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Fascination du djihad : Fureurs islamistes et défaite de la paix Gabriel Martinez-Gros

Nous protégeons les animaux, Daesh égorge des hommes. On pourrait penser que nous vivons sur des planètes différentes... Il n'en est rien. La violence de l'État Islamique se nourrit de notre désarmement, elle est l'envers des progrès pacifiants de la civilisation. Le djihadisme incarne la puissance d'une idéologie religieuse qui nous méprise et nous insulte. C'est là notre vraie blessure : l'histoire est peut-être en train de changer de camp, à notre détriment. Notre pacification sourcilleuse abandonne au djihadisme l'immense fascination de la violence collective.

Guillaume Bigot : Il a travaillé beaucoup sur les grandes invasions musulmanes et les invasions de la steppe. La fascination du djihad, c'est absolument fascinant. C'est un livre qui s'appuie beaucoup sur la pensée d'Ibn Khaldun, probablement le père de tous les sociologues, ce grand penseur du monde arabo-musulman, qui a à peu près l'âge de la Renaissance pour nous. Ce que raconte Ibn Khaldun, que reprend Martinez-Gros, c'est qu'une société ne peut fonctionner finalement que si elle a une cohésion, on revient à cette idée d'intérêt général, elle a une cohésion forte et elle est prête à défendre les armes à la main, cette cohésion, et elle est toujours consciente que l'inimitié, la guerre, peuvent être de retour. Et pourquoi il est fait référence à Ibn Khaldun ? Parce qu'Ibn Khaldun a vécu l'effondrement de ces sociétés, notamment en Andalousie, des sociétés issues d'une conquête, de peuples du désert, très aguerris, qui avaient conquis des sociétés, qui se sont aujourd'hui, on dirait un peu embourgeoisées, empâtées, et qui finalement, 3, 4, 5 générations après, n'étaient plus en mesure de se défendre, et qui veut la paix prépare la guerre, et comme ils n'étaient plus en mesure de se défendre, comme finalement, ils n'avaient plus le terme arabe, c'est d'asabiyya, de cohésion, de force de cohésion, mais en même temps de croyance très forte, qui les reliait entre eux, et qui leur permettait d'avoir une raison d'aller à la guerre ensemble, finalement, comme cet asabiyya c'était effondré, et bien ces empires se sont effondrés. Et voilà, c'est ce que rappelle Martinez-Gros dans ce texte, et ça me fait penser à cette expression qui est très à la mode, qui est le "Vivre ensemble", et je pense que ce texte de Gabriel Martinez-Gros, il traite de cette question, de l'expression du "Vivre ensemble", il dit "y a pas de vivre ensemble", en fait, il y a une société qui ne peut tenir, que si ceux qui habitent ensemble dans la cité ou dans la société donnée, sont capables de mourir côte à côte, pour un bien commun ensemble. Si ce bien communs disparait, ils ne sont pas capables de se défendre les uns à côté des autres, et bien la cité disparaît, et il n'y a pas de vivre ensemble, il y aura un mourir séparément.

Ce livre est recommandé par : Guillaume Bigot

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