Il nous fallait des mythes Emmanuel de Waresquiel
« En écrivant le récit de son histoire, la Révolution n’a pas seulement donné du rêve aux Français, elle a cherché les fondements de sa légitimité dans la geste de ses origines. Elle a placé si haut ses idéaux qu’elle a senti le besoin de montrer toujours la “terre promise” à l’horizon de ses conquêtes. Par leur vertige même, la souveraineté du peuple, la proclamation de la république, la décapitation du roi ont été autant de raisons à l’exaltation des pouvoirs tout neufs d’un régime qui enterre mille ans de monarchie. Il fallait les rendre visibles. Il fallait des mythes. »
Emmanuel de Waresquiel se penche sur les mémoires et les héritages de la Révolution française. Il en explique les raisons, les continuités, les déformations jusqu’à nos jours, à travers deux siècles de notre histoire. Il a choisi quelques moments « fondateurs » de 1789 et de la Terreur. On a glorifié le serment du Jeu de paume alors qu’il avait été prêté sous l’emprise de la peur. On a fait de la prise de la Bastille la première grande victoire du peuple quand la Bastille s’est rendue aux insurgés, on a célébré Valmy et Valmy était à peine une bataille. On a chanté la liberté et la fraternité sur tous les tons et on les a un peu oubliées, on a sanctifié la guillotine avant d’en mesurer toute l’horreur. Que nous dit la Révolution d’elle et de nous-mêmes, dans l’épaisseur de ses mémoires ? Les événements, les lieux, les symboles qu’elle a retenus à la construction d’un monde nouveau, leur célébration – ou leur diabolisation – par les régimes qui ont suivi n’ont souvent pas grand-chose à voir avec la perception que les révolutionnaires en avaient sur le moment.
François Bujon de l'Estang : Je vous conseille la lecture dernier livre d’Emmanuel de Waresquiel, qui est une réflexion sur l’imaginaire politique en France tiré de la Révolution française. C’est extrêmement intéressant de partir de l’histoire brute pour voir ce qu’elle est devenue dans l’imaginaire : comment des faits se sont transformés en mythes. Comme toujours avec Waresquiel, l’ouvrage est très documenté, et écrit avec une très bonne plume et beaucoup d’alacrité. Il analyse plusieurs moments marquants : le Serment du Jeu de Paume, la prise de la Bastille, qui n’a jamais été prise, comme chacun sait, mais qui s’est rendue toute seule ; la victoire de Valmy, qui n’a même pas été une bataille et qui n’a fait que 45 morts par accident … Et tout ceci est très important, puisqu’il y a des échos dans la politique d’aujourd’hui.
Ce livre est recommandé par : François Bujon de l'Estang
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