Au travail avec Duras, Robbe-Grillet, Rivette et quelques autres Luc Béraud
Après une enfance cinéphile à La Rochelle, Luc Béraud devient premier assistant réalisateur et connaît des débuts enthousiasmants à l’ORTF auprès de Janine Bazin et André S. Labarthe. Les tournages s’enchaînent, auprès de Marguerite Duras d’abord, dont le génie et l’ego s’amalgament dans ce lapidaire : « Pour le cinéma moderne, il y a Welles et moi. » Puis Robbe-Grillet lui confie la tâche de flamber une actrice nue sur un plat de tagliatelles. Vient ensuite la rencontre avec Jacques Rivette pour Céline et Julie vont en bateau. Un Rivette dont Béraud peine à comprendre la non-méthode de travail, avant de prendre conscience que ses improvisations permanentes permettent d’atteindre la magie. Évidemment, il n’oublie pas les autres, Leconte, Miller, Losey, Dubillard ou le légendaire Alain Cuny avec ses séances de travail en kimono pour la préparation de L’Annonce faite à Marie. Cette galerie de portraits cristallise une époque, celle des années 1970 et d’un cinéma audacieux proche de l’avant-garde. Dans cet ouvrage qui succède à deux opus mettant en lumière Jean Eustache puis Pierre Lhomme, Luc Béraud pose un regard aussi ému qu’amusé sur la fabrique du cinéma, ses situations souvent cocasses, tout en livrant un hommage sensible à ces héros du Septième Art que sont les réalisatrices et les réalisateurs.
Philippe Meyer : Je recommande également ce livre de Luc Béraud, un cinéaste qui écrit sur le cinéma avec une clarté et une pédagogie rares. Il ne cherche jamais à impressionner, mais à faire comprendre, sans jargon, ce qu’est concrètement le métier de cinéma. Dans ce livre, il revient sur sa longue période d’assistant, qu’il raconte chapitre par chapitre, aux côtés de réalisateurs aussi différents que Marguerite Duras, Alain Resnais, Éric Rohmer ou Jacques Rivette. Ce sont des mondes très éloignés de Netflix ou de Kathryn Bigelow, mais Luc Béraud parvient à rendre chaque expérience vivante et instructive. Même quand on est réservé devant certains noms — je pense à Marguerite Duras, à propos de laquelle Pierre Desproges disait qu’elle n’avait pas écrit que des conneries, elle en avait aussi filmé — on se surprend à lire avec un réel intérêt les pages que Béraud lui consacre.
Ce livre est recommandé par : Philippe Meyer
Ce livre est mentionné dans :
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