Étouffer la révolte : La psychiatrie contre les Civils Rights, une histoire du contrôle social Jonathan M. Metzl
Alors que le mouvement des droits civiques commence à embraser l'Amérique des années 1950, les hôpitaux psychiatriques attestent d'une étrange évolution du diagnostic de la schizophrénie : jusque-là réservée aux intellectuels et aux femmes au foyer blanches, la maladie devient soudain l'apanage d'une nouvelle catégorie d'individus - majoritairement des hommes noirs et en colère. C'est en se plongeant dans les archives de l'hôpital d'État d'Ionia (Michigan) que le psychiatre Jonathan Metzl a fait cette découverte stupéfiante. D'inhibés qu'ils étaient, les "nouveaux" schizophrènes se voient qualifiés de belliqueux ou de paranoïaques et, parallèlement, sous la plume des grands psychiatres de l'époque, la schizophrénie devient une "psychose de révolte". Plus encore, l'abus diagnostique s'immisce dans le langage courant au point que même Martin Luther King ou Stokely Carmichael le reprendront à leur compte, faisant de la schizophrénie une image de l'identité afro-américaine scindée en deux par l'hégémonisme blanc. Dans cet ouvrage passionnant, J.Metzl met au jour un racisme institutionnel d'un genre nouveau : l'instrumentalisation de la psychiatrie à des fins de domination des populations. Un ouvrage plus que jamais nécessaire, à l'heure où l'urgence de déconstruire toute forme de racialisation apparaît de façon toujours plus éclatante.
Ce livre est recommandé par : Gaspard Glanz
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