales, ni interdire des choses à l’échelon européen), et le respect de l’Etat de droit et des procédures de démocratie représentative.

Ce livre est recommandé par : Jean-Louis Bourlanges

Ce livre est mentionné dans :

Le nouveau gouvernement et nos institutions - Syrie : une crise partout expliquée mais jamais prévue - Le nouvel esprit public